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Le serment Par : Adila KATIA

17 août 2012

Adila Katia

 

Le serment  Par : Adila KATIA dans Adila Katia 200_200_150

On se retrouve tout à l’heure, à la cafétéria ?
Aïda sourit à son petit ami Smaïl, elle feint d’hésiter un moment avant de répondre, pressée par l’insistance de ce dernier.
Oui, dit-elle. Mais pas avant midi !
Je t’attendrai à l’intérieur, dit le jeune homme. Et tout le temps qu’il faudra !
Ils se font la bise avant de se séparer. Aïda se dépêche de rejoindre son amie Nadia qui l’attend un peu plus loin. Tout comme elle, elle fait des études en biologie, elles en sont à leur dernière année. Quand elles se rendent à Bab Ezzouar, c’est pour préparer leur dernier module une fois qu’elles ont travaillé chacune de son côté, soit à la bibliothèque soit au laboratoire.
Smaïl fait des études en électronique. S’il ne rate pas ses derniers examens, il terminera en juin. C’est la raison qui les pousse ces temps-ci à se voir chaque jour et à profiter au maximum des moments libres. Une fois l’année universitaire finie, ils ne se verront pas aussi souvent. Aïda habite Chlef et lui Tizi Ouzou. Lui, il n’aura aucun problème pour sortir sur Alger mais elle, il lui faudra un sérieux prétexte pour pouvoir s’y rendre.
Rien qu’à y songer, la jeune fille perd son sourire. Nadia le remarque.
Ce n’est pas l’heure du départ ma chère !
Tu blagues ! réplique Aïda. J’ai l’impression que c’est pour demain ! Je ne pourrai jamais vivre sans lui !
Et lui ?
Aïda a un sourire rêveur.
Je suis sûre qu’il m’aime autant que je l’aime ! Cela fait quatre ans que nous nous connaissons. Si notre amour a duré tout ce temps, il tiendra toute une vie ! Je t’en prie Nadia, prie pour qu’on ne soit jamais séparés !
C’est ce que j’ai toujours fait, répond l’amie. Mais l’urgence maintenant, c’est de réussir au dernier examen !
Elles se rendent à la salle de travail et se concentrent sur les analyses faites la semaine passée. Toutes deux prennent note afin de préparer le compte rendu détaillé. Une fois qu’elles auront fini, elles reprendront le tout depuis le début pour choisir ce qu’il y a de mieux dans les deux.
Les deux jeunes filles n’ont pas vu le temps passer. Il a fallu le bruit et le va-et-vient des étudiants autour d’elle, pour s’apercevoir qu’il est midi.
Aïda se lève et ne prend pas ses affaires, elle laisse son amie le faire pour elle. Cette dernière a un sourire indulgent en la voyant courir vers la sortie. Smaïl l’attend comme prévu à la cafétéria. Aïda prend place en face de lui, essoufflée mais heureuse qu’il soit encore là, pour elle. Presque une demi-heure de retard…
Tu n’es pas parti ! s’exclame-t-elle. Merci d’avoir patienté… As-tu déjeuné ?
Le déjeuner m’aurait paru bien fade sans toi, répond-il dans un soupir à fendre le cœur. J’ai besoin de ton regard plein d’amour pour le digérer.
Aïda le pince tout en riant. Mais elle devient vite très grave. Elle ne peut pas s’empêcher d’y penser, mais dans quelques semaines, ils n’allaient plus se voir.
- Il faudra bien t’y faire, lui dit-elle. On va bientôt se séparer !
- Mais un jour on se retrouvera et on se mariera ! Si tu m’aimes autant que je t’aime, on pourra se lier à la vie à la mort ! Je ne peux pas m’imaginer faire ma vie avec une autre que toi !
- Moi aussi omri ! Mais ce ne sera pas facile ! Nous n’avons pas les moyens pour nous marier, lui rappelle-t-elle. tes parents sont dans le besoin ; personne ne pourra nous aider… On doit trouver du travail d’abord, puis un logement ! Ce n’est pas gagné d’avance…
- Notre amour nous aidera à tout supporter ! s’écrie le jeune homme. En prenant ses mains et en les serrant très fort, il poursuit : Aïda, on doit être fort moralement ! On n’abandonnera pas, tu entends ?
- Omri, il me sera difficile de me battre loin de toi, sans savoir ce que tu fais de ton côté, murmure-t-elle. Avec toi à mes côtés, abattre des montagnes de besogne serait facile ! Sans toi, j’aurais l’impression de ne plus vivre…
- Si cela peut te rassurer, j’éprouve ce même sentiment !
Tout en serrant ses mains, il croise son regard voilé de larmes. Tout comme elle, il appréhende l’avenir. Il veut le faire avec elle mais il sait qu’il est encore trop tôt. Il ignore si leurs rêves sont réalisables ou s’ils seront appelés à partir chacun de son côté…

 

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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30 Réponses à “Le serment Par : Adila KATIA”

  1. Artisans de l'ombre Dit :

    Le serment 2e partie

    Par : Adila KATIA

    RÉSUMÉ : Aïda finit bientôt ses études de biologie. Elle fréquente depuis quatre ans Smaïl. Ils rêvent de se marier un jour. Aïda, devra retourner à Chlef. Elle ne pourra pas revenir à Alger sans raison valable. Même s’ils ont encore quelques semaines devant eux, elle est triste à l’idée de le quitter…

    Smaïl profite du week-end suivant, pour aller voir sa famille. Il avait décidé de sacrifier ce temps précieux qu’il avait l’habitude de partager avec Aïda, pour discuter avec sa mère Rachida, de son mariage. C’est la seule personne avec qui il peut aborder le sujet. C’est elle à qui il confiera la mission d’en parler à son père.
    Une fois la joie passée de le revoir, la mère remarque qu’il ne cesse de la suivre à travers la maison. Puis dans la cour. Elle est en train de ramasser le linge qu’elle avait mis à sécher au soleil quand elle finit par comprendre que quelque chose le tracasse et qu’il veut lui en parler.
    - Qu’y a-t-il mon fils ? Tu sembles perdu… Je peux t’aider ?
    - Peut-être …?
    - À quoi penses-tu ? lui demande-t-elle.
    - À quelqu’un, à une fille que j’ai laissée derrière moi à Alger, répond-il en baissant la tête, rougissant jusqu’aux oreilles.
    Rachida se tourne vers lui en souriant, agréablement surprise. Elle abandonne le linge et va s’asseoir près de lui, sur le banc qu’ils ont installé dans la cour.
    - Alors tu as une petite amie ? Sois gentil et raconte-moi tout, le prie-t-elle. Sinon je te fais subir un interrogatoire !
    - Yemma, j’ai une amie, une fille formidable ! Je voudrais me marier avec elle ! C’est vital pour moi ! Yemma, je suis sûr qu’elle va te plaire… Je te jure qu’elle est formidable…
    - Elle étudie ?
    - Elle termine cette année. Je voudrais la demander en mariage, dit le jeune homme. Je crains que ses parents ne la promettent à quelqu’un d’autre !
    - D’où est-elle ? veut savoir Rachida.
    - Aïda et de Chlef, mais elle sait parler kabyle !
    - Tu penses que cela soit suffisant pour qu’elle s’habitue à nos traditions ? lui demande-t-elle. Pour qu’elle accepte toute la famille ? Avec tous les dépassements que cela impose ?
    - Yemma, elle a un grand cœur. Il suffit de l’accepter, répond-il très sûr de lui. Ma famille deviendra la sienne mais, dis-moi, est-ce que père acceptera ?
    - Smaïl, tu n’as pas encore terminé tes études, lui rappelle sa mère. Il faut de l’argent et on n’en a pas ! Où allez-vous vivre ? De quoi allez-vous vivre ?
    - Où vous vous voudrez yemma, avec vous ou ailleurs ! Mais il faut qu’avant le mois d’août, vous alliez voir ses parents, insiste-t-il. Comme ça, on pourra se revoir sans être inquiétés !
    - Écoute, dit sa mère en souriant, le regard plein de tendresse, à voir son fils aussi impatient, aussi amoureux. Je vais en parler à ton père.
    - Tu penses avoir une réponse quand ?
    - Je l’ignore, répond-elle. Mais je te promets de lui en parler à la première occasion !
    - Merci maman, dit-il en la serrant dans ses bras. Comment se fait-il que tu ne demandes pas comment elle est ?
    - Je sais que si elle est belle, tu n’hésiteras pas à montrer sa photo, réplique-t-elle tout en le suivant dans sa chambre où il a laissé son sac de voyage.
    Il en sort tout un album d’elle. Rachida sourit en la voyant. Elle le félicite.
    - Je vois que tu as un très bon goût ! Elle est vraiment très belle !
    Rachida n’a jamais vu quelqu’un d’aussi charmant. Blonde aux traits réguliers, à la taille fine et élancée, Aïda a de quoi plaire. Il y a tant de beauté et de tendresse dans son regard et dans son sourire qu’il serait difficile d’y résister.
    - Ses manières sont-elles aussi charmantes qu’elle ?
    - Oui yemma, c’est pourquoi je te dis que c’est une fille formidable, insiste le jeune homme.
    - Laisse-moi le temps de parler à ton père, lui dit-elle. Je te jure de faire tout mon possible pour faciliter la tâche ! Réussis tes études, le reste viendra après !

