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François Mitterrand, le déshonneur et l’imposture par Omar Merzoug*

19 juillet 2012

Omar Merzoug

François Mitterrand, le déshonneur et l'imposture par Omar Merzoug* dans Omar Merzoug mitterrand_4_2-243x300
Deux mots résument les rapports de François Mitterrand, ancien président de la République française (1981-1995), et des insurgés algériens en lutte pour l’émancipation de leur pays : déshonneur et imposture.« Il est vrai qu’un jour je l’ai traité d’assassin à propos de l’Algérie » déclare Michel Rocard, qui fut longtemps son adversaire politique avant d’être son Premier ministre. Une profonde hostilité à l’encontre des Algériens semble inspirer la pensée et l’action de François Mitterrand. Claude Cheysson, qui fut son ministre des Relations extérieures, en témoigne : «Mitterrand n’a aucune volonté d’ouverture vers l’Algérie. Il en a gros sur le cœur. Il ne leur pardonnera jamais d’avoir gagné la guerre…Comme il n’a jamais condamné la collaboration, il n’a jamais condamné l’OAS. Combien de fois m’a-t-il dit : ‘les Arabes, vous savez, la force, ils ne comprennent que ça’. Roland Dumas rappelle que Mitterrand était « entouré d’arabophobes ». Avec cet art de l’euphémisme que l’on sait cultiver dans la diplomatie, il ajoute que Mitterrand jugeait les Algériens « difficiles » et assurait« qu’on ne pouvait pas discuter avec eux ». La belle affaire ! Ce n’est assurément pas une raison pour conduire ou cautionner une politique qui tendait à les maintenir dans l’état de sous-hommes auquel les a condamnés le système colonial.

Au début des années 1950, François Mitterrand est déjà un familier des maroquins ministériels. En novembre 1954, il exerce les fonctions de ministre de l’intérieur dans le gouvernement Mendès France qui vient à peine de signer les Accords de Genève (juillet 1954) mettant fin à l’enlisement français en Indochine, après la débâcle de Dien Bien Phû. Quand éclatent les événements de la Toussaint Rouge, Mitterrand déclare aussitôt la guerre aux indépendantistes algériens. « L’action des fellaghas, dit-il, ne permet pas de concevoir, en quelque manière que ce soit, une négociation. «Elle ne peut trouver qu’une forme terminale : la guerre » tranche-t-il. Le ministre de l’intérieur feint de ne pas comprendre que c’est précisément l’échec du mouvement national algérien, l’impossibilité de faire évoluer le système colonial par la voie politique, qui a poussé les activistes algériens à l’action armée. Les partisans de François Mitterrand répliquent que n’importe qui, à la place qui fut la sienne, aurait tenu le même discours. Certes, on ne saurait attendre d’un ministre de l’intérieur qu’il tienne de doux propos christiques, mais un ministre de l’intérieur n’est pas nécessairement un va-t-en guerre : « On ne pouvait plus l’arrêter sur l’Algérie. C’était un foudre de guerre.         Et pourtant il savait bien qu’avec Mendès on tentait de prendre contact avec les nationalistes algériens…. Plusieurs fois, Pierre Mendès France l’a convoqué pour lui demander de modérer ses appréciations et ses déclarations publiques. Rien n’y faisait ». (Pierre Juillet, directeur adjoint du cabinet de Pierre Mendès France).

François Mitterrand a été mêlé aux heures les plus sombres de la IVe République. La torture et son institutionnalisation, la guillotine, les pouvoirs spéciaux. On y suit le processus qui conduit à la disparition de l’état de droit, à une hiérarchie couvrant les exactions des parachutistes et des autres militaires et à une justice aux ordres. Ils rappellent des faits incontestables qui, rassemblés, font système et accablent l’ancien président.    Dès le 3 novembre 1954, L’Humanité rapporte que «des tortures dignes de la Gestapo sont infligées à des Algériens détenus à Batna » : Lazhari Khaled et Beklouche Mostefa, militants du MTLD (le parti de Messali Hadj) ont été livrés aux tortionnaires qui leur font subir «la gégène et le supplice de l’eau». Alors que Pierre Mendès France, Daniel Meyer sont profondément émus devant les preuves des sévices endurés par les victimes que leur présente Gisèle Halimi, Mitterrand est le seul à s’écrier : « Vous ne croyez pas que vous exagérez un peu ? » Le garde des Sceaux était persuadé que le corps des avocats qui défendaient les militants était instrumentalisé par le FLN.

Me Renée Stibbe, qui rapporte des cas avérés de torture, se voit traiter de «menteuse» par François Mitterrand. Sous le gouvernement Mollet, François Mitterrand, étant ministre de l’intérieur, Claude Bourdet, ancien résistant déporté, Compagnon de la Libération, est arrêté et embastillé pour avoir publié, dans France-Observateur, un article intitulé« Votre Gestapo d’Algérie ».

De toutes les affaires noires dans lesquelles l’ancien garde des Sceaux est impliqué, (et Dieu sait s’il y en a!), L’affaire Yveton est celle où sa responsabilité est la plus dramatiquement engagée, celle qui pèsera le plus sur sa conscience. Militant du parti communiste, Fernand Yveton est arrêté le 14 novembre 1956, torturé, condamné à mort dix jours plus tard et exécuté le 11 février 1957 pour un attentat qui n’a pas eu lieu. La seule pièce conservée du dossier Yveton atteste que François Mitterrand a émis un avis défavorable à la grâce du seul européen exécuté pendant la guerre d’Algérie. « On se demande comment Mitterrand pouvait assumer ça » déclare son Franz-Olivier Giesbert, son premier biographe. « J’ai dû prononcer le nom deux ou trois fois devant lui et ça provoquait toujours un malaise terrible, qui se transformait en éructation » conclut-il.

C’est peu de dire que cette affaire dérangeait François Mitterrand. Il refuse un entretien à Jean-Luc Einaudi qui enquête sur l’affaire Yveton (Pour l’exemple, l’affaire Yveton, éditions L’harmattan, 1986). Quelque dix ans plus tard, interrogé, il délivrera de fausses informations et préférera se défausser sur René Coty en prétendant avoir eu à propos de « ce pauvre communiste » des « conflits très sévères avec Coty ». Nous savons aujourd’hui, par le témoignage de Jean-Claude Périer, membre du Conseil supérieur de la magistrature, que Mitterrand a voté la mort de Yveton. « Un homme qui n’avait pas fait couler une goutte de sang a été guillotiné par la justice de la République. Et François Mitterrand en avait décidé ainsi » (In Emmanuel Faux, Thomas Legrand, Gilles Perez, La main droite de Dieu, Seuil).

En signant les décrets nommés « pouvoirs spéciaux », François Mitterrand entérine la disparition complète de l’Etat de droit en Algérie. Les tribunaux militaires remplacent les juridictions civiles. Les perquisitions sont décrétées légales de jour et de nuit et, on fait l’économie désormais de la présentation des détenus à un avocat. C’est le règne de l’arbitraire, véritable « négation du droit de la défense » comme le disait Robert Schuman, ancien garde des Sceaux, qui ne pouvait conduire qu’aux crimes de guerre.

François Mitterrand sait pourtant que la police et l’armée française se comportent en Algérie comme la Gestapo dont elles utilisent les méthodes. Mitterrand n’ignorait pas que Moulay Merbah, secrétaire général du MTLD, arrêté le 1er novembre, n’a été présenté au juge que le 5 novembre, soit quatre jours après. Celui-ci a raconté à son avocate, Me Renée Stibbe les tortures subies, le supplice de la baignoire. C’est le corps supplicié, les plaies encore saignantes que Me Stibbe rencontre son client. Or que fait Mitterrand, sollicité par Me Renée Stibbe ? Il refuse purement et simplement de la recevoir.

C’est dans cette atmosphère délé-tère que l’armée française annonce l’arrestation de Larbi Ben M’Hidi, l’un des chefs du FLN. Larbi Ben M’Hidi, un combattant d’une grande noblesse d’âme et d’un courage à toute épreuve. Même ses adversaires en reconnaissent la valeur. « Le plus grand résistant, le plus passionné qui respirait la pureté » écrit le général Bigeard. Le général Allard en parle comme d’un « seigneur ». On envisage un moment de « retourner » Ben M’hidi mais, devant son refus, ses adversaires lui rendent les honneurs militaires avant de le confier, sur ordre du gouvernement, au commandant Aussaresses qui le « suicidera ». Bigeard révèle, dans un entretien, paru en 1984, longtemps après les événements, alors qu’il n’y a plus d’intérêt à camoufler la vérité, qu’« il s’est trouvé contraint, sur ordre de Paris, de livrer Larbi Ben M’Hidi vivant aux services spéciaux » et Aussaresses ajoute que François Mitterrand, ministre de la Justice et garde des Sceaux, « n’ignorait rien de l’affaire Ben M’Hidi ». Selon les nationalistes algériens et certains témoins de l’époque, l’ « ordre de Paris » dont parle Bigeard a été donné par François Mitterrand qui exerçait dans cette brève période, outre ses fonctions de ministre de la Justice, celle de président du conseil par intérim, en l’absence de Guy Mollet, parti à la tête d’une importante délégation défendre le point de vue du gouvernement français devant les instances de l’ONU.

