
En 1982 la sélection algérienne dont partie issue de nationaux émigrés décisifs, participait à son premier Mondial remarquable, avec une entrée spectaculaire (par la victoire sur l’Allemagne) mais, en réalité, relative et suicidaire. Suicidaire ! Cette conséquence fatale a été le fait d’une opération de vampirisme engagée par un système politique prédateur, ombrageux de la liberté hors lui de toute chose publique et, en l’occurrence, les associations sportives populaires en activité. En procédant par la destruction de ce fondement édificateur de base composé jusque là, d’associations arrimées à l‘histoire sociale de la résistance nationale et à sa mémoire culturelle, (clubs libres de quartiers, villages ou villes, amateurs et militants, dénommés péjorativement et bizarrement «clubs civils » sans doute en opposition à « clubs de société caporalisée », quelle idée !).Anéantissement justifié par ailleurs par une prétendue révélation et consécration d’un élitisme sportif en réalité déjà disponible autrement, mais dès lors relooké dans le bricolage, à tout prix propagandiste , soutenu par un nouveau support(asp) mercantile et prodigue, financé généreusement et à fonds perdus par l’État et porté par les corporatismes latents, administratifs et médiatiques à l’affût de l’opportunité. Et qui allait en nourrir d’avantage, à l’indigestion ! La machination été un succès populiste incontestable ! Et en prime, d’un comique hilarant : les mécaniciens du ballon de Belcourt affrontaient les pétroliers d’Alger , les électriciens de la Qasba,, les associations nourricières gommées du terreau, le terreau livré à la friche . L’Algérie sportive de l’inspecteur Gadget en action. Sous vos applaudissements !…
Le scénario a été conçu et soutenu par un Ministère des Sports, jusqu’à vers 1975, inutile et moribond, à la recherche d’un éclat politicard national quelconque pour coller son wagon au train des privilègessupérieurs, nourrissant le gens, s’affichant « socialistes encartés » du sérail politique. La consécration en a été « la réforme socialiste et scientifique sportive de 1977». Le projet diabolique a également été porté à bras le corps par une brochette de jeunes recrues , écrivaillons minables , militants légers de tous les vents porteurs, plumitifs affectés par défaut (s) aux rubriques sportives de la presse , car jusque làpiteusement et à justement marginalisées .Sauf en ces titres officiels nationaux comme du samu à la ramasse des jeunes maraudeurs prétendument intellectuels à formater .
Vingt sept ans durant, et plus tard, le football, otage des uns et des autres combinards, a été différemment et définitivement instrumentalisé. Il s’est transformé en une mécanique chargée du remplissage populeuxdes stades algériens, de façon à donner le change à une absence totale, par ailleurs, d’activités vraiment et autrement culturelles et diversifiées, de masse. Par là même, sur les stades, offrir le libre cours aux défoulements populaires de tous ordres, latents. Cette organisation dirigée par une institution aux ordres, reste essentiellement aujourd’hui encore, en charge d’assurer le rite hebdomadaire de déversement d’un trop plein social, dans un cadre contrôlé, prétendu sportif et ludique. La locomotive organique s’en est très bien acquittée jusque là, et mérite d‘occuper sa place tout là haut, au sommet des institutions politiquesnationales, nettement au-dessus d‘un ministère des sports poussif, de façade. Bravo les artistes, un dribble double contact irrésistible, à cloche-pied s’il vous plaît ! A ce jeu de dupes, la presse sportive à l’affût, s’est révélée d’une efficacité redoutable. Elle a su à cet effet, porter le coup de grâce à l’existence du bénévolat indépendant et militant, l’esprit associatif populaire, l’amateurisme socle édificateur de tous les sports hautement performants, forcément, partout ailleurs dans le monde sauf en Algérie . Le terrain de l’enracinement populaire nettoyé depuis,partout l’argent marchand et le bisness se sont imposés comme préalables à la moindre des activités du football algérien. Cette même presse a concouru activement et de manière décisive, à l’élimination des entraîneurs expérimentés et compétents, à l’origine à partir de 1962 de la constitution du patrimoine de talents exploités bien après la réforme de 1977 ( les mondialistes de 1982, ne sont pas née en 1975 !!) . Pour les remplacer brutalement par des prétendus techniciens diplômes enfootball encyclopédique, parabolique et en verbiage parfaitement élaboré mais creux; dans la tradition de l’école soviétique surestimée et qui n‘avait jamais rien prouvé de pérenne. De la propagande et du taf pour les oisifs et bras cassés !