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  2. Artisans de l'ombre Dit :

    Le serment 3e partie
    Par : Adila KATIA

    RÉSUMÉ : Smaïl profite du week-end pour rentrer à la maison. Sa mère remarque tout de suite qu’il la suit et qu’il semble préoccupé. Elle l’interroge, et quelle ne fut sa surprise lorsqu’il lui parle de Aïda. Elle promet d’en parler à son père, à la première occasion. Smaïl lui montre des photos. Sa mère la trouve très belle…

    Smaïl embrasse sa mère. Il sait qu’il l’a gagnée à sa cause. Il faut lui laisser le temps d’aborder le sujet avec son père et sa grand-mère. Avec un peu de chance, ils accepteront. Même s’il n’arrive pas à imaginer un refus de leur part, il sait qu’il sera impossible d’envisager l’avenir avec une autre qu’elle. Aïda fait partie de lui.Le jeune homme rentre à Alger vendredi soir afin de pouvoir attendre sa dulcinée, il veut la voir avant les cours de samedi matin. Il se rend à la cité de jeunes filles. Comme d’habitude, aux environs de vingt heures, Aïda est sortie appeler sa famille. Il attend près de la cabine de téléphone. Il se tient derrière. Dès qu’elle en sort, il lui fait la surprise de surgir. Aïda est si heureuse qu’elle lui tend les bras. Les deux amoureux s’enlacent sous le regard des autres. Ces derniers ne sont nullement choqués, ils sont si nombreux à se tenir ainsi, dans l’ombre, à profiter du temps présent pour se retrouver et partager un peu de chaleur.
    Aïda et Smaïl sont un couple comme un autre.
    - Quand es-tu arrivé ? Lui demande-t-elle.
    - Je ne sais plus depuis quand j’attends, répond-il avant de lui demander :
    - Essaie de deviner ce que j’ai fait au bled !
    Je n’en sais rien, réplique-t-elle avant de feindre de réfléchir. Mais il se peut, vu que tu es très beau, que tu as fait la cour à quelques belles filles de ton village !
    Et que feras-tu si je confirme ? dit Smaïl en souriant. M’arracher les yeux ? Le cœur ?
    A elles, oui ! réplique-t-elle en riant. Comme ça, je t’aurai intact !
    Le jeune homme est redevenu sérieux.
    - Figure-toi que si je suis parti à la maison, lui confie-t-il, c’est pour mettre ma mère au courant. Je lui ai demandé d’en parler à mon père. Si tout va bien, mes parents iront voir les tiens au mois d’août !
    - Tu crois qu’ils vont accepter ?
    - Aïda, je ne me laisserai pas faire, dit-il pour la rassurer. Je vais tenter de trouver du travail rapidement ! Comme ça, je pourrais faire face aux dépenses…
    - Mais s’ils refusent ? demande-t-elle avec insistance.
    - J’irai seul voir tes parents, dit Smaïl. Je les convaincrai que je suis le seul à pouvoir te rendre heureuse ! Seront-ils difficiles ? Que pourraient-ils me demander d’autre ?
    - Jamais ils n’accepteront de me promettre sans la bénédiction de tes parents, dit-elle avant de soupirer. Même si ma famille est riche et lettrée,  elle reste très à cheval sur les traditions ! On ne pourra jamais se marier sans le consentement de nos familles.
    - Prions pour que ma famille ne fasse pas la bêtise de refuser, dit le jeune homme. Aïda, on se voit demain après-midi ?
    - Si tu veux, on se retrouve au parc, propose-t-elle. J’aimerais bien me promener ! Aujourd’hui, il a fait si beau…
    - D’accord pour une promenade en forêt !
    - Attends-moi à l’entrée du parc !
    Ils ne tardent pas à se séparer. Aïda retourne à l’intérieur de la cité. Une immense tristesse l’envahit. Dans peu de temps, elle allait devoir repartir à Chlef, le temps que les résultats soient affichés. Elle aurait voulu rester, mais comme ses parents savent qu’elle n’a rien à faire en attendant, elle est contrainte à rentrer pour ne pas remettre en cause la confiance qu’ils ont placée en elle.
    Elle ne veut pas les décevoir maintenant, et elle ne veut pas qu’ils se doutent qu’il y a une autre raison qui la pousse à rester Alger.
    Si la chance est de son côté, elle se trouvera du travail à Alger. Elle veut travailler dans la même ville que lui pour pouvoir le revoir. Son cœur se serre à chaque fois qu’elle pense à son départ.
    Le lendemain, quand ils se retrouvent au parc zoologique, Smaïl remarque ses yeux rougis.
    - Aïda, qu’est-ce que tu as ?
    - Rien, murmure-t-elle sans le regarder.
    - Je t’en prie, dis-moi ! Ne me laisse pas dans l’ignorance, je vois bien qu’il y a quelque chose ! – Tu ne dois pas avoir de secret pour moi !
    - Je sais, répond-elle. J’ai fait un mauvais rêve hier soir… Smaïl, c’était horrible !

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  3. Artisans de l'ombre Dit :

    Le serment 4e partie
    Par : Adila KATIA

    RÉSUMÉ : Smaïl est rentré en fin de journée. Il se rend à la cité de jeunes filles et surprend Aïda quand elle a appelé sa famille. Celle-ci est heureuse de le revoir. Il lui confie avoir parlé à sa mère, d’elle et des raisons qui le poussent à vouloir la demander en mariage rapidement. Aïda est claire avec lui, si ses parents ne viennent pas avec lui, sa famille refusera. Le lendemain quand ils se revoient, elle est toute triste. Elle a fait un mauvais rêve…

    Smaïl rit de bon cœur. Il se met à la charrier.
    Je te croyais beaucoup plus courageuse ! Jamais je n’aurais cru qu’un mauvais rêve puisse t’effrayerautant. Raconte !
    Ils marchent depuis un moment, l’un serré contre l’autre, avant de s’arrêter sous l’ombre des branches d’un platane. Aïda sort une serviette de son sac et ils s’y assoient.
    Tu as pensé à tout, remarque-t-il.
    Je ne voulais pas avoir les taches d’herbes…
    Aïda appuie sa tête contre l’épaule de Smaïl. Au-dessus de leur tête, les oiseaux chantent, brisant le silence qui les entoure et font entendre leurs jolis sifflements. La jeune fille aurait encore plus apprécié leurs mélodies si elle n’avait pas en tête des souvenirs de ce mauvais rêve. C’était le pire cauchemar qu’elle ait fait dans toute sa vie.
    - Omri…
    Smaïl remarque qu’elle est perdue dans ses pensées.
    - Essaie d’oublier ce mauvais rêve !
    - Jamais je ne le pourrais, murmure-t-elle. C’était horrible… Dans le rêve, quelqu’un m’a attaquée et m’a blessée ! J’ai cherché après toi, je te voyais à travers une brume, il y avait aussi la mer et la pluie ! J’avais beau crier, je ne m’entendais pas, même si parfois tu te tournais vers moi !
    - Et comment interprètes-tu ce rêve ?
    - Je n’y connais rien aux rêves, répond-t-elle en se tournant vers lui. Dans le rêve, j’avais si mal et toi tu étais loin, si loin que j’en ai encore le cœur glacé ! Je crois que tu as voulu me prévenir qu’on allait être séparés !
    - Omri, tu te fais des idées ! Rien ne pourra nous séparer ! lui affirme-t-il. Je te jure que jamais je ne les laisserai nous séparer que ce soit tes parents ou bien les miens ! Crois-moi, jamais cela n’arrivera !
    - Je t’aime, lui dit-elle en pleurant.
    Smaïl la serre dans ses bras puis lui essuie les yeux. Il sèche ses larmes, bouleversé comme jamais.
    - Aïda… et si on se prêtait serment ? propose-t-il. Puisqu’on s’aime, on n’a qu’à se promettre l’un à l’autre ! Ce serment sera plus fort que tout… Il nous liera dans la vie et dans la mort ! Ce serment, rien ne pourra le briser !
    Il l’aide à se lever. La jeune fille n’est pas convaincue.
    - À quoi bon quand on ignore de quoi sera fait l’avenir ? Qui sait si on pourra le tenir ?
    - On tient cette promesse ici, sous cet arbre ! Elle sera aussi forte que lui, insiste-t-il en serrant très fort les mains d’AÏda. Répète après moi… Je jure ici, sous cet arbre, de me réserver à toi !
    Ils font ce serment plusieurs fois si bien qu’Aïda est devenue très grave. Les oiseaux s’étaient tus, respectant ce moment solennel. Dans le silence qui les avait entourés, Aïda avait la voix si grave qu’elle eut l’impression que c’était une autre qui parlait à sa place. Son cœur bat si fort qu’au moment où ils se taisent, elle a le sentiment de s’être engagée pour toujours.
    - Ne l’oublie jamais ! En cas de séparation, quel que soit le nombre d’années, quelles que soient les circonstances, tu es à moi, tout comme je suis à toi ! dit Smaïl avant de la serrer dans ses bras, contre son cœur. Quoi qu’il arrive, n’oublie jamais que je t’aime !
    - Oui…
    En jetant un coup d’œil à sa montre, il se rappelle un rendez-vous, avec le père d’un camarade.
    - Peut-être qu’il pourra me prendre dans son atelier de réparation… S’il est d’accord, je pourrais travailler après les cours. Je pourrais me faire un peu d’argent… On en aura besoin !
    - Tu pars maintenant ? Je croyais qu’on devait passer l’après-midi ensemble ? lui rappelle-t-elle.
    Je ne l’ai su que ce matin, s’excuse-t-il. Viens, faisons un bout de chemin ensemble !
    Mais comme ils doivent prendre des directions opposées, ils sont contraints de se séparer plus tôt que prévu. Aïda part la première, dans un taxi. Elle est soulagée que Smaïl ne voit pas ses larmes. Il n’aurait pas compris. C’est plus fort qu’elle. Au fond de son cœur, elle était encore troublée par le rêve fait la veille. Elle était sûre qu’il allait leur arriver quelque chose. Elle décide de se rendre chez Nadia, espérant que sa mère pourrait l’aider à mieux comprendre…