Sur ces entrefaites, Robert Lacoste, ministre résident, se rend à Paris pour rencontrer François Mitterrand, garde des Sceaux et président du Conseil par intérim. Au cours de leurs entretiens, ils évoquent la question des prisonniers et notamment celle du plus célèbre d’entre eux, Ben M’Hidi, comme le confirme le cabinet du ministre résident. Quelques jours plus tard, Bigeard reçoit l’ordre de le livrer aux services de Aussaresses. Pour les nationalistes algériens, livrer Ben M’Hidi à Aussaresses, c’était signer son arrêt de mort et, sous la IVe République, cet ordre ne peut venir que du sommet de l’Etat. Autrement dit, la présidence du conseil ou la présidence du conseil par intérim.

En réalité, François Mitterrand a toujours été un partisan résolu de l’occupation française de l’Afrique du Nord. Il le dit lui-même dans L’Express du 5 septembre 1953, soit près d’un an avant le déclenchement de l’insurrection algérienne : « Pour moi, le maintien de la présence française en Afrique du Nord, de Bizerte à Casablanca, est le premier impératif de toute politique nationale. Rien n’est plus important ». En octobre 1953, dans une déclaration diffusée par l’AFP, Mitterrand s’élève contre l’idée d’indépendance : « Séparer Alger, Dakar, Brazzaville et Paris serait un attentat contre la France ». Enfin, en 1958, il n’a pas changé d’avis : « L’abandon de l’Algérie serait un crime ». Face à cet impératif, les vies humaines d’Algériens, de Maghrébins ou d’Africains, considérés de toute façon à l’époque comme une sous-humanité, ne valent rien.

François Mitterrand prétend, pour sa défense, qu’il a sans cesse ferraillé contre les « ultras » du cabinet Mollet, c’est-à-dire Max Lejeune et Lacoste, se présentant ainsi comme un libéral. « François Mitterrand n’a pas su marquer ses distances avec son environnement d’alors ni su imaginer de nouveaux mots d’ordre politique. Résigné à la guerre, il s’est laissé porter par elle. Sans entrain, avec mauvaise grâce même, mais consciemment » souligne l’un de ses biographes. Manière élégante de dire qu’il s’est montré solidaire des éléments les plus bellicistes du cabinet Mollet. Si vraiment, il était choqué par une guerre implacable menée contre tout un peuple par une armée puissante et résolue, il aurait pu, comme Pierre Mendès France, démissionner. Mais il lui a manqué pour cela le courage de la vérité et le sens de l’honneur.

Les proches, les amis et les thuriféraires de l’ancien président de la République expliquent, justifient par le climat de l’époque et par sa propre ambition les positions de futur président de la République. Roland Dumas raconte que Mitterrand désirait passionnémentêtre nommé président du conseil. Ce fait ajouté à l’ «impréparation de l’opinion » suffirait à expliquer son implication dans une politique du «tout répressif». Mitterrand serait une « belle âme » qu’une ambition démesurée aurait perdue. On ne s’arrêtera pas sur ce que cet argument offre de dérisoire. Une ambition politique valait-elle que soient sacrifiées des milliers de vies humaines, que soient torturés des milliers de résistants, européens et musulmans confondus, que soient abolis les formes juridiques de l’Etat de droit et que prospère une justice d’exception ? Quant au « climat de l’époque », il a pour ainsi dire « bon dos», car il s’est toujours trouvé des individus capables de s’insurger contre les modes, les idéologies régnantes et l’opinion dominante. François Mitterrand en est lui-même la preuve : quand il s’est agi d’abolir la peine de mort, en 1981, une majorité de Français y étaient favorables. En faisant état publiquement de son hostilité à la peine de mort, le candidat socialiste a bravé une opinion hostile à l’abolition quelques jours seulement avant sa première élection à la présidence de la République. Au reste, l’action de François Mitterrand n’a-t-elle pas contribué à creuser le fossé entre les Français musulmans et les Français de souche européenne, à rendre la guerre civile chaque jour plus inexpiable ? Beau résultat pour un homme qui se targuait de tout mettre en oeuvre pour en finir avec «les guerres civiles permanentes» entre Français.

En 1972, François Mitterrand déclarait « Quand De Gaulle est arrivé au pouvoir grâce aux colonels d’Algérie, moi j’avais pris depuis longtemps position pour la décolonisation ». En 1977, dans son livre « Politique 2 » il récidivait : « en 1954, j’appartenais à un petit groupe qui se trouvait à l’extrême pointe de l’expression politique en matière de décolonisation », comment peut-il alors avouer à Roland Dumas (qui le rapporte dans ses mémoires Coups et blessures, 50 ans de secrets partagés avec François Mitterrand ») que sa « seule faute politique a été l’Algérie » ? Les faits parlent d’eux-mêmes : de février 1956 à mai 1957, exerçant les fonctions de garde des Sceaux, François Mitterrand a envoyé 45 nationalistes algériens à la guillotine

Il a fallu attendre la parution de l’ouvrage de Benjamin Stora et de François Malye, « François Mitterrand et la guerre d’Algérie » (Calmann-Lévy éditeur), pour un examen minutieux du sujet. Mais s’il est définitivement acquis que l’indignité et l’imposture marquent l’attitude de François Mitterrand à l’endroit de la question algérienne, les auteurs ne vont pas jusqu’au bout de leur logique et ils cherchent, de temps à autre, des circonstances atténuantes à l’action de François Mitterrand.

Cela n’enlève rien à la valeur de cet ouvrage, ô combien nécessaire, qui dresse un constat froid des situations et des événements. Ne recherchant aucune polémique, il vise à combler un vide mémoriel. Ecrit dans un style serein, regorgeant de chiffres et de faits, cette enquête est, en réalité, un terrible réquisitoire contre la politique que François Mitterrand a menée et dont il a été solidaire dans les années 1954-1957. En 1994, dans « Une Jeunesse française » (Fayard), Pierre Péan s’était penché sur l’engagement pétainiste de l’ancien président de la République.

En provoquant un émoi considérable dans l’opinion française, ce livre avait contraint François Mitterrand à venir se justifier devant les téléspectateurs. On s’attend à ce que l’ouvrage de François Malye et Benjamin Stora en suscite un peu moins, à cause notamment de la chape de plomb qui, en France, s’est abattue sur la guerre d’Algérie. En somme, De Vichy à l’Algérie, une même logique est à l’oeuvre dans le parcours de l’ancien garde des Sceaux : telle est la leçon qu’on retire de la confrontation de cet ouvrage à bien des égards salutaire, avec d’autres travaux consacrés à sa période pétainiste.

*Docteur en philosophie (Sorbonne Paris-IV) Journaliste et écrivain

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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14 Réponses à “François Mitterrand, le déshonneur et l’imposture par Omar Merzoug*”

  1. Artisans de l'ombre Dit :

    François Mitterrand, né le 26 octobre 1916 à Jarnac en Charente et mort le 8 janvier 1996 à Paris, est un homme d’État français.
    Agent contractuel sous le Régime de Vichy, puis résistant, il est onze fois ministre sous la IVe République. Il est député de la Nièvre, ministre des Anciens combattants et des Victimes de guerre, ministre de la France d’Outre-mer, ministre d’État, délégué au Conseil de l’Europe, ministre de l’Intérieur, garde des Sceaux, ministre de la Justice et sénateur de la Nièvre entre 1946 et 1981.
    Opposé au retour du général de Gaulle, il affronte celui-ci au second tour de l’élection présidentielle de 1965, qu’il perd. Il devient premier secrétaire du jeune Parti socialiste en 1971. Candidat de l’Union de la gauche à la présidentielle de 1974, il est battu par Valéry Giscard d’Estaing.
    Candidat du Parti socialiste à l’élection présidentielle de 1981, il est élu 21e président de la République française face à Valéry Giscard d’Estaing, le 10 mai 1981 avec 51,76 % des suffrages exprimés. Il est le premier socialiste à occuper la présidence de la République sous la Ve République, du 21 mai 1981 au 17 mai 1995.
    Il fait voter plusieurs lois sociales, mais décide le « tournant de la rigueur » devant la menace qui pèse sur le franc. Contraint de nommer Jacques Chirac Premier ministre après la défaite de la gauche aux élections législatives, en 1986, il est néanmoins réélu deux ans plus tard. Son second septennat est notamment marqué par la première nomination d’une femme, Édith Cresson, au poste de Premier ministre, la deuxième cohabitation avec Édouard Balladur, et des révélations sur son passé et son mauvais état de santé.
    Il détient le record de longévité (deux septennats) à la présidence de la République française.

