Je réagis à la publication dans cette même page, en date du 24 juin 2012, sous le titre «Olivier Graïne répond en 8 points à Yasmina Khadra». Monsieur Yasmina Khadra bloque un artiste qu’il a lui-même qualifié d’«exceptionnel » et qu’il trouvait «triste et scandaleux» que lui-même ne connaissait pas un «tel talent», une «telle générosité» (tout est dans cette vidéo que j’ai moi-même montée) a failli à ses obligations de directeur d’une institution publique, en ne répondant pas aux requêtes du citoyen et artiste exceptionnel Graïne.
Le refus de son nouveau projet d’exposition dans le désert artistique algérien sonne comme une sentence, une censure ! Monsieur, vous avez privé le public d´un enchantement certain. La magie et l’envoûtement qu’a procurés la visite de son expo de 2008, de l’avis même de l’ensemble du personnel du CCA ; je les ai vus, les sourires plein les yeux, et les esprits perdus dans la contemplation de cette profusion de maîtrise, de beauté et de générosité. Oui monsieur Khadra, je vous ai écouté encenser le sculpteur Abdeslam Graïne, vous vous êtes étonné que des artistes tels que lui soient méconnus de leurs compatriotes et pas assez célébrés pour leurs talents. Mais pourquoi cette palinodie ? Que lui reprochez- vous ? (…)
Binour Athabou*
*Je suis un compagnon de lutte et mécène malgré mes modestes moyens du sculpteur Graïne (Abdeslam et Olivier de ses prénoms). J’atteste de sa probité pour avoir élaboré avec lui une alternative à la décente aux enfers de l´Ecole supérieure des Beaux- Arts d’Alger par l´initiation de journées d’études ayant réuni, en 1995, l’ensemble des écoles des Beaux-Arts du territoire national, dans le but de doter l’enseignement artistique de politiques culturelles à même de créer de vraies plateformes de l’épanouissement de l´art en Algérie et dans la région. L’assassinat d´Ahmed Asselah, notre directeur, et de son fils, notre condisciple et camarade Rabah, nous avait poussés à orienter notre lutte dans une stratégie de combat idéologique contre l´islamisme et la dictature. Nous avons alors ouvert les portes de notre école à toutes celles et ceux qui voulaient avec nous réfléchir à une alternative au régime antidémocratique et à l’islamisme. Nous avions coorganisé l’historique marche du 22 mars 1994 qui s´était ébranlée à partir de notre école des Beaux-Arts. Nous y avions reçu entre autres personnalités, le défunt El Hachemi Cherif, des représentants du FFS, du RCD, du PST… les organisations féministes, des artistes, des journalistes et «tout» ce que comptait Alger de progressistes. Il y avait Khalida Messaoudi qui, pour la première fois, mit les pieds dans une école d’art avant de se voir bombardée ministre de la Culture et nous tourner définitivement le dos pour faire face aux médiocres. Nous avions jeté toutes nos forces dans la création de la fondation Asselah, qui a vite fait de se transformer en tremplin à tous les intéressés qui en ont d´ailleurs bien profité et se la coulent douce aujourd´hui. Nous avions dénoncé ces vilaines pratiques avant de nous retirer du conseil d´administration et de nous taire (…).
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/07/03/article.php?sid=136245&cid=49
3 juillet 2012
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