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  4. Sougri de souche Dit :

    Le serment 5e partie
    Par : Adila KATIA

    - As-tu un différend avec quelqu’un ? Un homme ou une femme ?
    Aïda regarde Ghania, la mère de Nadia, ne comprenant pas où elle voulait en venir et quelle relation ces questions ont avec son rêve. Elle répond spontanément.
    - Non, je m’entends avec tout le monde. Pourquoi ?
    - Ce n’est pas pour t’inquiéter mais il se pourrait que tu aies des problèmes plus tard ! dit Ghania. Il y aura des querelles. Pourquoi, je l’ignore, mais ce que je sais, c’est que ce sera une période difficile à vivre !
    - Et pour Smaïl, pourquoi cette brume, cette mer entre nous ?
    - Il y aura un problème d’argent, c’est tout ce que je peux te dire, dit Ghania. Je sais que vous surpasserez ces problèmes !
    - Inch Allah !
    Nadia sert du jus d’orange et des gâteaux. Ghania veut en savoir un peu plus.
    - Ce garçon t’aime beaucoup ?
    - Oui, et c’est réciproque ! Cette semaine il a été voir sa famille et a parlé de moi à sa mère, confie la jeune fille. D’ici quelques jours, on saura s’ils sont d’accords !
    Espérons qu’ils ne poseront pas de problème…
    Nadia ne donne pas le temps à sa mère de poursuivre.
    Et si on allait travailler ? propose-t-elle à son amie. J’ai terminé une grande partie de mes recherches… Tu nous excuses maman !
    Faites comme il vous plaît !
    Aïda suit son amie jusqu’à sa chambre et elles s’installent derrière le bureau en face de la fenêtre.
    - Cela ne t’a pas plu que ta mère me pose des questions, pourquoi ?
    - Remercie-moi ! Tu échappais moins un à un interrogatoire ! rétorque Nadia. As-tu vu Smaïl aujourd’hui ?
    - Oui, nous nous sommes vus, répond-elle. Imagine ce qu’on a bien pu faire sous un arbre ? lâche-t-elle en riant doucement, les yeux brillants au souvenir de cet instant.
    - Que peut bien faire un couple sous un arbre ? s’interroge Nadia, à part s’embrasser… se rouler sur l’herbe ?
    Mais en inspectant des yeux les vêtements de son amie, il n’y a rien qui laisse penser qu’ils ont roulé sur l’herbe. Aïda était venue, bien coiffée, impeccable comme d’habitude. Ils n’ont rien pu faire d’autre que s’embrasser. Ils n’ont rien fait d’interdit. Cela la rassure…
    - Je donne ma langue au chat, dit Nadia. Ce n’est pas la première fois qu’il t’embrasse donc… Tu ne peux pas faire un scoop avec ça, à chaque fois que vous aurez échangé un baiser ! Alors ?
    - On a prêté serment de se réserver l’un à l’autre, lui apprend Aïda. Un serment, à la vie, à la mort !
    Nadia sursaute comme si elle avait été pincée.
    - Mais vous êtes fous ! s’écrie-t-elle. Qui dit que vous allez vous revoir dans quelques mois ? Non pas que je souhaite votre séparation mais vous ignorez tout de l’avenir ! Imagine que ses parents ne veulent pas, ne me dis pas que tu vas fuguer et accepter de vivre cachée pour finir par mettre en colère ta famille ! Les hommes ne tiennent jamais leurs promesses Aïda ! Dès qu’il verra qu’il est perdant et souffre de la situation, il retournera auprès de sa famille sans se préoccuper de ton sort !
    - Tu parles uniquement des parents de Smaïl, remarque la jeune fille. Si tu connaissais les miens, tu t’inquiéterais de leurs réactions quand ils apprendront que je veux me marier avec un Kabyle ! Dans notre famille, il n’y a jamais eu d’alliance avec des Kabyles !
    Mais toi tu ne vas pas te laisser faire ? l’interroge Nadia.
    - Je vais me battre pour l’imposer ! dit Aïda, redevenue grave et pensive. Jusqu’à mon dernier souffle…
    Nadia regrette d’avoir abordé le sujet, son amie est si triste. Pour lui faire oublier, elle lui rappelle la priorité de l’heure : leur dernier examen et y réussir.

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  5. Sougri de souche Dit :

    Le serment 6e partie
    Par : Adila KATIA

    - As-tu amené toutes tes affaires ? On pourrait se mettre au travail dès maintenant et tu restes passer la nuit ici, l’invite Nadia. Cela me fera de la compagnie et on se concentrera mieux sur cet examen. Qu’en dis-tu ?
    - Je ne voudrais pas m’imposer, murmure Aïda. Tes parents…
    - Cela leur fera plaisir, la rassure Nadia qui est soulagée de ne pas avoir à la laisser partir aussi triste. J’ai même une autre idée. Si on passait prendre tes affaires, tu resteras ici jusqu’à ton départ !
    - Je voudrais bien mais consulte tes parents avant, dit l’amie.
    - J’invite ma meilleure amie ! Ils ne diront rien…
    Aïda ne peut pas s’en douter mais son amie est prête à tout pour l’imposer. Elle ne voulait pas la laisser partir. Elle la sentait prête à commettre une folie avant de rentrer à Chlef. Nadia se sent responsable de son amie et tient à la garder chez elle, pour lui éviter d’autres souffrances.
    Depuis son installation chez son amie Nadia, Aïda n’a pas vu le temps passer. Concentrée autant qu’elle sur les recherches, leurs analyses sont prêtes au bout de deux semaines. Avec l’aide d’une voisine enseignante, une fois les sujets corrigés, elles purent le saisir. Le résultat les enthousiasma beaucoup. Aïda aurait voulu ne pas soutenir leurs thèses tout de suite. Nadia était d’un avis contraire.
    C’est vrai, on a bossé comme des nègres, ces derniers jours, reconnaît-elle. Mais on doit profiter de la fraîcheur de nos connaissances pour soutenir maintenant ! On ne peut que réussir, on a tous les atouts en main, pourquoi remettre à plus tard ?
    - Il me faut de l’argent et je n’ai pas encore touché ma bourse, prétexte Aïda. Tu sembles oublier qu’on en aura besoin ! Pas question que j’aille voir mes parents pour leur demander de l’argent !
    Mais Nadia refuse. Ses parents sont prêts à lui avancer l’argent qu’il faut pour les frais de la soutenance. Aïda se voit désarmée. Son amie ne lui laisse plus le choix. D’ailleurs, Nadia ne perd pas son temps. Grâce à Fella, l’enseignante et voisine, les deux jeunes filles n’ont aucun problème avec l’administration. La date de leur soutenance est vite arrêtée. Elle est prévue dans deux semaines.
    Aïda panique quand elle l’apprend.
    -Tu penses qu’on pourra tenir tête au jury, qu’on pourra éviter leurs questions pièges ?
    -Bien sûr, on va réussir ! Tu te fais du mauvais sang pour rien, affirme Nadia. Comme toujours, on sera les meilleures ! Dis, tu n’avais pas rendez-vous ?
    -Si, cet après-midi.
    -Tu n’as pas vu l’heure, s’exclame son amie en lui montrant la pendule. Dépêche-toi de courir à lui ! À Ben Aknoun, il y a plein de jolies filles !
    -Impossible, il m’a prêté serment, lui rappelle Aïda tout en se préparant à sortir. Il attendra le temps qu’il faut…
    Enfin, elle a beau se presser, elle arrive en retard au rendez-vous. Elle est émue en le retrouvant sous le platane où ils s’étaient promis l’un à l’autre. Smaïl lui paraît maigri, les cernes sous ses yeux lui rappellent que lui aussi veille après son travail. Il ne prépare pas tout de suite sa thèse. Il soutiendra en septembre ou octobre si tout se passe comme il le souhaite.
    -Te voilà enfin ! Aaslama ! s’écrie-t-il en l’accueillant à bras ouverts. Comment vas-tu ?
    -Je vais bien, je suis tellement fatiguée, répond-elle se blottissant dans ses bras.
    -Mais dis-moi, comment vas-tu ? Comment arrives-tu à joindre les deux bouts ?
    -Cela aurait pu être supportable si je te voyais après, lui confie-t-il dans un soupir. Je n’arriverai jamais à supporter ton absence ! Ne pas te voir et te parler pendant des jours est une vraie torture ! Ça va me tuer… Mon cœur ne le supportera pas !
    -Sois patient omri, on ne peut rien faire d’autre ! D’ici quelques mois, on sera éclairé !
    -Tout à l’heure quand j’ai appelé, je suis tombé sur la mère de Nadia, dit-il. Vous étiez sorties ?