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  2. Artisans de l'ombre Dit :

    Enfance et études
    François Maurice Adrien Marie Mitterrand est né dans la ville charentaise de Jarnac, au sein d’une famille bourgeoise catholique et conservatrice. Son grand-père paternel était chef de gare à Jarnac, fils d’un éclusier du Canal de Berry (à Audes dans le département de l’Allier), et un catholique pratiquant. Sa grand-mère paternelle était limousine, d’une famille de petits fonctionnaires originaires de Séreilhac près de Limoges. Son père Joseph, né à Limoges, était ingénieur de la Compagnie du Chemin de fer de Paris à Orléans, puis devint industriel vinaigrier et président de la fédération des syndicats de fabricants de vinaigre. Sa mère, Yvonne Lorrain, issue d’une famille de tradition républicaine, était la fille de Jules Lorrain, un négociant en vins et eaux de vie et un conseiller municipal de Jarnac (et neveu par alliance du ministre Léon Faucher). François a trois frères : Robert (1915-2002), polytechnicien ; Jacques (1918-2009), général d’armée aérienne ; Philippe, (1921-1992), exploitant agricole et ancien maire de Saint-Simon en Charente, et quatre sœurs : Antoinette, épouse Ivaldi ; Marie-Josèphe ; Colette, épouse du capitaine Landry ; et Geneviève (1919-2006), épouse Delachenal.
    François grandit dans une famille fortunée, ayant l’électricité dès 1922. Il fréquente l’école privée Sainte-Marie de Jarnac avec son frère Robert jusqu’en 1925. Cette année-là, François entre au collège Saint-Paul d’Angoulême pour entamer des études secondaires. Il se révèle excellent en histoire, en géographie, en latin et en instruction religieuse, et prend goût pour la littérature. Il devient membre de la JEC, structure étudiante de l’Action catholique. En 1933, un discours lui vaut de remporter le Championnat de l’Éloquence.
    Il obtient son baccalauréat en 1934 et décide de s’inscrire aux Facultés des lettres et de droit de Paris. À son arrivée dans la capitale, il s’installe au 104 rue de Vaugirard, où se trouve un foyer de pères maristes. Parallèlement, il entre à l’École libre des sciences politiques, de laquelle il sort diplômé en juin 1937. La même année, il obtient un diplôme d’études supérieures de droit public, suite à l’obtention d’une licence ès lettres l’année précédente2.
    À partir de novembre 1934, François Mitterrand milite pendant environ un an aux Volontaires nationaux, mouvement de jeunesse de la droite nationaliste des Croix-de-feu du Colonel de La Rocque3. Il participe aux manifestations contre « l’invasion métèque » en février 1935 puis à celles contre le professeur de droit Gaston Jèze, après la nomination de ce dernier comme conseiller juridique du Négus d’Éthiopie, en janvier 19364. Il cultive par la suite des relations d’amitiés ou de famille avec des membres de La Cagoule5. Il est un temps critique littéraire et écrit sur la société contemporaine et la politique dans la Revue Montalembert et dans le quotidien L’Écho de Paris d’Henry de Kérillis, proche du Parti social français. Il y écrit notamment un article regrettant que le quartier latin se soit laissé envahir par le « dehors ». « Désormais, le quartier Latin est ce complexe de couleurs et de sons si désaccordés qu’on a l’impression de retrouver cette tour de Babel à laquelle nous ne voulions pas croire6. » Il publie également le 18 mars 1936, un compte-rendu de la conférence donnée par Marcel Griaule sur l’Éthiopie, concluant notamment qu’« Il est toujours utile de connaître l’histoire de peuples si particuliers, et, en même temps, si pareils aux autres, car, au fond, ce n’est pas la couleur de la peau ou la forme des cheveux qui ont donné quelque valeur aux âmes7. ». Il se serait aussi inquiété de l’expansionnisme nazi lors de l’Anschluss dans l’un de ses articles8. En 1937, il obtient son diplôme de l’École libre des sciences politiques9 et s’inscrit pour le Service militaire dans l’infanterie coloniale. Il y rencontre son grand ami, Georges Dayan (juif et socialiste) après l’avoir sauvé d’agressions d’antisémites de l’Action française et devient son meilleur ami10. En septembre, il est incorporé pour son service militaire dans le 23e régiment d’infanterie coloniale.
    En septembre 1939, lors de l’engagement de la France dans la Seconde Guerre mondiale et terminant ses études d’avocat à Paris, il est envoyé sur la ligne Maginot avec le grade de sergent chef, à proximité de Montmédy au 23e régiment d’infanterie coloniale 7e compagnie du capitaine Xavier Louis. En mai 1940, quelques jours avant l’invasion allemande, il se fiance avec Marie-Louise Terrasse (future Catherine Langeais, elle rompra en janvier 1942).

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  3. Artisans de l'ombre Dit :

    Famille
    Pendant la Seconde Guerre mondiale, François Mitterrand rencontre une jeune résistante bourguignonne, Danielle Gouze. Il l’épouse le 28 octobre 1944. Avec elle, (présidente, de 1986 à 2011, de la fondation France Libertés fondée en 1986), il aura trois fils :
    Pascal, né le 10 juillet 1945, décédé à 2 mois et demi en septembre 1945 ;
    Jean-Christophe, né le 19 décembre 1946, ancien conseiller aux affaires africaines du président ;
    Gilbert, né le 4 février 1949, maire de Libourne (Gironde) de 1989 à 2011 et député de la Gironde de 1981 à 1993 puis de 1997 à 2002.
    D’une relation extra-conjugale avec Anne Pingeot, conservatrice de musée, François Mitterrand a eu une fille : Mazarine Pingeot, née le 18 décembre 1974, à Avignon, agrégée de philosophie, enseignante, écrivain et chroniqueuse de télévision.
    François Mitterrand a eu en outre sept neveux, dont un des fils de Robert Mitterrand, Frédéric Mitterrand né le 21 août 1947, écrivain, réalisateur et présentateur de télévision, directeur de la Villa Medicis entre 2008 et 2009 puis ministre de la Culture et de la Communication entre le 23 juin 2009 et le 16 mai 2012.

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  4. Artisans de l'ombre Dit :