Drôle de référence et d’encadrement mais encore, du jour au lendemain, la formation interne des clubs, traditionnelle purement algérienne, a été sacrifiée au détriment de l’élite de l’heure compétitive par défaut, servie par une réglementation favorisant en permanence la surenchère de soldes dans un marché dépourvu de relève à demeure de talents, donc largement ouvert aux rafistolages et micmacs à l’ancienneté. La seule chose de professionnellement édifiée avec succès ! .Les entraîneurs new-look ont surfé, avec brio et réussite, sur le haut de la crête de l‘arrivisme. Une presse servile et agissante, a fermé les yeux d’année en année sur la descente aux enfers du niveau de pratique nationale, fourbissant des alibis bidons pour mieux maintenir à l’existence un sport moribond mais dès lors, fragile et facilement dépendant de l’incompétence fonctionnelle réputée inexistante. Tiens, à ce sujet, rien n’a été encore dit sur l’utilisation abusive, comme tremplins, des institutions nationales directes ou proches du football algérien, à des fins personnelles insidieuses de recrutement et promotion inespérés au sein des organismes continentaux et autres internationaux, juteux. Un dénombrement s’imposerait-il pour se rendre compte de l‘ampleur du phénomène qui mine, insidieusement et dangereusement, les institutions du sport algérien ? La tentation a engendré des luttes belliqueuses, des rivalités de chiffonniers peut être plus profondément et plus haut qu‘on ne l‘imagine. Qu’on se le dise, les dès sont pipés, le terrain miné !.
Pour en revenir à la sélection nationale actuelle, utilisée essentiellement à des fins extras sportives de faire valoir, c’est un bien mauvais impact qu elle engendre sur notre football et plus largement notre société .Elle a essentiellement démontré son inutilité sportive flagrante (joueurs du cru contestables et minoritaires, nos championnats inutiles ) .Puis faisant dans la publicité outrancière des individus, donc la diversion et la démagogie « people » , la sélection a été l’objet d’une large utilisation tendancieuse, déplorable et dégradante. Voilà que le football est venu au secours de tous les maux de la société : ennui, confinement de la femme ( youyouphilie stadière ), désintérêt populaire de la chose et vie publiques, absence de cultures diversifiées de masse, absence de loisirs juvéniles, le tout et le reste confortés par le suivisme primaire alimentaire et esprit moutonnier d’organes et grands titres de d’information.
La sélection nationale des dirigeants du moment, fragile, bâtie sur les constats de ruines du football algérien, prétend ne pas être concernée par ses résultats sportifs singuliers, négatifs qui lui incombent. Quel culot ! Ses défaites seraient imputables « à la magouille des institutions continentales, l’arbitrage litigieux, l’état défectueux du terrain, la fatigue, le chaud, le froid, l’humidité, le brio de l’adversaire, l’inexpérience des derniers titulaires, etc. » .Tous les alibis probablement employés depuis toujours, de la part des mauvais perdants ou ignares de tous bords. Fadaises qui curieusementn’affecteraient jamais, au cours d’une même rencontre, l’adversaire qui nous terrasse ! Il serait même désormais question de faire l’impasse sur tous les échecs de l‘heure, se projeter …en .2014-2020 pour prétendre juger d’un quelconque bilan partiel, Et vogue la galère……
Sous vos applaudissements, m’sieurs dames bien sûr, tous sexes confondus, pour faire plus de monde dans l’aveuglement collectif !
Indubitablement, les conséquences de l’organisation, de la pratique diverse et de la compétition officielle du football actuel sur la l’éducation de la jeunesse précisément sont, somme toute, mauvaises .Ouvertement, l’institution du football algérien s’affiche comme une forteresse en orbite lointaine, occupée et défendue par des intrus survenus de nulle part mais de partout, jamais irresponsables mais sûrement incapables , assiégée par d’autres inconnus de l’espèce,qui raseront demain gratis . Ce double barrage, appropriation indue et fuite à l’avant de non concernés, ignorants, désintéressés du phénomène spécifique algérien du football, n’autorise aucun accès au centre névralgique permettant d’engager le sauvetage du football . S’il en était encore. Sauf a y laisser des plumes et au moins, sa dignité.
Rien ni personne ne semble, aujourd’hui, en mesure d’affronter la douloureuse réalité d’un football algérien voué, pour le spectacle à la parodie sportive et, dans l’esprit des tireurs de ficelles, à la comédie dramatique populiste caractérisant jadis les jeux antiques et sinistres du cirque.
Mais encore , pour ajouter plus de réalisme de la cruauté , le football algérien ,confisqué, a tenu à organiser consciemment , dans un cadre élargi de festivités désormais rituelles , joyeusement , ses propresdéconvenues . Effectivement et, on aura chanté et dansé jusque dans le cercle pudique de famille, tard le soir et d’avantage, à l’occasion desdéfaites cuisantes de l’EN de football. !
Sous vos applaudissements, à votre guise m’sieurs dames de la tribune officielle .Vous nous avez pourri, à votre image, l’existence de notre sacré football algérien !
Farid Talbi
18 juillet 2012
Farid Talbi