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  6. Sougri de souche Dit :

    Le serment 7e partie
    Par : Adila KATIA

    - On était chez la voisine, répond-elle. Elle nous a donné un coup de pouce dans nos travaux, et même pour soutenir parmi les premiers. C’est-à-dire… dans deux semaines ! On sera vite fixés sur nos résultats ! Avec un peu de chance, on trouvera du travail ici, dans un même laboratoire ! Je ne voudrais pas quitter Alger ! Et toi, es-tu reparti chez toi ?
    - Non, je n’ai pas eu le temps. Et toi, quand comptes-tu partir ? demande Smaïl.
    - Après ma soutenance, je devrai partir, dit-elle toute triste. Je ne pourrais pas m’attarder plus longtemps…
    Omri, tu penses que tes parents viendront ?
    - S’ils tiennent à moi, ils le feront !
    Y aura-t-il un moyen de te contacter ? demande le jeune homme, pour avoir de tes nouvelles ou pour t’en donner… Il est inquiet mais il ne le montre
    pas. Il ne voudrait pas l’angoisser
    davantage.
    - Nadia s’en chargera jusqu’au jour où nous pourrons nous rappeler, dit-elle. C’est mon amie, je sais que je pourrai compter sur elle !
    Smaïl sait que ce sera inévitable. Il s’en veut, il a des remords. Il lui a menti. Il était reparti chez lui et l’accueil de son père n’a pas été chaleureux. Ce dernier projette de le marier à une cousine. Il n’a rien voulu entendre, si bien que Smaïl était parti en claquant la porte. Il a passé la nuit dehors et il n’est pas près de retourner chez ses parents. Tant que son père n’aura pas changé de sentiments, il est décidé de couper avec eux. Il espère que sa mère saura le raisonner et lui ouvrir les yeux sur l’essentiel : s’ils veulent son retour, il faudra qu’ils acceptent de le marier avec celle qu’il aime.
    Le jeune homme aurait voulu avoir de bonnes nouvelles à lui apprendre. Il se voyait contraint de lui mentir car il ne supporterait pas de la voir souffrir.
    - Concentre toi sur ta thèse, le reste on verra plus tard ! Elle ne tarde pas à rentrer. Elle tente de se concentrer sur ses révisions. Nadia est de bonne compagnie et il lui est facile en sa présence de ne pas penser à Smaïl. Le jour J arrive vite au goût d’Aïda. Elle et Nadia soutienne un lundi matin. Aïda était morte de peur, elle craignait de ne pas être à la hauteur. Pourtant elle s’est surpassée, laissant les membres du jury bouche bée. Nadia, qui maîtrisait son sujet, fut à la hauteur, au grand plaisir de sa famille et de ses amis. En attendant de connaître l’avis du jury, elles sortent dehors. Les parents de Nadia et leurs amis ont été surpris par leur maîtrise du sujet et leur calme.
    Aïda en rit maintenant et tous rient de bon cœur avec elle lorsqu’elle leur confie :
    - J’avais les genoux qui tremblent et envie d’aller aux toilettes ! Si vous appelez cela du calme et de la maitrise…
    - Mais ça va mieux maintenant ? demande Smaïl.
    La jeune fille sourit, les rassurant. Elle n’aurait pas tenu le coup sans sa présence. Elle tenait à sa réussite, elle avait évité de tomber dans les questions piège. Elle souhaitait réussir dans tout ce qu’elle faisait, et en particulier elle priait pour que leur histoire d’amour finisse comme dans les contes de fées.
    Même si c’est un jour décisif dans ses études, elle ne peut s’empêcher de penser aux parents de Smaïl. Elle espère qu’ils la demanderont en mariage rapidement, elle ne veut pas être séparée de lui, même pour quelques jours. Tu étais la plus belle et tu es la meilleure, lui dit ce dernier. D’ici quelques minutes, le jury va confirmer mes dires !
    Je suis fatiguée et que même des mauvaises notes ne pourront m’arracher une réaction, répond-elle. Je crois que je suis à bout…
    Pourtant, même fatiguée, quand le jury délibère, elle saute de joie et pleure longtemps. Tout comme elle, Nadia a eu d’excellentes notes. Plus qu’elles n’avaient espéré. Ses parents invitent toute la famille et tous les amis, à passer au salon de thé situé non loin de là. Ghania n’avait rien dit à sa fille, voulant leur faire une surprise. Et c’en est une que les deux amies apprécient à sa juste valeur. Aïda est très émue.
    - Merci khalti, c’est si gentille. Vous n’auriez pas dû…
    - Vous le méritez après toutes ces années de labeur !
    - Khalti, je vais vous laisser… Je vous verrai plus tard, dit-elle en sortant précipitamment après l’avoir embrassée sur la joue.
    - Mais où est-elle partie ? demande Ghania, à sa fille. Elle n’a rien pris, rien goûté !
    - On lui garde sa part pour ce soir, propose Nadia. Elle devait avoir un rendez-vous urgent…
    Même si son amie ne lui avait rien dit, elle avait deviné juste. Aïda et Smaïl étaient partis en voiture. Un copain la lui avait prêtée et il tenait à emmener sa dulcinée à la mer pour qu’elle puisse se détendre au soleil et au bord de l’eau… Ils en ont bien besoin après toutes ces semaines de travail et de tensions. Aïda remarque qu’il n’a pas été très bavard ces derniers jours au téléphone. Elle voudrait lui faire la remarque mais il la garde serrée contre lui. Uniquement pour qu’ils ne se regardent pas dans les yeux…

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  7. Artisans de l'ombre Dit :