    Régime de Vichy et Résistance

    Articles détaillés : François Mitterrand et la Seconde Guerre mondiale et François Mitterrand et l’extrême droite.
    À la suite de la déclaration de guerre du 3 septembre 1939, François Mitterrand est mobilisé sur la ligne Maginot17. Le 14 juin 1940, le sergent Mitterrand est blessé à l’omoplate droite, et, après des soins rudimentaires, qui lui évitent de perdre un bras, il est fait prisonnier par les Allemands le 18 juin.
    Après dix-huit mois dans les stalags IX A de Ziegenhain-Trutzhain et IX C de Schaala et deux tentatives infructueuses, il s’évade en décembre et rentre en France18.
    En janvier 1942, bien que recherché par les Allemands en tant qu’évadé, après un séjour chez les Levy-Despas à Saint-Tropez, il travaille à la Légion française des combattants et des volontaires de la révolution nationale en tant que contractuel du gouvernement de Vichy puis, à partir de juin, au Commissariat au reclassement des prisonniers de guerre, où il est chargé des relations avec la presse et où il favorisera la fourniture de faux-papiers pour aider les évasions19.
    En juin 1942, il participe à des réunions au château de Montmaur, où sont jetées les premières bases de son réseau de Résistance20.
    Le 15 octobre 1942, Mitterrand est reçu par le maréchal Pétain avec plusieurs responsables du Comité d’entraide aux prisonniers rapatriés de l’Allier.
    En janvier 1943, Mitterrand démissionne du Commissariat, suite au remplacement du vichysto-résistant Maurice Pinot par André Masson, un partisan de la collaboration. Il conserve cependant un poste à la tête des centres d’entraides.
    En février 1943, puis plus tard au printemps, il se rapproche de la puissante Organisation de résistance de l’armée (ORA), en cours de formation. Il commence à prendre Morland comme pseudonyme (il utilisera aussi les noms de code Purgon, Monnier, Laroche, capitaine François, Arnaud et Albre) et cofonde le Rassemblement national des prisonniers de guerre avec Maurice Pinot financé par l’ORA.
    Plusieurs membres du réseau Mitterrand-Pinot sont, en pratique, membres de l’ORA. François Mitterrand lui-même est considéré par le service Action de l’organisation comme un de ses membres. Plusieurs actions sont décidées en commun entre des dirigeants de l’ORA et des dirigeants du RNPG et exécutées par des militants des deux mouvements21.
    En mars 1943, Mitterrand rencontre Henri Frenay et le convainc aisément de travailler avec lui. Grâce à Frenay, la Résistance intérieure soutient François Mitterrand contre Michel Cailliau22. Cependant, la date du 28 mai 1943, lors de sa rencontre avec le gaulliste Philippe Dechartre a été considérée comme la date de sa rupture définitive avec ses anciens protecteurs de Vichy[réf. nécessaire].
    Au printemps 1943, parrainé par deux membres de La Cagoule (Gabriel Jeantet, membre du cabinet du maréchal Pétain, et Simon Arbelloti), il est décoré de l’ordre de la Francisque23,24.
    Selon Jean Pierre-Bloch, chef de la section non militaire du Bureau central de renseignements et d’action à l’époque, « c’était sur notre ordre que François Mitterrand était resté dans les services de prisonniers de Vichy. Lorsqu’il a été proposé pour la francisque, nous avons parfaitement été tenus au courant ; nous lui avions conseillé d’accepter cette “distinction” pour ne pas se dévoiler. »25 (no 2202).
    L’activité du RNPG se déplace, au cours de l’année 1943, de la fourniture de faux papiers vers la fourniture de renseignements à la France libre. Selon Pierre de Bénouville, « François Mitterrand avait réussi à mettre sur pied un véritable réseau de renseignement dans les camps. Grâce aux prisonniers de guerre, nous avons pu prendre connaissances d’informations, parfois décisives, sur ce qui se passait derrière les frontières. » Philippe Dechartre a aussi confirmé l’importance du RNPG comme réseau de renseignement26.
    Le 10 juillet 1943, François Mitterrand et le militant communiste Piatzook sont les auteurs d’un coup d’éclat lors d’une grande réunion publique à Paris, salle Wagram, consacrée à la « relève » des prisonniers par les ouvriers. Au moment où André Masson flétrit la « trahison des gaullistes », François Mitterrand l’interpelle de la salle et lui dénie le droit de parler au nom des prisonniers de guerre, qualifiant la relève d’escroquerie. François Mitterrand n’est pas arrêté, sa fuite ayant été facilitée par Piatzook27.
    C’est à partir de la fin de l’été ou à l’automne 1943[réf. nécessaire] que François Mitterrand passe à la clandestinité, traqué par la Gestapo, le Sicherheitsdienst et la Milice.
    Le Sicherheitsdienst (SD) perquisitionne à son domicile, en son absence. Deux de ses amis sont arrêtés, déportés ; l’un ne revient pas du camp de concentration. Peu après, il est sauvé par la femme du colonel Pfister, dirigeant de l’Organisation de résistance de l’armée, d’une arrestation par la Gestapo. Il est établi que René Bousquet, Secrétaire général de la Police, sentant le vent tourner, a fait prévenir Mitterrand, par l’intermédiaire de l’un de ses collaborateurs, Jean-Paul Martin, des risques d’arrestation qui pesaient sur lui.
    En novembre 1943, il se rend à Londres, puis à Alger, où il rencontre le général de Gaulle, le général Giraud et Pierre Mendès France. La rencontre fut âpre, De Gaulle demande à ce que les organisations de prisonniers fusionnent sous l’égide de M.R.P.G.D., seule condition pour recevoir matériel et argent. Mais Mitterrand refuse la tutelle du mouvement de Michel Cailliau. Finalement, de Gaulle accepte les conditions de François Mitterrand. Le 18 mars 1944, Henri Frenay écrit à Michel Cailliau qu’il se « porte personnellement garant » de François Mitterrand, et que le général de Gaulle partage son point de vue.
    À partir de février 1944, François Mitterrand dirige, en France, le Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés, qui unifie tous les réseaux de résistance de prisonniers de guerre.
    En août 1944, Mitterrand participe à la libération de Paris, où il s’empare du siège du Commissariat général aux prisonniers de guerre. Il est nommé secrétaire général des prisonniers et des victimes de guerre[réf. nécessaire]. Puis, en octobre 1944, après avoir épousé Danielle Gouze, il monte avec Jacques Foccart l’opération Viacarage, dont l’objectif est la libération des camps de prisonniers et de concentration28[réf. souhaitée].
    Enfin, en avril 1945, François Mitterrand accompagne le général Lewis comme représentant de la France pour la libération des camps de Kaufering et de Dachau, à la demande du général de Gaulle. C’est là, en compagnie de Pierre Bugeaud, qu’il découvre, « par un hasard providentiel »29, Robert Antelme, mari de son amie Marguerite Duras, à l’agonie, atteint du typhus. Les mesures sanitaires interdisant de l’évacuer, il organise l’évasion de cet ancien membre de son réseau. Rétabli, celui-ci sera l’auteur d’un livre important sur la déportation : L’Espèce humaine30.

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  5. Artisans de l'ombre Dit :

