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INTERVIEW DE NORDINE AIT HAMOUDA

16 juillet 2012

Entretien

Culture

Détails
Publié le Mardi, 13 Mars 2012 10:45
Écrit par Sofiane Ouchikhen
INTERVIEW DE NORDINE AIT HAMOUDA dans Entretien nordine_200_200

 

Il est un des rares enfants d’un héro national à avoir suivi le combat de son père. Emprisonné à plusieurs reprises pour ses engagements en faveur des luttes démocratiques, il ne cessera de fustiger les fossoyeurs du sacrifice des martyrs de la guerre de  libération. Lors du dernier congrès du RCD, il a fait une intervention sur les conséquences morales et politiques du détournement de l’histoire qui a bouleversé les participants. Lui aussi vient de demander à être déchargé de ses  responsabilités organiques. Entretien.

Vous venez de sortir d’un congrès qui fait débat dans le pays. Un commentaire.
Nous avons, je crois, fait le meilleur congrès du RCD de part sa portée éthique et politique dans une conjoncture marquée par le doute, la colère et le discrédit de l’Etat mais aussi par l’espoir suscité par les chutes des dictatures environnantes. Il faut aussi souligner une organisation remarquable malgré toutes sortes d’entraves. Songez que les techniciens sono ont été agressés à l’arme blanche en plein site la veille du congrès et qu’ils ont été délestés de leur matériel. Ce ne fut pas facile de rattraper la chose un vendredi matin. Mais outre l’organisation, il faudra regarder la qualité des propositions élaborées par le congrès sur la base des fondements du parti. La synthèse des propositions des pré-congrès a donné un projet de société qui est l’une des plus belles traductions de la plate-forme de la Soummam. C’est cela le plus important même si le retrait de Said Sadi a occupé les médias avec sa portée politique et pédagogique.

 
Justement, on a appris que vous-même, vous avez  tenu à ne pas figurer dans le nouveau secrétariat national. 
Même si c’est un acte personnel, la décision de Saïd Sadi participe de la conception de la vie politique d’une génération à laquelle j’appartiens. Il y a deux ans et demi de cela,  je déclarais sur berbère TV que la génération de 1980 a donné tout ce qu’elle pouvait offrir et que pour ne pas gâcher son combat, comme l’ont fait certains des anciens du mouvement national, il fallait laisser les nouvelles générations prendre leurs responsabilités. En ce qui me concerne, j’avais donc fait savoir que je ne postulais à rien d’autre que de continuer à apporter ma contribution individuelle sans être chargé d’une responsabilité quelconque dans le parti.
Comment allez-vous concrètement occuper votre temps maintenant après une vie dédiée H24 à la lutte ? 
Renoncer à la responsabilité dans un parti n’est pas une mort sociale ou politique. Il y a mille et une façons de continuer le combat dans la collectivité. Par exemple en témoignant pour éclairer les jeunes sur la réalité des faits politiques. On démasque les escrocs et on évite au pays des détournements de mémoire qui ont provoqué des reculs politiques terribles. J’ai tenu à communiquer sur ce sujet au congrès et, croyez moi, les participants alertés sur les conséquences des manipulations historiques ont été bouleversés. Nous avons le devoir de veiller à protéger une séquence capitale de notre histoire dont nous avons été les acteurs. Malheureusement, il y a sur cette période aussi des tentations d’instrumentalisation identiques à celles qui ont pourri la lecture de la guerre de libération.
Soyons clairs. Ce que pensent certains observateurs ou proches du RCD c’est que le retrait de votre génération risque de handicaper votre parti. La question du comment compenser ces absences est légitime… 
Il ne s’agit pas de compenser et il ne faut pas compenser. Les cadres du RCD prendront leur responsabilité selon leurs analyses et les données dont ils disposeront. Il ne s’agit pas de reproduire ou de mimer un combat mais de le faire aboutir en fonction des conjonctures qui  ne sont jamais les mêmes. Il y a dans le parti assez de cadres pour réfléchir et décider. Combien de fois des personnes, versant des larmes de crocodiles, ont annoncé la mort su RCD pour une raison ou une autre. Vous avez vu le résultat les 9 et 10 mars. Croyez-moi, vous serez bientôt impressionnés par la capacité des nouveaux cadres. Je connais Mohcine Belabbas, ses compétences pour  analyser une situation, organiser  les débats et mener les hommes. La commission textes présidée par Saheb Hakim a, j’insiste là-dessus, produit un remarquable document. Le travail fait par Rafik Hassani sur la scène internationale est considérable… L’essentiel, ce sont les principes et les valeurs qui fondent et guident un combat et là-dessus, le RCD  n’a jamais rien cédé. C’est cela qui fait la stabilité d’un parti, Le reste, tout le reste, doit évoluer avec la vie. Je ne suis peut-être pas le mieux placé pour le dire mais je rappelle qu’Amirouche est tombé au champ d’honneur à l’âge de 33 ans avec un bilan qu’il n’aurait jamais eu si les dirigeants de l’époque avaient pu continuer à exercer leur hégémonie sur le mouvement national.
La rotation des responsables est-elle une condition à l’efficacité politique dans un parti ?
Il faut faire la différence entre la responsabilité que l’on exerce quand on est dans l’opposition, sur le terrain et au quotidien et celle qui résulte de la confiscation de l’Etat pour écraser, voler et mentir. Dans un cas on consent un sacrifice permanent, dans un autre on capte un bénéfice indus. Vous avez vu tout le mal qu’a eu Said Sadi pour faire accepter sa décision de retrait. En revanche, vous pouvez imaginez la joie des Algériens si on leur annonçait le départ des dirigeants actuels. Le responsable qui va en prison, qui se fait matraquer dans la rue avec les manifestants, dont les enfants sont sanctionnés dans leurs études et leur travail à cause de l’engagement de leurs parents et qui brise  sa carrière pour libérer ses compatriotes n’a rien à voir avec celui qui vit en nabab dans les institutions abusant du pouvoir d’Etat et du trésor public. Il y a, je suis désolé de le dire, une grande responsabilité de la presse qui a, consciemment ou non, contribué à entretenir la confusion entre ces deux statuts qui sont en tous points opposés. Nous nous sommes retirés par ce que nous pensons que l’écho et le crédit de notre combat ne doit pas freiner l’émergence et l’expression de nouvelles générations. Les dirigeants du système, vivant de détournements de bien publics et de violations des lois, doivent partir par ce qu’ils ont déshonoré la nation.

Sofiane Ouchikhen

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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