    Le serment 5e partie
    Par : Adila KATIA

    - As-tu un différend avec quelqu’un ? Un homme ou une femme ?
    Aïda regarde Ghania, la mère de Nadia, ne comprenant pas où elle voulait en venir et quelle relation ces questions ont avec son rêve. Elle répond spontanément.
    - Non, je m’entends avec tout le monde. Pourquoi ?
    - Ce n’est pas pour t’inquiéter mais il se pourrait que tu aies des problèmes plus tard ! dit Ghania. Il y aura des querelles. Pourquoi, je l’ignore, mais ce que je sais, c’est que ce sera une période difficile à vivre !
    - Et pour Smaïl, pourquoi cette brume, cette mer entre nous ?
    - Il y aura un problème d’argent, c’est tout ce que je peux te dire, dit Ghania. Je sais que vous surpasserez ces problèmes !
    - Inch Allah !
    Nadia sert du jus d’orange et des gâteaux. Ghania veut en savoir un peu plus.
    - Ce garçon t’aime beaucoup ?
    - Oui, et c’est réciproque ! Cette semaine il a été voir sa famille et a parlé de moi à sa mère, confie la jeune fille. D’ici quelques jours, on saura s’ils sont d’accords !
    Espérons qu’ils ne poseront pas de problème…
    Nadia ne donne pas le temps à sa mère de poursuivre.
    Et si on allait travailler ? propose-t-elle à son amie. J’ai terminé une grande partie de mes recherches… Tu nous excuses maman !
    Faites comme il vous plaît !
    Aïda suit son amie jusqu’à sa chambre et elles s’installent derrière le bureau en face de la fenêtre.
    - Cela ne t’a pas plu que ta mère me pose des questions, pourquoi ?
    - Remercie-moi ! Tu échappais moins un à un interrogatoire ! rétorque Nadia. As-tu vu Smaïl aujourd’hui ?
    - Oui, nous nous sommes vus, répond-elle. Imagine ce qu’on a bien pu faire sous un arbre ? lâche-t-elle en riant doucement, les yeux brillants au souvenir de cet instant.
    - Que peut bien faire un couple sous un arbre ? s’interroge Nadia, à part s’embrasser… se rouler sur l’herbe ?
    Mais en inspectant des yeux les vêtements de son amie, il n’y a rien qui laisse penser qu’ils ont roulé sur l’herbe. Aïda était venue, bien coiffée, impeccable comme d’habitude. Ils n’ont rien pu faire d’autre que s’embrasser. Ils n’ont rien fait d’interdit. Cela la rassure…
    - Je donne ma langue au chat, dit Nadia. Ce n’est pas la première fois qu’il t’embrasse donc… Tu ne peux pas faire un scoop avec ça, à chaque fois que vous aurez échangé un baiser ! Alors ?
    - On a prêté serment de se réserver l’un à l’autre, lui apprend Aïda. Un serment, à la vie, à la mort !
    Nadia sursaute comme si elle avait été pincée.
    - Mais vous êtes fous ! s’écrie-t-elle. Qui dit que vous allez vous revoir dans quelques mois ? Non pas que je souhaite votre séparation mais vous ignorez tout de l’avenir ! Imagine que ses parents ne veulent pas, ne me dis pas que tu vas fuguer et accepter de vivre cachée pour finir par mettre en colère ta famille ! Les hommes ne tiennent jamais leurs promesses Aïda ! Dès qu’il verra qu’il est perdant et souffre de la situation, il retournera auprès de sa famille sans se préoccuper de ton sort !
    - Tu parles uniquement des parents de Smaïl, remarque la jeune fille. Si tu connaissais les miens, tu t’inquiéterais de leurs réactions quand ils apprendront que je veux me marier avec un Kabyle ! Dans notre famille, il n’y a jamais eu d’alliance avec des Kabyles !
    Mais toi tu ne vas pas te laisser faire ? l’interroge Nadia.
    - Je vais me battre pour l’imposer ! dit Aïda, redevenue grave et pensive. Jusqu’à mon dernier souffle…
    Nadia regrette d’avoir abordé le sujet, son amie est si triste. Pour lui faire oublier, elle lui rappelle la priorité de l’heure : leur dernier examen et y réussir.

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  8. Artisans de l'ombre Dit :

    Le serment 6e partie
    Par : Adila KATIA

    - As-tu amené toutes tes affaires ? On pourrait se mettre au travail dès maintenant et tu restes passer la nuit ici, l’invite Nadia. Cela me fera de la compagnie et on se concentrera mieux sur cet examen. Qu’en dis-tu ?
    - Je ne voudrais pas m’imposer, murmure Aïda. Tes parents…
    - Cela leur fera plaisir, la rassure Nadia qui est soulagée de ne pas avoir à la laisser partir aussi triste. J’ai même une autre idée. Si on passait prendre tes affaires, tu resteras ici jusqu’à ton départ !
    - Je voudrais bien mais consulte tes parents avant, dit l’amie.
    - J’invite ma meilleure amie ! Ils ne diront rien…
    Aïda ne peut pas s’en douter mais son amie est prête à tout pour l’imposer. Elle ne voulait pas la laisser partir. Elle la sentait prête à commettre une folie avant de rentrer à Chlef. Nadia se sent responsable de son amie et tient à la garder chez elle, pour lui éviter d’autres souffrances.
    Depuis son installation chez son amie Nadia, Aïda n’a pas vu le temps passer. Concentrée autant qu’elle sur les recherches, leurs analyses sont prêtes au bout de deux semaines. Avec l’aide d’une voisine enseignante, une fois les sujets corrigés, elles purent le saisir. Le résultat les enthousiasma beaucoup. Aïda aurait voulu ne pas soutenir leurs thèses tout de suite. Nadia était d’un avis contraire.
    C’est vrai, on a bossé comme des nègres, ces derniers jours, reconnaît-elle. Mais on doit profiter de la fraîcheur de nos connaissances pour soutenir maintenant ! On ne peut que réussir, on a tous les atouts en main, pourquoi remettre à plus tard ?
    - Il me faut de l’argent et je n’ai pas encore touché ma bourse, prétexte Aïda. Tu sembles oublier qu’on en aura besoin ! Pas question que j’aille voir mes parents pour leur demander de l’argent !
    Mais Nadia refuse. Ses parents sont prêts à lui avancer l’argent qu’il faut pour les frais de la soutenance. Aïda se voit désarmée. Son amie ne lui laisse plus le choix. D’ailleurs, Nadia ne perd pas son temps. Grâce à Fella, l’enseignante et voisine, les deux jeunes filles n’ont aucun problème avec l’administration. La date de leur soutenance est vite arrêtée. Elle est prévue dans deux semaines.
    Aïda panique quand elle l’apprend.
    -Tu penses qu’on pourra tenir tête au jury, qu’on pourra éviter leurs questions pièges ?
    -Bien sûr, on va réussir ! Tu te fais du mauvais sang pour rien, affirme Nadia. Comme toujours, on sera les meilleures ! Dis, tu n’avais pas rendez-vous ?
    -Si, cet après-midi.
    -Tu n’as pas vu l’heure, s’exclame son amie en lui montrant la pendule. Dépêche-toi de courir à lui ! À Ben Aknoun, il y a plein de jolies filles !
    -Impossible, il m’a prêté serment, lui rappelle Aïda tout en se préparant à sortir. Il attendra le temps qu’il faut…
    Enfin, elle a beau se presser, elle arrive en retard au rendez-vous. Elle est émue en le retrouvant sous le platane où ils s’étaient promis l’un à l’autre. Smaïl lui paraît maigri, les cernes sous ses yeux lui rappellent que lui aussi veille après son travail. Il ne prépare pas tout de suite sa thèse. Il soutiendra en septembre ou octobre si tout se passe comme il le souhaite.
    -Te voilà enfin ! Aaslama ! s’écrie-t-il en l’accueillant à bras ouverts. Comment vas-tu ?
    -Je vais bien, je suis tellement fatiguée, répond-elle se blottissant dans ses bras.
    -Mais dis-moi, comment vas-tu ? Comment arrives-tu à joindre les deux bouts ?
    -Cela aurait pu être supportable si je te voyais après, lui confie-t-il dans un soupir. Je n’arriverai jamais à supporter ton absence ! Ne pas te voir et te parler pendant des jours est une vraie torture ! Ça va me tuer… Mon cœur ne le supportera pas !
    -Sois patient omri, on ne peut rien faire d’autre ! D’ici quelques mois, on sera éclairé !
    -Tout à l’heure quand j’ai appelé, je suis tombé sur la mère de Nadia, dit-il. Vous étiez sorties ?

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  9. Artisans de l'ombre Dit :