    Carrière politique

    Gouvernement provisoire et Quatrième République
    Ascension, glissement vers la gauche et libéralisme colonial (1944-1954)[modifier]
    Peu après, François Mitterrand participe au gouvernement des secrétaires généraux voulu par le général de Gaulle avant l’installation du gouvernement provisoire à Paris.
    Invité à « plancher » devant l’atelier « L’Abbé Grégoire », affilié à la loge maçonnique Grande Loge de France (GLF), il est expulsé manu militari à la demande de Jean Pierre-Bloch qui ne peut tolérer la présence d’une personne décorée de la Francisque dans une loge31, alors qu’il lui aurait demandé d’accepter cette distinction32.
    Le 28 octobre 1944, il épouse Danielle Gouze à la mairie, puis à l’église Saint-Séverin à Paris.
    En 1945, François Mitterrand et André Bettencourt apportent un témoignage en faveur du fondateur du groupe L’Oréal, mais aussi collaborateur et ancien financier de la Cagoule, Eugène Schueller33. François Mitterrand est alors (brièvement) engagé comme président-directeur général des Éditions du Rond-Point (et directeur du magazine Votre Beauté) appartenant au groupe fondé par Schueller34.
    En février 1946, François Mitterrand adhère à l’Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR), qu’il préside ensuite de 1953 à 1965 et qui lui offre un premier laboratoire politique35.
    Candidat aux élections de la seconde Assemblée constituante, le 6 juin 1946, dans la 5e circonscription de la Seine, il ne recueille que 6 % des voix. Par la suite, François Mitterrand hésite entre s’implanter politiquement dans la Vienne ou dans la Nièvre36. Eugène Schueller le convainc alors de se présenter dans la Nièvre. Avec l’aide du clergé et des notables nivernais, François Mitterrand est élu, le 10 novembre 1946, député de la Nièvre, à la tête d’une liste « Unité et action républicaine », au programme anticommuniste. François Mitterrand abandonne alors ses fonctions aux éditions du Rond-point.
    En 1947 François Mitterrand devient l’un des plus jeunes ministres de France37 avec le portefeuille des Anciens Combattants dans le gouvernement du socialiste Paul Ramadier. Dans les années qui suivent, il détient plusieurs portefeuilles ministériels, dont ceux de l’Information, de la France d’outre-mer, et le ministère délégué au Conseil de l’Europe.
    En mai 1948, parmi 800 délégués (dont Konrad Adenauer, Léon Blum, Winston Churchill, Harold Macmillan, Paul-Henri Spaak et Altiero Spinelli), il participe au Congrès de la Haye, à l’origine du Mouvement européen, auquel il adhère38.
    En 1949, il est élu conseiller général de la Nièvre dans le canton de Montsauche-les-Settons. Il est réélu en 1955, 1961, 1967, 1973 et 1979.
    En 1950, René Pleven le nomme ministre de l’outre-mer. Il est partisan de l’instauration d’une union franco-africaine où les territoires d’outre-mer jouiraient d’une autonomie négociée et librement consentie et s’efforce d’améliorer le sort des Africains, encore soumis à un régime très dur. Il est alors traité de « bradeur d’empire » : il s’attire dès cette époque une vive hostilité de la part des colons et du RPF, le parti gaulliste de l’époque, qui s’exprime notamment par la voix de Jacques Foccart, Édouard Frédéric-Dupont et Maurice Bayrou39. Il participe aux négociations entamées par René Pleven pour légaliser le Rassemblement démocratique africain et apparenter les députés de ce parti à l’UDSR. Afin de consolider cette politique libérale, François Mitterrand relève le gouverneur Laurent Péchoux, qui avait été nommé par son prédécesseur Paul Coste-Floret pour démanteler le RDA. François Mitterrand s’aliène alors le MRP40.
    En août 1951, le Mouvement républicain populaire obtient de René Pleven que François Mitterrand quitte le ministère de l’Outre-Mer. Ne faisant plus partie du gouvernement, François Mitterrand, réélu à l’Assemblée le 17 juin 1951, devient président du groupe parlementaire et renforce son influence sur l’UDSR, et obtient l’élection, au poste de secrétaire général, d’un de ses partisans, Joseph Perrin. Pour autant, il conserve sa loyauté à René Pleven, resté président du Conseil41.
    En 1952, François Mitterrand devient ministre d’État sous le gouvernement d’Edgar Faure. Il prend en charge le dossier tunisien et esquisse un plan d’autonomie interne. Mais le gouvernement Faure est renversé six semaines seulement après sa formation. Les libéraux en matière coloniale (c’est-à-dire ceux qui refusent la répression systématique et prônent l’égalité des droits entre colons et colonisés, puis l’autonomie, voire l’indépendance si elle est réclamée avec force par la population et un interlocuteur crédible) sont provisoirement écartés du pouvoir42.
    Après la formation du gouvernement d’Antoine Pinay, François Mitterrand critique la participation systématique de l’UDSR aux gouvernements et demande un recentrage à gauche. Il dénonce à l’Assemblée la politique répressive du gouvernement et défend avec vigueur le droit des Tunisiens à l’autonomie43.
    En 1953, il devient ministre délégué au Conseil de l’Europe, mais démissionne rapidement en raison de son hostilité à la répression menée au Maroc et en Tunisie ; il préconise vis-à-vis de ces pays, ainsi que pour l’Indochine, une politique plus libérale. Il signe, avec des personnalités comme Albert Camus, Jean-Paul Sartre, Alain Savary ou Louis Vallon, le « Manifeste France-Maghreb », demandant que « soient mis en œuvre tous les moyens légaux pour que les principes des droits de l’homme soient appliqués sans distinctions en Afrique du Nord »44.
    Le 23 novembre 1953, il est élu président de l’UDSR par le comité directeur45. Il soutient alors une ligne libérale (mais déjà commune à cette époque) pour l’outre-mer : arrêt de la guerre d’Indochine, constitution d’un ensemble franco-africain, fédéral puis confédéral46 (ce qui revient à accorder l’autonomie, voire l’indépendance-association aux territoires colonisés). Il publie au même moment Aux frontières de l’Union française. Indochine-Tunisie, préfacé par Pierre Mendès France. Il se prononce pour l’indépendance de l’Indochine (avec, si possible, une association) et pour une refonte des liens avec les pays africains : la défense, la monnaie et la politique étrangère doivent relever de l’Union française, avec une pleine association des Africains aux décisions ; les autres domaines doivent relever de l’autonomie des populations locales. Plus généralement, l’élection de François Mitterrand marque une évolution de l’UDSR vers des positions plus à gauche, cependant que le nouveau président du parti « se positionne dès lors pour atteindre l’hôtel Matignon »47.
    Dans la tourmente de la guerre d’Algérie (1954-1958)[modifier]
    En 1954, il est nommé Ministre de l’Intérieur dans le gouvernement Pierre Mendès France. Il est alors opposé à l’indépendance de l’Algérie. Ses tentatives de muter le gouverneur général Léonard et le directeur de la Mosquée de Paris, puis d’augmenter le SMIG d’Algérie, rencontrent l’hostilité des colons et de l’administration48. Le 8 septembre 1954, François Mitterrand apprend qu’il est l’objet d’une enquête de la part des services secrets français : ainsi débute ce qu’on a appelé l’Affaire des fuites49.
    Du 19 au 23 octobre 1954, il se rend en Algérie, où il rencontre une nette hostilité de la part des partisans de l’Algérie française50.
    Le 5 novembre de cette même année, à la tribune de l’Assemblée nationale, alors que les premiers conflits de la guerre d’Algérie éclatent, il déclare : « La rébellion algérienne ne peut trouver qu’une forme terminale : la guerre. », puis « L’Algérie, c’est la France. »51
    En novembre 1954, le gouvernement annonce une forte augmentation des investissements sociaux en Algérie dans l’agriculture et l’éducation, et entend préparer « l’égalité des citoyens […] des chances égales à tous ceux, quelle que soit leur origine, qui naissent sur le sol algérien52. » François Mitterrand, ministre de l’Intérieur, autorise alors Germaine Tillion à mener une enquête dans la zone d’insurrection, afin, entre autres, de signaler les éventuelles exactions policières53. En accord avec le président du Conseil, il fusionne la police d’Alger avec celle de Paris. Les décrets du 20 janvier 1955, qui mettent fin à l’autonomie de la police d’Algérie, contribuent à permettre la mutation de deux cents agents soupçonnés d’actes de torture ou de l’avoir encouragée. Parmi eux, le directeur des Renseignements généraux d’Alger54. Les députés conservateurs en matière coloniale critiquent fermement cette décision. D’après François Mitterrand, la suppression de ce « système détestable » est à l’origine de la chute du gouvernement Mendès France, un mois plus tard (lettre à Pierre Mendès France, 31 août 1959)55. En tout état de cause, le sénateur Henri Borgeaud, porte-parole des pieds-noirs, avait ainsi menacé : « Si vous fusionnez les polices, nous voterons contre votre gouvernement56. »
    François Mitterrand assiste Pierre Mendès France dans les négociations qui aboutissent à l’autonomie de la Tunisie et du Maroc.
    L’Assemblée nationale ayant été une nouvelle fois dissoute, il mène campagne dans la Nièvre et conserve son siège lors des élections du 2 janvier 1956. Un mois plus tard, il est nommé garde des Sceaux dans le gouvernement Guy Mollet. François Mitterrand participe aux travaux du gouvernement, qui accorde l’indépendance à la Tunisie et au Maroc, l’autonomie à l’Afrique noire. Sur la question algérienne, il critique fermement (en privé57) la dérive répressive qui suit l’échec de la tentative de libéralisation, en février 1956. Toutefois, c’est lui qui est chargé par le Conseil des ministres, de défendre le projet de loi remettant les pouvoirs spéciaux à l’armée58. Il donne forcément son aval, en tant que Garde des Sceaux, aux nombreuses sentences de mort prononcées par les tribunaux d’Alger contre des militants de la lutte pour l’indépendance, notamment Fernand Iveton, membre du Parti communiste algérien (PCA), guillotiné à Alger le 11 février 1957. Il couvre l’exécution de quarante-cinq militants algériens condamnés de manière expéditive59. Il est certain qu’assumer la charge de Garde des Sceaux en pleine bataille d’Alger, à l’époque où l’armée française recourt massivement à la torture et aux exécutions sommaires pour mater l’insurrection algérienne, constitue une redoutable épreuve pour l’humaniste et l’homme de gauche dont, malgré tout, François Mitterrand veut sans doute continuer de donner l’image. Les témoins cités par son biographe Jean Lacouture décrivent d’ailleurs un homme bouleversé, profondément hésitant. Cependant, au risque de s’exposer à l’accusation d’avoir couvert, voire encouragé des pratiques renouvelées de celles de la Gestapo et relevant pour le moins du crime de guerre, l’ancien Résistant reste au gouvernement, car il veut accéder à la présidence du Conseil, où, pense-t-il, sa marge de manœuvre serait plus large ; il pourrait, après tout, rendre plus libérale la politique algérienne60.
    Dans un tout autre domaine, il fait adopter le statut de l’Agence France-Presse (AFP).
    Après la démission de Guy Mollet, François Mitterrand refuse de participer à un gouvernement, à moins de le diriger. Il n’y parvient pas, bien que le président René Coty ait sérieusement envisagé de faire appel à lui.
    Le 1er juin 1958, il refuse de voter la confiance à Charles de Gaulle, expliquant ainsi son vote :
    « Lorsque, le 10 septembre 1944, le général de Gaulle s’est présenté devant l’Assemblée consultative provisoire issue des combats de l’extérieur ou de la Résistance, il avait près de lui deux compagnons qui s’appelaient l’honneur et la patrie. Ses compagnons d’aujourd’hui, qu’il n’a sans doute pas choisis, mais qui l’ont suivi jusqu’ici, se nomment le coup de force et la sédition. […] En droit, le général de Gaulle tiendra ce soir ses pouvoirs de la représentation nationale ; en fait, il les détient déjà du coup de force61. »
    En septembre 1958, il appelle à voter non au référendum sur la Constitution, qui est néanmoins adoptée à une très large majorité, puis promulguée le 4 octobre 1958.
    Dans la 3e circonscription de la Nièvre, nouvellement créée, François Mitterrand est battu aux élections législatives le 30 novembre 1958 par le candidat indépendant Jehan Faulquier.

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  6. Artisans de l'ombre Dit :

    Récapitulatif de ses fonctions gouvernementales
    Fonction Gouvernement Période
    Secrétaire général aux Prisonniers Charles de Gaulle du 26 août au 10 septembre 1944
    Ministre des Anciens combattants et des Victimes de guerre Paul Ramadier du 22 janvier au 22 octobre 1947
    Ministre des Anciens combattants et des Victimes de guerre Robert Schuman du 24 novembre 1947 au 26 juillet 1948
    Secrétaire d’État à l’Information André Marie du 26 juillet au 5 septembre 1948
    Secrétaire d’État à la vice-présidence du Conseil Robert Schuman du 5 au 11 septembre 1948
    Secrétaire d’État à la présidence du Conseil Henri Queuille du 11 septembre 1948 au 28 octobre 1949
    Ministre de la France d’outre-mer René Pleven du 12 juillet 1950 au 10 mars 1951
    Ministre de la France d’outre-mer Henri Queuille du 10 mars au 11 août 1951
    Ministre d’État Edgar Faure du 20 janvier au 8 mars 1952
    Ministre d’État délégué au Conseil de l’Europe Joseph Laniel du 28 juin au 4 septembre 1953
    Ministre de l’Intérieur Pierre Mendès France du 19 juin 1954 au 23 février 1955
    Ministre d’État, chargé de la Justice Guy Mollet du 1er février 1956 au 13 juin 1957
    Cinquième République : l’ascension vers la présidence

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  7. Artisans de l'ombre Dit :