    Le serment 7e partie
    Par : Adila KATIA

    - On était chez la voisine, répond-elle. Elle nous a donné un coup de pouce dans nos travaux, et même pour soutenir parmi les premiers. C’est-à-dire… dans deux semaines ! On sera vite fixés sur nos résultats ! Avec un peu de chance, on trouvera du travail ici, dans un même laboratoire ! Je ne voudrais pas quitter Alger ! Et toi, es-tu reparti chez toi ?
    - Non, je n’ai pas eu le temps. Et toi, quand comptes-tu partir ? demande Smaïl.
    - Après ma soutenance, je devrai partir, dit-elle toute triste. Je ne pourrais pas m’attarder plus longtemps…
    Omri, tu penses que tes parents viendront ?
    - S’ils tiennent à moi, ils le feront !
    Y aura-t-il un moyen de te contacter ? demande le jeune homme, pour avoir de tes nouvelles ou pour t’en donner… Il est inquiet mais il ne le montre
    pas. Il ne voudrait pas l’angoisser
    davantage.
    - Nadia s’en chargera jusqu’au jour où nous pourrons nous rappeler, dit-elle. C’est mon amie, je sais que je pourrai compter sur elle !
    Smaïl sait que ce sera inévitable. Il s’en veut, il a des remords. Il lui a menti. Il était reparti chez lui et l’accueil de son père n’a pas été chaleureux. Ce dernier projette de le marier à une cousine. Il n’a rien voulu entendre, si bien que Smaïl était parti en claquant la porte. Il a passé la nuit dehors et il n’est pas près de retourner chez ses parents. Tant que son père n’aura pas changé de sentiments, il est décidé de couper avec eux. Il espère que sa mère saura le raisonner et lui ouvrir les yeux sur l’essentiel : s’ils veulent son retour, il faudra qu’ils acceptent de le marier avec celle qu’il aime.
    Le jeune homme aurait voulu avoir de bonnes nouvelles à lui apprendre. Il se voyait contraint de lui mentir car il ne supporterait pas de la voir souffrir.
    - Concentre toi sur ta thèse, le reste on verra plus tard ! Elle ne tarde pas à rentrer. Elle tente de se concentrer sur ses révisions. Nadia est de bonne compagnie et il lui est facile en sa présence de ne pas penser à Smaïl. Le jour J arrive vite au goût d’Aïda. Elle et Nadia soutienne un lundi matin. Aïda était morte de peur, elle craignait de ne pas être à la hauteur. Pourtant elle s’est surpassée, laissant les membres du jury bouche bée. Nadia, qui maîtrisait son sujet, fut à la hauteur, au grand plaisir de sa famille et de ses amis. En attendant de connaître l’avis du jury, elles sortent dehors. Les parents de Nadia et leurs amis ont été surpris par leur maîtrise du sujet et leur calme.
    Aïda en rit maintenant et tous rient de bon cœur avec elle lorsqu’elle leur confie :
    - J’avais les genoux qui tremblent et envie d’aller aux toilettes ! Si vous appelez cela du calme et de la maitrise…
    - Mais ça va mieux maintenant ? demande Smaïl.
    La jeune fille sourit, les rassurant. Elle n’aurait pas tenu le coup sans sa présence. Elle tenait à sa réussite, elle avait évité de tomber dans les questions piège. Elle souhaitait réussir dans tout ce qu’elle faisait, et en particulier elle priait pour que leur histoire d’amour finisse comme dans les contes de fées.
    Même si c’est un jour décisif dans ses études, elle ne peut s’empêcher de penser aux parents de Smaïl. Elle espère qu’ils la demanderont en mariage rapidement, elle ne veut pas être séparée de lui, même pour quelques jours. Tu étais la plus belle et tu es la meilleure, lui dit ce dernier. D’ici quelques minutes, le jury va confirmer mes dires !
    Je suis fatiguée et que même des mauvaises notes ne pourront m’arracher une réaction, répond-elle. Je crois que je suis à bout…
    Pourtant, même fatiguée, quand le jury délibère, elle saute de joie et pleure longtemps. Tout comme elle, Nadia a eu d’excellentes notes. Plus qu’elles n’avaient espéré. Ses parents invitent toute la famille et tous les amis, à passer au salon de thé situé non loin de là. Ghania n’avait rien dit à sa fille, voulant leur faire une surprise. Et c’en est une que les deux amies apprécient à sa juste valeur. Aïda est très émue.
    - Merci khalti, c’est si gentille. Vous n’auriez pas dû…
    - Vous le méritez après toutes ces années de labeur !
    - Khalti, je vais vous laisser… Je vous verrai plus tard, dit-elle en sortant précipitamment après l’avoir embrassée sur la joue.
    - Mais où est-elle partie ? demande Ghania, à sa fille. Elle n’a rien pris, rien goûté !
    - On lui garde sa part pour ce soir, propose Nadia. Elle devait avoir un rendez-vous urgent…
    Même si son amie ne lui avait rien dit, elle avait deviné juste. Aïda et Smaïl étaient partis en voiture. Un copain la lui avait prêtée et il tenait à emmener sa dulcinée à la mer pour qu’elle puisse se détendre au soleil et au bord de l’eau… Ils en ont bien besoin après toutes ces semaines de travail et de tensions. Aïda remarque qu’il n’a pas été très bavard ces derniers jours au téléphone. Elle voudrait lui faire la remarque mais il la garde serrée contre lui. Uniquement pour qu’ils ne se regardent pas dans les yeux…

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  10. Artisans de l'ombre Dit :

    Le serment 8e partie
    Par : Adila KATIA

    - Quelque chose ne va pas omri ?
    - Non, tout va bien, tente-t-il de la rassurer. Je t’aime Aïda !
    - Je te sens loin d’ici, insiste-t-elle en se dégageant de son bras pour pouvoir se tenir en face de lui et le regarder dans les yeux. Je sens tu me caches des choses… Tu as des nouvelles de tes parents, n’est-ce pas ? et tu ne veux pas me le dire ! Je croyais qu’il ne devait pas y avoir de secret entre nous !
    Le jeune homme se défend, mal à l’aise.
    - Je n’ai jamais eu de secret pour toi !
    - Alors, dis-moi ce qui ne va pas ! s’écrie-t-elle le cœur serré, devinant sans peine que cela avait un lien avec leur avenir. Ils ne veulent pas de moi ?
    - C’est mon père, avoue-t-il. Il avait d’autres projets pour moi… Tant qu’il ne voudra pas, je ne partirai plus à la maison !
    - Et ta mère ? demande-t-elle pensant à sa douleur en sachant qu’elle ne verra plus son fils aîné. De quel côté est-elle ?
    - Du mien bien sûr, mais il lui faudra du temps pour convaincre mon père, regrette le jeune homme. J’aurais voulu qu’on n’en parle pas aujourd’hui… Je viens de gâcher la plus belle journée de ta vie !
    - Un jour ou l’autre, je l’aurais su… Penses-tu avoir le dernier mot un jour ? l’interroge-t-elle en le regardant dans les yeux.
    - Oui, répond-il spontanément. Mais es-tu prête à m’attendre ? Dès que j’aurai où t’emmener, accepteras-tu de quitter ta famille, pour moi ?
    - Tu parles de fuguer ? fuir ? demande Aïda. – Si cela peut faire notre bonheur, je le ferais !
    Smaïl soupire de soulagement. C’est tout ce qu’il voulait entendre.
    - Jamais je ne te trahirai ! N’oublie jamais qu’un serment nous lie à tout jamais ! Quand partiras-tu chez toi ?
    - La semaine prochaine !
    - Tu vas me manquer Aïda, lui dit-il les larmes aux les yeux. Comment vais-je vivre sans toi ?
    La jeune fille ne sait pas plus que lui comment elle pourra supporter la douleur. Leur séparation, qu’elle espère temporaire, est inévitable.
    En attendant, chaque jour ils se voient, passent des moments inoubliables et prennent des photos souvenir qu’ils développent ensemble. Ils les partagent. Aïda range les siennes dans un classeur, et lui dans son portefeuille qui a vite gonflé. À défaut de billets de banque, il est plein de moments de bonheur figé.
    Le temps semble avoir filé rapidement, trop vite à leur goût. Le jour du départ arrive déjà. Aïda a rangé ses affaires et en se rendant à la gare d’Agha, des amis et Nadia l’accompagnent. Smaïl est aussi présent. Elle se sent mal en le voyant se détourner pour essuyer les larmes qui perlent à ses paupières.
    Elle s’efforce à paraître calme mais elle aussi pleure. Comment ne pas avoir le cœur brisé devant la tristesse de son bien-aimé et de tous ses amis ?
    Dans le vacarme de la gare, on annonçait le départ de son train, dans dix minutes. Un autre train roulait avec un bruit sourd de moteur de traction, un bruit terrible qui fait tourner les voyageurs qui attendent sur le quai.
    - J’espère que ce n’est pas dans celui-ci que tu pars ! s’écrie Nadia, inquiète.
    - Non, c’est un train de marchandises…
    Une nouvelle fois, l’opératrice annonce le train. Ce dernier venait d’arriver. Aïda est contrainte à se séparer de ses amis et de Smaïl. Elle les embrasse rapidement et monte s’installer dans un compartiment vide. Smaïl a porté ses bagages et les a posés dans le coin, bien calés et bien en vue. Ses amis lui font des signes depuis le quai tous aussi tristes qu’elle.
    - Je t’aime ! lui dit-il en serrant sa main une dernière fois. Ne l’oublie jamais…
    Il est contraint de descendre. Aïda leur fait des signes de la main, envoyant des baisers, en larmes. Quand le train démarre, elle éclate en sanglots. Lorsque ses amis et Smaïl ne sont plus visibles, elle ferme les yeux et tente de ne pas entendre les voyageurs et les conversations. Elle ne veut écouter que son cœur qui lui dit de descendre du train et de courir retrouver son bien-aimé. Mais le train n’allait pas s’arrêter pour elle. Maintenant, elle était en partance pour l’inconnu. Même s’ils s’étaient fait la promesse d’être l’un à l’autre, elle sait que cela ne dépendra pas d’eux mais de la volonté de Dieu…

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  11. Artisans de l'ombre Dit :