    Survie politique et premières tentatives d’union de la gauche (1959-1971

    François Mitterrand en 1959.
    En mars 1959, il est élu maire de Château-Chinon (il le reste jusqu’à mai 1981) et, un mois plus tard, sénateur de la Nièvre. Il s’inscrit au groupe de la Gauche démocratique.
    En octobre 1959, a lieu l’attentat de l’Observatoire dans lequel François Mitterrand est impliqué et qui le mène, après la levée de son immunité parlementaire62, à être inculpé le 9 décembre pour outrage à magistrat au motif qu’il l’aurait lui-même commandité dans le but de regagner les faveurs de l’opinion publique. La loi d’amnistie de 1966 met fin à la procédure.
    En 1961, il effectue un voyage en Chine où il rencontre Mao Zedong.
    Le 18 mai 1962, François Mitterrand est appelé à témoigner à décharge au procès du général Salan par Jean-Louis Tixier-Vignancour. Le témoignage de Mitterrand porta sur l’« affaire du Bazooka », tentative d’assassinat perpétrée contre le général Salan le 16 janvier 1957 et qui avait fait un mort, le colonel Rodier. Mitterrand appuya la thèse de Salan à propos du complot gaulliste fomenté (plus ou moins indirectement, c’est selon) par Michel Debré (d’autres personnalités comme Roger Frey et Alain Griotteray furent aussi citées comme prenant aussi plus ou moins part au complot). Cette thèse du complot gaulliste fomenté directement par Debré fut reprise par Mitterrand dans un éditorial du Courrier de la Nièvre. Les auteurs et commanditaires de l’attentat, Philippe Castille, Michel Fechoz et René Kovacs notamment, avaient motivé leur action par la nécessité de remplacer le général Salan, considéré avec Pierre Mendès France comme le liquidateur de l’Indochine, par un général authentiquement favorable à l’Algérie française. Pour François Mitterrand, « Raoul Salan garde le droit de récuser certains de ses accusateurs qui, pour corriger la maladresse de l’avoir manqué, firent de lui plus tard son complice dans les événements de mai 1958 qui ramenèrent le général de Gaulle au pouvoir ». Une partie de la gauche s’en prit alors à Mitterrand, lui reprochant d’être intervenu dans un règlement de compte au sein de la droite française, d’avoir été jusqu’à saluer Salan dans son box et d’avoir pris place au milieu de ses partisans.
    Le 25 novembre 1962, Mitterrand retrouve son siège de député de la Nièvre et abandonne celui de sénateur.
    Lors du référendum de 1962, il appelle à voter contre l’élection du président de la République au suffrage direct. Le oui l’emporte avec 62,25 % des suffrages exprimés (46,66 % des inscrits).
    En 1964, il devient président du conseil général de la Nièvre. Il prend la tête de la Convention des institutions républicaines (CIR) et publie Le Coup d’État permanent, qui renforce sa position d’opposant de gauche à Charles de Gaulle.
    Conscient des divisions de la gauche et de la difficulté de se placer en leader (Paris égaré par ses intellectuels de gauche)63, François Mitterrand décide de concentrer ses attaques contre l’image même du général de Gaulle, image renforcée, en particulier, par son célèbre appel du 18 juin. En effet, François Mitterrand craignait que l’image du général de Gaulle, bien ancrée dans l’opinion, réduise ses chances dans une élection au suffrage direct, même avec une gauche rénovée.
    En outre, la séparation des pouvoirs et les domaines réservés prévus par la Constitution en cas de cohabitation conduisent François Mitterrand à radicaliser sa position.
    D’où l’agressivité qu’il manifeste en 1964, il précise : « qu’il importe que l’opposition s’affirme sans accommodement. Il n’y a d’opposition qu’inconditionnelle dès lors qu’il s’agit de substituer un système de gouvernement à un autre. Retoucher, aménager, corriger le pouvoir absolu c’est déjà composer avec lui, c’est mimer l’opposition de Sa Majesté qui, autant que la majorité, participe au régime qui le soutient. »64
    En 1965, bien que représentant d’une petite formation politique (la CIR), il est le candidat unique de la gauche à l’élection présidentielle65. Il axe sa campagne sur le changement comme l’indique son slogan de campagne : « Un président jeune pour une France moderne ». Son résultat est inespéré (en seconde position avec 31,78 % des suffrages), tout comme celui du candidat centriste Jean Lecanuet (15 % des suffrages). François Mitterrand reçoit alors l’appui pour le second tour de toute la gauche, mais aussi de Jean Lecanuet, du conservateur modéré Paul Reynaud66 et d’une partie de l’extrême droite : Jean-Louis Tixier-Vignancour et des partisans de l’OAS. Au soir du second tour, Mitterrand est battu avec le score de 45,51 % des suffrages contre 54,49 % au général de Gaulle.
    Fort de ce résultat (peu de monde pensait que de Gaulle pouvait être mis en ballottage), il prend la tête de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS), qui regroupe la gauche non communiste (essentiellement la SFIO, le Parti radical, la CIR et divers clubs). Il forme également le premier contre-gouvernement en France, en 1966, expérience qui ne dure qu’un an. Aux élections législatives de mars 1967, le scrutin uninominal à deux tours et la nouvelle disposition qui relève le seuil et élimine du second tour tous les candidats n’ayant pas obtenu au premier tour au moins 10 % des inscrits, favorisent la majorité sortante face à une opposition hétéroclite (PC, PS et centristes de Jacques Duhamel) et désunie. Mais avec 194 sièges, l’ensemble des partis de gauche (FGDS, Parti communiste) parvient à gagner 63 sièges, le Parti communiste restant la principale force de gauche avec 22,5 % des suffrages67. Néanmoins, la coalition gouvernementale est reconduite avec une majorité réduite à un seul siège à l’Assemblée nationale (247 sièges sur 487, dont 231 sièges en métropole). En Métropole, au premier tour, l’ensemble de la gauche (FGDS, PSU, PC) obtient même plus de voix que les seuls partis gouvernementaux gaullistes et giscardiens (46 % contre 42,6 %), alors que le Centre démocrate de Duhamel recule de trois points à 7 % des voix. Mais avec le taux exceptionnel en France de 38 % des suffrages (en hausse de deux points par rapport au précédent scrutin), l’Union pour la Ve république reste le premier parti de France68.
    Le 28 mai 1968, il déclare : « il convient dès maintenant de constater la vacance du pouvoir et d’organiser la succession. » Cette déclaration est faite la veille du départ du général de Gaulle, parti consulter le général Massu en Allemagne69. Il propose le nom de Mendès France pour former le gouvernement provisoire et annonce qu’il est candidat à la présidence de la République, au cas où une élection anticipée aurait lieu. De Gaulle a en effet annoncé qu’il organiserait un référendum, et qu’il démissionnerait si le « non » l’emportait (une idée à laquelle le général a finalement renoncé).
    Le discours du 30 mai de de Gaulle réplique de façon sèche. Les élections législatives anticipées de juin 1968 se soldent par un raz-de-marée gaulliste (293 sièges pour la seule UNR et 61 sièges aux républicains indépendants) et une majorité à droite jamais vue depuis le Bloc national de 1919, alors que la gauche s’effondre de 194 à 91 députés. François Mitterrand parvient toutefois à sauver son siège de député.
    En 1969, Mitterrand ne se présente pas à la présidence de la République car il a perdu le soutien de Guy Mollet, qui refuse de lui accorder le soutien de la SFIO. La gauche, représentée par Gaston Defferre pour les socialistes, Jacques Duclos pour les communistes, et Michel Rocard pour le PSU, est éliminée du second tour de l’élection présidentielle, qui voit la victoire de Georges Pompidou face au centriste Alain Poher.
    Premier secrétaire du PS (1971-1981)[modifier]
    En juin 1971, lors du Congrès d’Épinay, la Convention des institutions républicaines se fond dans le Parti socialiste (créé en 1969 en remplacement de la SFIO). François Mitterrand est élu premier secrétaire du PS, avec l’appui de l’aile gauche du parti, le CERES mené par Jean-Pierre Chevènement, et celui de deux puissantes fédérations, celles du Nord de Pierre Mauroy et des Bouches-du-Rhône de Gaston Defferre. Comme l’a rapporté Pierre Mauroy dans ses Mémoires, François Mitterrand n’envisageait pas initialement de devenir premier secrétaire : cette tâche devait revenir au dirigeant du Nord, et François Mitterrand lui-même devait exercer un rôle comparable à celui de Léon Blum entre 1921 et 1938. Mais Augustin Laurent a réclamé que Pierre Mauroy fût son successeur à la mairie de Lille sans exercer de responsabilités nationales.
    En juin 1972, il signe le Programme commun de gouvernement avec le Parti communiste de Georges Marchais et le Mouvement des radicaux de gauche de Robert Fabre.
    En mars 1973, aux élections législatives, le Parti socialiste obtient presque autant de voix que le Parti communiste au premier tour et davantage au second70, mettant fin à une supériorité qui remontait à 1946. Les élections cantonales qui ont lieu en septembre de la même année confirment cette évolution. Par ailleurs, le PSU chute de 4 à 2 % par rapport à 196871. Au congrès du PS tenu à Grenoble la même année, la motion finale de François Mitterrand obtient 96 % des voix72.
    Le 2 avril 1974, le président de la République, Georges Pompidou, meurt. François Mitterrand est désigné candidat du Parti socialiste le 8 avril, puis devient le candidat unique de la gauche. Le 19 mai 1974, lors du second tour de l’élection présidentielle anticipée, François Mitterrand perd face à Valéry Giscard d’Estaing, avec 49,19 % des voix au second tour73.
    Pendant l’été 1974, François Mitterrand se rend incognito sur le Larzac à une fête rassemblant plusieurs milliers de militants luttant contre l’extension du camp militaire voisin. Reconnu par la foule, il est la cible d’invectives et de jets de pierre. Des paysans non-violents l’entourent, le protègent puis le soignent. Sept ans après, élu président en 1981, il annulera le projet d’extension du camp militaire et rendra leurs terres aux paysans74.
    Aux élections cantonales de mars 1976 et aux élections municipales de mars 1977, le PS devance largement le PCF.
    En septembre 1977 a lieu la rupture de l’Union de la gauche, les communistes mettant de nouvelles conditions à l’actualisation du Programme commun.
    Aux élections législatives de mars 1978, la gauche qui était majoritaire au premier tour est néanmoins battue par la droite (UDF-RPR). Toujours d’après Jean Lacouture, Raymond Aron et Mitterrand, cette défaite est largement imputable aux roueries du Parti communiste. Michel Rocard remet alors en cause François Mitterrand et la direction du Parti socialiste.
    En avril 1979, il s’allie avec le CERES de Jean-Pierre Chevènement contre Michel Rocard (la Deuxième gauche) pour remporter le congrès de Metz du Parti socialiste.

    François Mitterrand lors d’un meeting de campagne, le 7 avril 1981.
    Lors du congrès extraordinaire de Créteil, qui se déroule en janvier 1981, il est officiellement désigné candidat du PS avec 83,64 % des voix75. Il adopte les « 110 propositions pour la France » comme programme.
    Le 24 avril 1981, au premier tour de l’élection présidentielle, François Mitterrand talonne le président sortant avec 25,85 % des voix contre 28,32 % pour Valéry Giscard d’Estaing. Jacques Chirac est troisième avec 18,00 % des suffrages.
    Au soir du 10 mai 1981, François Mitterrand est élu président de la République avec 51,76 % des suffrages exprimés contre 48,24 % à Valéry Giscard d’Estaing. Le soutien de Jacques Chirac au président sortant est resté extrêmement ambigu : il déclare ne pouvoir voter, à titre personnel, que pour Valéry Giscard d’Estaing mais refuse de donner une consigne de vote.

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  8. Artisans de l'ombre Dit :

    Présidence de la République (1981 – 1995)

    François Mitterrand et Ronald Reagan en 1981
    Premier septennat (1981-1988)[modifier]
    Article détaillé : Premier mandat présidentiel de François Mitterrand.
    Le 21 mai 1981, le septennat du nouveau président s’ouvre par une cérémonie au Panthéon. Puis il nomme son premier gouvernement dirigé par Pierre Mauroy.
    Le lendemain, il dissout l’Assemblée nationale. Les élections qui suivent, les 14 et 21 juin 1981, lui donnent la majorité absolue au Parlement. Un deuxième gouvernement de Pierre Mauroy fait entrer quatre ministres communistes. De nombreuses réformes sociales sont alors adoptées.
    Sur le plan économique, le septennat est marqué dans un premier temps par une vague de nationalisations (loi du 13 février 1982) et par une politique de maîtrise de l’inflation, infléchie vers l’austérité à partir du tournant de la rigueur, passage à une culture de gouvernement.
    Le septennat s’achève en 1988 sous la première cohabitation de la Ve République.

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  9. Artisans de l'ombre Dit :

    Gouvernements Mauroy (mai 1981 – juillet 1984)
    1981 :
    Réformes nationales :
    Augmentation du SMIC de 10 %, des allocations familiales et logement de 25 %, handicapés de 20 %.
    Suppression de la Cour de sûreté de l’État.
    Abolition de la peine de mort.
    Abrogation de la loi dite « anticasseurs », qui établissait notamment le principe d’une responsabilité pénale collective.
    Autorisation des radios locales privées.
    Première fête de la musique, créée par Jack Lang, Ministre de la Culture.
    Loi d’amnistie, qui inclut les « délits homosexuels »76.
    Régularisation des étrangers en situation irrégulière qui exercent un travail et peuvent le prouver.
    Création de l’impôt sur les grandes fortunes (supprimé en 1987, rétabli en 1988 sous le nom d’ISF, Impôt de solidarité sur la fortune).
    Premier blocage des prix.
    Première des quatre dévaluations du franc (les autres suivront en 1982, 1983 et 1986).
    Politique étrangère :
    Discours dit « de Cancún »77, 20 octobre 1981. Extrait :
    « Salut aux humiliés, aux émigrés, aux exilés sur leur propre terre qui veulent vivre et vivre libres. Salut à celles et à ceux qu’on bâillonne, qu’on persécute ou qu’on torture, qui veulent vivre et vivre libres. Salut aux séquestrés, aux disparus et aux assassinés qui voulaient seulement vivre et vivre libres. Salut aux prêtres brutalisés, aux syndicalistes emprisonnés, aux chômeurs qui vendent leur sang pour survivre, aux indiens pourchassés dans leur forêt, aux travailleurs sans droit, aux paysans sans terre, aux résistants sans arme qui veulent vivre et vivre libres. À tous, la France dit : Courage, la liberté vaincra. Et si elle le dit depuis la capitale du Mexique, c’est qu’ici ces mots possèdent tout leur sens78. »
    1982 :
    Politique nationale :
    Loi de nationalisation du 13 février 1982 : Nationalisation de banques (les 36 premières banques de dépôt, ainsi que Paribas et Suez) et de grands groupes industriels (CGE, PUK, Rhône-Poulenc, Saint-Gobain, Thomson).
    Semaine de 39 heures (durée légale du travail).
    5e semaine de congés payés.
    Suppression de l’échelle mobile des salaires en 198279,80 (sous l’égide de Jacques Delors, Ministre des Finances).
    Ordonnances sur le cumul emploi-retraite, le travail à temps partiel, et l’insertion professionnelle des jeunes de 16 à 18 ans.
    Retraite à 60 ans.
    Fin de l’indexation des salaires sur les prix.
    Lois Auroux sur le droit du travail.
    Loi Roger Quilliot sur les droits et les devoirs des bailleurs et locataires. Le mode de vie homosexuel cesse d’être une cause d’annulation du bail d’habitation81.
    Loi-cadre Defferre sur la décentralisation.
    Création des zones d’éducation prioritaire (ZEP).
    Passage de la majorité sexuelle à 15 ans pour tous, abolissant la distinction, introduite en 1942 et confirmée en 1945, dans l’âge de consentement entre rapports hétérosexuels et homosexuels 82.
    Création de la Haute Autorité pour la communication audiovisuelle (ancêtre de l’actuel CSA).
    Durcissement du contrôle des changes.
    Création de la cellule antiterroriste de l’Élysée
    Politique étrangère :
    Première visite d’un chef d’État français en Israël. Discours de la Knesset dans lequel François Mitterrand déclare que « L’irréductible droit de vivre » appartient à Israël et appelle au respect des droits des Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie.
    1983 :
    Politique intérieure :
    Troisième gouvernement de Pierre Mauroy.
    1er plan de « rigueur » en mars (« tournant de la rigueur »).
    Réforme de la loi Peyrefitte, dite Sécurité et Liberté.
    Loi Roudy sur l’égalité salariale entre hommes et femmes dans les entreprises.
    Loi sur l’indemnisation des victimes de crimes et délits.
    Politique étrangère :
    Crise des euromissiles : soutien de François Mitterrand à l’installation de missiles Pershing 2 en Allemagne pour faire contrepoids aux missiles soviétiques. Discours du Bundestag sur l’équilibre des forces le 20 janvier 1983 : « Seul l’équilibre des forces peut conduire à de bonnes relations avec les pays de l’Est, nos voisins et partenaires historiques. Mais le maintien de cet équilibre implique à mes yeux que des régions entières de l’Europe ne soient pas dépourvues de parade face à des armes nucléaires dirigées contre elles. » En octobre, à Bruxelles, il déclare : « Je suis moi aussi contre les euromissiles, seulement je constate que les pacifistes sont à l’Ouest et les euromissiles à l’Est. »
    Août 1983, opération Manta renforçant l’intervention française au Tchad.
    Attentat du Drakkar le 23 octobre 1983 à Beyrouth. Cinquante-huit soldats français et deux cent trente-neuf Marines américains sont tués. François Mitterrand se rend au Liban dès le lendemain.
    1984 :
    Politique intérieure :
    Crise sidérurgique dans le nord : plan de « modernisation ». Fermeture ou reconversion des anciennes mines de charbon, accélération du processus initié depuis les années 1960.
    Élections européennes : Percée du Front national.
    Loi sur la formation professionnelle.
    Abandon du projet de loi Savary sur l’enseignement suite aux manifestations pour l’enseignement libre.
    Politique étrangère et européenne :
    Présidence semestrielle par la France de la Communauté européenne.
    François Mitterrand se rend en Union soviétique et y défend publiquement les droits de l’homme et les contestataires, notamment Andreï Sakharov.