    Le serment 9e partie
    Par : Adila KATIA

    Aïda est heureuse de découvrir son père à la gare. Il était plus de dix heures du soir et elle avait craint que personne ne soit là à l’attendre. Elle leur avait envoyé un télégramme la veille et ignorait jusqu’à maintenant s’ils l’avaient reçu ou non.
    Son retour à la maison est une vraie fête. Sa mère Karima avait prévenu ses sœurs mariées. Elles étaient venues avec leurs enfants et, malgré l’heure tardive, elles avaient tenu à l’attendre. Il n’était pas question pour elles de se mettre au lit sans l’avoir vue.
    Sa mère n’en revient pas quand elle leur apprend qu’elle a soutenu avec succès.
    Félicitations ma fille ! Inch Allah, toute ta vie sera jalonnée de succès !
    Je l’espère aussi maman ! Moi et Nadia avions beaucoup travaillé, nous tenions à réussir ! Mais il nous reste à trouver du travail et ce ne sera pas facile !
    Ton père connaît tout le monde dans la région, la rassure sa mère. Il va te trouver quelque chose, n’est-ce pas Ali ?
    Nous avons entièrement le temps, elle vient d’arriver, répond-il. Elle a besoin de repos maintenant ! Ces derniers mois ont dû être très pénibles…
    Aïda reconnaît qu’elle n’a pas eu le temps de se reposer depuis longtemps. Elle est soulagée lorsque ses sœurs Maria et Ferrouz proposent de monter se coucher. Leur père Ali est un ancien entrepreneur, il est connu et apprécié de tout le monde dans la région. Aïda ne se fait aucun doute là-dessus, il allait vite lui dénicher un travail.
    La jeune fille est heureuse de retrouver sa chambre. Elle s’assoit au milieu du lit et ses sœurs la rejoignent vite. Ces dernières n’ont aucune envie de dormir, elles veulent discuter avec elle sans avoir à craindre des oreilles indiscrètes.il y a si longtemps qu’elles ne se sont pas vues, cela faisait plus de six mois depuis qu’elle était partie à Alger et qu’elle n’en était pas revenue. Elles sont toutes au courant de son histoire d’amour et elles veulent savoir comment se sont passés ces derniers mois avec Smaïl.
    - Allez, raconte-nous ! la prie sa sœur Maria.
    - On est toujours ensemble, dit-elle en sentant son cœur se serrer au doux souvenir de son bien-aimé. Il a parlé de moi, à ses parents ! Il tient à se marier avec moi… Et je suis d’accord !
    - Tu es folle ! s’écrie sa sœur Ferrouz. Papa n’acceptera jamais. Il tient à ce qu’on se marie ici ! Tu ne seras pas une exception. Tu sembles oublier que j’ai dû rompre avec Larbi parce qu’il n’était pas de la région ! C’était ça ou le reniement !
    - Je préfère être reniée que de vivre dans la monotonie d’un mariage arrangé ! Je ne suis pas vous, leur dit Aïda. Je me marierai avec celui que j’aime ! Qu’il soit riche ou pauvre, peu importe ! Tout ce qui compte est que moi et lui on soit ensemble !
    Sa sœur Maria soupire, elle est désolée pour elle.
    Papa ne te laissera pas le choix ! Et tu seras obligée de changer et d’accepter qu’il décide pour toi ! Tu sembles avoir oublié combien il peut se montrer dur, inflexible sur certains sujets…
    Je m’en fiche, dit Aïda. J’ai prêté serment et jamais je ne reviendrai là-dessus !
    Ce ne sont que des mots, réplique Maria. Et quelle idée que de se promettre ! Ça n’a rien de sacré… Et puis, autant tu le saches maintenant, tu as eu un prétendant dernièrement ! Un garçon que papa estime beaucoup ! Sa famille viendra de te voir maintenant que tu es rentrée…
    Aïda se prend la tête entre les mains et se met à pleurer.
    Merci de gâcher mon retour à la maison, murmure-t-elle. Si j’avais su, je ne serais pas revenue !
    Ferrouz l’attire contre elle et tente de la réconforter. Elle lui donne un conseil, sachant que leur mère approuvera toutes les décisions de leur père.
    Ne lui en parle pas, lui conseille-t-elle. Tu connais maman, elle se mettrait à te surveiller et à tout t’interdire !
    Je suis fatiguée, je voudrais dormir…
    Ses sœurs échangent un regard et décident de ne pas tarder.
    Bonne nuit… On se verra demain ! Dors bien…
    Aïda ne prend pas la peine de se changer. La nouvelle l’a comme assommée. Elle s’endort avec l’idée qu’elle aurait mieux fait de rester Alger. Elle retrouve dans ses rêves Smaïl. Comme il est bon d’être avec lui. Elle voudrait que le rêve ne finisse pas et que le jour ne se lève pas…

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  12. Artisans de l'ombre Dit :

    Le serment 10e partie
    Par : Adila KATIA

    On n’aurait pas dû, dit Maria tout en couvrant sa sœur d’une couverture quand elle la voit frissonner. Elle est encore trop jeune pour comprendre !
    Elle passait près de la chambre quand elle l’a entendue parler dans son sommeil. Elle a conscience que sa sœur ne renoncera pas à lui. Elle regrette de lui avoir parlé du prétendant. Elle a réussi à troubler son cœur. Encore une fois, elle pense qu’elle n’aurait pas dû.
    Elle rejoint sa sœur qui surveillait leurs enfants endormis.
    Je compte sur toi, pour les surveiller. Je descends à la cuisine voir ce que fait maman ! lui murmure-t-elle avant d’éteindre et de tirer la porte derrière elle.
    Elle trouve la mère en train de préparer un gâteau pour le petit déjeuner. Si Aïda avait toujours les mêmes goûts, elle allait l’apprécier.
    Maria se met à rincer la vaisselle qui remplissait l’évier.
    Maman, tu penses que Boualem va revenir ?
    J’ignore quand, répond-elle. Cependant, je sais qu’il est en contact avec ton père… Dis-moi, en as-tu parlé à ta sœur ?
    Je croyais bien faire en lui apprenant la nouvelle, lui confie Maria. Elle est toujours aussi amoureuse du Kabyle…
    Elle est jeune, dit la mère. Ça lui passera… Elle n’est pas maître de son destin ! Son père a déjà tracé son avenir, tout décidé… Dès qu’elle sera fiancée à lui, elle oubliera le Kabyle ! toi et Ferrouz êtes heureuses dans vos mariages ! Votre père a su être clairvoyant et j’espère que votre petite sœur sera aussi heureuse que vous l’êtes ! J’espère qu’elle ne fera pas la dure sinon elle s’en mordra les doigts ! Tu connais ton père, il n’a qu’une parole…
    Le matin, lorsqu’Aïda se réveille, il est plus de midi. La maison lui paraît bien silencieuse quand elle quitte sa chambre. Encore fatiguée, elle descend lentement l’escalier. Une fois arrivée en bas, elle entend une conversation entre son père et sa mère. Ils sont dans le salon, ils ne peuvent pas la voir. Aïda pense à rebrousser chemin car elle n’aime pas écouter aux portes mais en entendant son prénom prononcé plusieurs fois, elle reste et tente de saisir ce qui se dit. Au bout d’un moment, elle comprend qu’il est question de son retour et de son mariage. Apparemment, les dés étaient déjà pipés.
    Vas-y doucement avec elle, recommandait sa mère. Elle est jeune et on ignore tout de ses projets !
    Elle en aurait eu que tu l’aurais su, dit Ali. Mais qu’est-ce qui te fait penser à ça ? Elle t’aurait parlé de quelque chose, en particulier ?
    Non, nous n’avons pas eu l’occasion de discuter, répond Karima. Elle était tellement fatiguée hier soir qu’elle s’est couchée sans avoir dîné ! Enfin… Tout ceci pour te dire que sa génération est différente de celle de ses aînées ! Nos grandes filles étaient faciles à manier. Aïda est différente d’elles…
    Si tu fais allusion au mariage, je peux te dire que ça se passera comme je l’ai décidé ! Boualem est un très bon parti, il fera son bonheur ! Il est issu d’une famille riche et instruite ! Il saura la respecter et l’aimer pour tout ce qu’elle représente ! J’en suis convaincu, elle n’aura pas de meilleur prétendant de toute sa vie… Tu m’excusera mais j’ai donné rendez-vous à un ami, dit-il à sa femme. Nous reprendrons cette discussion plus tard !
    Aïda a juste le temps d’entrer dans la salle de bain pour que son père ne la surprenne pas en train d’écouter leur conversation.
    Elle reste un moment à réfléchir à ce qu’elle venait d’entendre. Son cœur bat sourdement dans sa poitrine, proie à la douleur de sa séparation avec Smaïl et à la déception de n’être rien qu’une fille à marier aux yeux de son père. Bon ou mauvais parti, elle détestait déjà Boualem.
    Elle fait sa toilette en prenant tout son temps. Elle a conscience d’être arrivée au bon moment. Cinq minutes plus tard et elle n’aurait rien su de ce qui se tramait entre ses parents. Elle connaissait maintenant leur intention et elle regrettait d’avoir à se battre dès le lendemain de son retour d’Alger. Comment allait-elle faire pour tenir le coup ? Durant combien de temps ? Et rien qu’à penser qu’il n’y a aucun moyen de contacter Smaïl, elle enrage.