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  10. Artisans de l'ombre Dit :

    Gouvernement Fabius (juillet 1984 – mars 1986)
    juillet-décembre 1984 :
    Nouveau gouvernement de Laurent Fabius, fin de la participation des communistes au gouvernement.
    Septembre 1984 : Accord franco-libyen sur « l’évacuation totale et concomitante du Tchad » qui ne sera pas respecté par la Libye83.
    Libéralisation de l’audiovisuel, création des premières chaînes de télévision privées (dont Canal+).
    Nouveau statut pour la Polynésie.
    Novembre 1984 : début d’affrontements sanglants en Nouvelle-Calédonie.
    16 décembre 1984 : François Mitterrand déclare à la télévision ne pas vouloir faire usage de la « force injuste de la loi » en Nouvelle-Calédonie, vis à vis des partisans de l’indépendance84.
    Commémoration de la bataille de Verdun, où a lieu la célèbre poignée de main entre le président Mitterrand et le chancelier Helmut Kohl.
    1985 :
    Politique intérieure
    Inauguration de la Géode au parc de la Villette à Paris.
    Loi Montagne
    Instauration du mode de scrutin proportionnel aux élections législatives prévues l’année suivante.
    Loi limitant le cumul des mandats.
    Réforme du Code pénal.
    Politique étrangère et européenne
    Lancement d’Eurêka, l’Europe de la technologie.
    « Doctrine Mitterrand » engagement verbal à ne pas extrader les anciens activistes et terroristes d’extrême gauche d’Italie.
    Affaire du Rainbow Warrior
    Ratification de la Convention européenne des droits de l’homme, qui interdit notamment le rétablissement de la peine de mort.
    janvier – mars 1986 :

    François Mitterrand et le chancelier allemand Helmut Kohl : les deux hommes ont établi entre eux une réelle complicité, formant l’un des nombreux « couples franco-allemand » qui ont marqué l’histoire des relations entre les deux pays depuis la fin de la Seconde guerre mondiale
    Signature de l’Acte unique européen.
    Inauguration de la Cité des sciences et de l’industrie à Paris.
    Loi littoral
    Début de l’opération Épervier, au Tchad contre le GUNT pro-libyen.
    Création de deux chaine de tv, La Cinq et TV6.

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  11. Artisans de l'ombre Dit :

    Gouvernement Chirac (mars 1986 – mai 1988), première cohabitation
    mars-décembre 1986 :
    L’union de la droite RPR-UDF remporte les élections législatives. Le Front national obtient 35 députés. Jacques Chirac forme un nouveau gouvernement : lors de sa formation, François Mitterrand s’oppose à la nomination de plusieurs personnalités (Jean Lecanuet et Étienne Dailly notamment)85. C’est la première cohabitation.
    Promulgation de la loi supprimant l’autorisation administrative de licenciement.
    1er sommet de la francophonie.
    Inauguration du musée d’Orsay
    Privatisations de banques et d’entreprises publiques.
    Ordonnances du 1er décembre 1986 relatives à la liberté des prix et de la concurrence.
    Vague d’attentats terroristes à l’automne 1986 commis par le réseau Fouad Ali Salah.
    Manifestations étudiantes contre le « projet Devaquet » de réforme de l’Université.
    1987 :
    Inauguration de l’Institut du monde arabe.
    Arrestation des militants du groupe terroriste Action directe puis arrestations des membres du réseau Fouad Ali Salah
    Privatisation de TF1 et création de M6
    Rupture (provisoire) des relations diplomatiques avec l’Iran en juillet après le refus de l’ambassade iranienne de remettre aux autorités françaises, un interprète de l’ambassade d’Iran suspecté d’être impliqué dans la vague d’attentats terroristes.
    Septembre 1987 : référendum en Nouvelle-Calédonie sur le maintien au sein de la République, boycotté par le FLNKS (98,3 % contre l’indépendance, 40 % d’abstention).
    Célébrations du Millénaire capétien dans la basilique de Saint-Denis par François Mitterrand.
    1988 :
    Inauguration de la pyramide du Louvre.
    Loi sur le financement des campagnes électorales présidentielles et législatives, suite à une proposition de François Mitterrand.
    22 avril : En Nouvelle-Calédonie, attaque de la gendarmerie de Fayaoué (île d’Ouvéa) par un commando canaque, tuant quatre gendarmes et prenant en otage les autres. Le 5 mai, assaut de la grotte d’Ouvéa par la gendarmerie : 21 morts (deux militaires et dix-neuf indépendantistes calédoniens).

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  12. Artisans de l'ombre Dit :

    Second septennat (1988-1995)
    Article détaillé : Second mandat présidentiel de François Mitterrand.
    Bien qu’il sache, depuis le 16 novembre 1981, qu’il est atteint d’un cancer de la prostate86, il annonce sa candidature pour un second septennat le 22 mars 1988 au journal d’Antenne 2. L’information concernant ce cancer ne sera dévoilée que lors de son hospitalisation au Val-de-Grâce en septembre 1992.
    Le 24 avril, François Mitterrand arrive nettement en tête de l’élection présidentielle avec 34,11 % des suffrages face à son Premier ministre et le chef de la majorité Jacques Chirac (19,96 %).
    Le 8 mai, François Mitterrand est réélu en remportant l’élection présidentielle contre Jacques Chirac avec 54,02 % des voix.
    Le second septennat de François Mitterrand est marqué par l’instauration du RMI et de la CSG, les célébrations du bicentenaire de la Révolution, la chute du mur de Berlin, la réunification allemande (à laquelle il était réticent87), l’engagement dans la première guerre d’Irak, le référendum sur le traité de Maastricht, mais aussi par les affaires politiques, la maladie du président, la révélation publique de l’existence de sa fille adultérine Mazarine Pingeot (dont il a tenté de cacher l’existence par tous les moyens88) et les polémiques sur ses activités et ses amitiés nouées dans les années 1930 et sous le régime de Vichy89.

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  13. Artisans de l'ombre Dit :

    Gouvernement Rocard (mai 1988 – mai 1991)

    François Mitterrand à la réunion de Toronto du G7 en 1988
    Il nomme Premier ministre Michel Rocard et dissout l’Assemblée nationale. Le groupe socialiste et apparentés remporte alors une majorité relative, les communistes refusent une alliance gouvernementale. Les gouvernements socialistes sont contraints à un jeu de bascule entre le groupe communiste et les éléments modérés de l’opposition, surtout l’Union du centre (UDC, groupe parlementaire autonome issu de l’UDF).
    1988 :
    Accords de Matignon mettant un terme au conflit en Nouvelle-Calédonie.
    Création du revenu minimum d’insertion (RMI).
    Politique du « ni-ni » (ni nationalisation ni privatisation).
    Réforme de la Politique agricole commune (PAC).
    Création de la Délégation interministérielle à la Ville, dirigée par Yves Dauge.
    1989 :
    Affaire Pechiney-Triangle
    Inauguration du Grand Louvre.
    Inauguration de l’opéra Bastille.
    Inauguration de la grande arche de la Défense.
    Célébrations du bicentenaire de la Révolution.
    Loi Jospin sur l’Éducation nationale
    Loi Joxe sur l’immigration : abrogation des mesures de la loi Pasqua et renforcement des recours à disposition des immigrés.
    Élargissement des possibilités pour entamer une procédure de révision d’une condamnation judiciaire.
    Loi d’amnistie pour la Nouvelle-Calédonie.
    1990 :
    Soutien prudent à l’unification allemande, obtenu après la garantie de la reconnaissance de la frontière Oder-Neisse par le chancelier Helmut Kohl.
    Signature de la convention de Schengen.
    Discours de La Baule.
    Décision de l’opération Noroît pour le Rwanda début octobre.
    Création de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD).
    Création de la Contribution sociale généralisée (CSG).
    Suppression du contrôle des changes.
    L’administration des PTT est transformée en deux établissements publics : La Poste et France Télécom.
    Plan Jospin pour les lycées.
    Loi Gayssot interdisant les propos négationnistes et renforçant la législation contre le racisme.
    Loi Arpaillange sur le financement des partis politiques.
    Création du ministère de la Ville, annoncée dans le discours de Bron de François Mitterrand suite à des troubles à Vaulx-en-Velin. Il est confié au maire de Dunkerque Michel Delebarre, jusque là ministre de l’Équipement, du Logement, des Transports et de la Mer.
    1991 :
    Plan quinquennal pour les universités, dit « Université 2000 ».
    Nouveau statut pour la Corse. Notion de « peuple corse, composante du peuple français » invalidée par le conseil constitutionnel.
    Réglementation des écoutes téléphoniques : interdiction des écoutes administratives, contrôle des écoutes judiciaires.
    Participation de la France à la Deuxième guerre du Golfe.

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  14. abdelkader wahrani Dit :

    le socialiste francois mitterrant (1916-1996) il est ministre de l´intérieur en 1954 dans le gouvernement mendés france et déclare au lendemain de la glorieuse révolution algerienne, la seule négociation, c´est la guerre. l´algerie c´est la france? mitterrant c´est l´un des responsables politiques de la sale guerre des odieux criminels colonialistes francais.

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