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  13. Artisans de l'ombre Dit :

    Le serment 11e partie
    Par : Adila KATIA

    Aïda attend un moment avant de sortir de la salle de bains. Dès qu’elle entend la porte d’entrée claquer, elle en sort. Elle croise dans le couloir sa mère. Celle-ci est surprise de la voir debout.
    Bonjour ma fille ! Je te croyais encore endormie… As-tu bien dormi ?
    Non, mais bonjour quand même !
    J’ai préparé ton gâteau préféré aux fruits, dit Karima. Installe-toi donc au salon, je t’apporte tout là-bas !
    La mère feint de ne pas voir la mine renfrognée de sa fille et part à la cuisine lui apporter son petit-déjeuner. Installée dans le salon, Aïda goûte à peine au gâteau et ne prend pas de café. Elle évite le regard de sa mère qui semble la surveiller.
    Où sont les filles ? demande-t-elle. Et les enfants ?
    Karima a un sourire en pensant à ses petits-enfants.
    Les enfants sont à l’école et tes sœurs à leur travail, lui dit-elle. Tu sembles avoir oublié qu’elles ont des activités…
    Oui, tout est sous contrôle, lâche Aïda. Rien ne vous échappe…
    Apparemment, tu t’es levée du mauvais pied… Qu’est-ce que tu as pour être aussi amère ? l’interroge sa mère qui ne se doute pas qu’elle ait pu entendre leur conversation. Tu ne voulais pas rentrer ?
    Si j’avais su ce qui m’attendait, tu peux être sûre que je ne serais plus revenue, réplique Aïda.
    Tu as entendu parler du mariage que prévoit ton père ? conclut sa mère en hochant la tête.
    C’est exactement ça…Vous vous comportez comme si j’étais incapable de choisir moi-même mon futur mari, réplique Aïda. Comme si j’étais handicapée mentale !
    Non, tu es intelligente ! Jamais on ne veut te donner cette impression ! s’écrie Karima en allant s’asseoir près d’elle. Mais tu connais ton père… Il veut s’assurer que tu auras une vie merveilleuse, auprès d’un garçon qui te méritera et qui fera tout pour te rendre heureuse !
    Ma parole, tu es comme lui ! Tu ne m’écoutes même pas ! s’écrie la jeune fille.
    Ecoute, Boualem est un garçon formidable, il est médecin et compte ouvrir un cabinet dans quelque temps ! Il est promis à un bel avenir ! Tu seras l’épouse d’un grand médecin…
    Aïda balaie le plateau du revers de la main, assez brusquement pour que tout tombe.
    Je suis assez grande pour savoir choisir celui qui fera mon bonheur, lui dit-elle fermement. Je vous ai entendu tout à l’heure, papa ne cherche pas mon bonheur mais le sien ! Je ne suis pas mes sœurs, je ne me laisserai pas faire ! Je ne sacrifierais pas mon amour juste pour votre plaisir !
    Mais il n’est pas question de sacrifices ! s’écrie sa mère. On veut uniquement ton bonheur et je te rappelle qu’il est dans ton intérêt d’obéir à ton père !
    Jamais !
    Aïda, ma fille je t’en prie, ne fait pas la difficile ! Si ton père a vent de tes projets, l’avertit-elle, il t’enfermera ! Je te jure qu’il n’hésitera pas à le faire !
    Elle est à fond en larmes.
    Maman, j’aime ce garçon… Si tu m’aimes et veux vraiment mon bonheur, arrange-toi pour tout retarder ! Le temps que Smaïl puisse venir me demander en mariage !
    Ce sera une pure perte de temps, remarque Karima en se levant pour ramasser la vaisselle du petit-déjeuner qu’elle avait renversée. Aux yeux de ton père, il ne sera jamais à la hauteur !
    La jeune fille hausse les épaules. Elle ignore comment faire. Elle veut gagner du temps et trouver une solution pour se sortir du guêpier tendu par la malchance…

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  14. Artisans de l'ombre Dit :

    Le serment 12e partie
    Par : Adila KATIA

    Malgré toutes les connaissances de son père, il ne lui trouve pas de travail. Aïda sait qu’il s’est adressé à des amis, à Tlemcen et à Oran. Mais pour l’heure, personne n’avait pu les aider.
    Les hôpitaux n’avaient pas besoin de biologiste. Quant au privé, ils ne prenaient pas beaucoup d’employés.
    Et si j’essayais de trouver quelque chose à Alger ? propose-t-elle à ses parents un soir où ils dînaient tous ensemble. Peut-être que j’aurais plus de chance qu’ici !
    Au regard de sa mère, Aïda devine que celle-ci a compris où elle voulait en venir.
    Oui, c’est une bonne idée, approuve-t-elle. Qu’en penses-tu Ali ?
    Cela aurait été faisable, répond ce dernier. Mais cette semaine, les parents de Boualem viendront… Ils veulent connaître notre fille et j’ai accepté !
    Je pourrais les voir une autre fois, dit Aïda. Je ne comprends pas pourquoi vous êtes pressés de vous débarrasser de moi, en me mariant !
    Boualem a trente-trois ans, sa famille trouve qu’il est temps pour lui de fonder foyer ! Toi aussi, tu es en âge de te marier ! J’espère que tu sauras honorer notre famille… Cette alliance est un don du ciel. Même si tu n’approuves pas ma décision maintenant, plus tard tu me seras reconnaissante d’être l’auteur de ton bonheur !
    Ali avait parlé fermement tout en regardant sa fille. À son regard, elle comprend que quoi qu’elle puisse dire ou faire, il ne l’écouterait pas. Elle ne peut pas laisser sa colère éclater mais elle se sentait prête à exploser. Elle quitte la table et monte dans sa chambre. Elle a envie de tout casser, de crier et de pleurer. Elle voudrait appeler Smaïl mais leur téléphone était en dérangement. Elle se demande si ce n’est pas un coup bas de sa mère. Même ses sœurs l’évitent. Elles ne sont pas revenues depuis son arrivée. Redoutent-elles d’avoir à prendre parti ?
    Elle se rend compte qu’elle n’a aucun appui, personne pour la comprendre, la soutenir dans son désir de se réaliser auprès de celui qu’elle aime.
    Cela faisait cinq semaines depuis qu’elle était rentrée. Aux rares fois où elle était sortie, elle avait tenté de contacter Nadia mais personne ne répondait.
    D’ici quelques jours, Smaïl rentrera chez lui. Il devait avoir terminé tous ces examens. Plus rien ne le retient à Alger sauf son travail, mais comme la cité des garçons fermait ses portes durant l’été, il n’aurait pas où dormir même s’il tenait à travailler.
    Aïda se demandait si ses parents avaient enfin accepté. Elle espère qu’ils ne sont pas aussi insensibles que les siens, et que le chef de famille est le seul à pouvoir décider de la destinée des autres.
    La jeune fille pensait à partir, mais sa famille se rendrait compte de son absence. À peine arrivera-t-elle à la gare que son père sera là-bas pour la ramener ! S’il se doute de quelque chose, il l’enfermera. Lorsqu’elle sort, il y a toujours des cousins et des connaissances à son père dans les alentours. Impossible de passer inaperçue…
    Aïda s’était calmée, elle réfléchit calmement à la situation. Elle doit apprendre à maîtriser ses nerfs et à ne rien laisser paraître de ses intentions. Ainsi ils la laisseront en paix. Personne ne songera à la surveiller.
    Un jour, sa mère propose d’aller dans un salon d’esthétique. Elle voudrait que Aïda fasse un nettoyage de peau. Celle-ci ne refuse pas. D’ailleurs, elle vient de lui donner une idée.
    Je tiens à ce que tu sois très belle ce vendredi !
    Je voudrais me rendre au hammam, avant si c’est possible, dit Aïda.
    Oui mais si tu veux, je peux demander à tes sœurs de t’accompagner…
    Non, inutile de les déranger, répond la jeune fille. Elles travaillent et il faudra quelqu’un pour s’occuper de leurs enfants ! Elles viendront lors des fiançailles…
    En fait, elle ne voulait pas s’encombrer de sa famille.

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  15. Artisans de l'ombre Dit :

    Le serment 13e partie
    Par : Adila KATIA

    - Mais je ne peux pas te laisser seule, au hammam !
    - Je ne cours aucun danger maman, dit la jeune fille sur un ton de la plaisanterie. Tu passeras me récupérer avec papa ! Vois avec lui avant !
    Elle ne se fait aucun doute là-dessus, il ne refusera pas cette sortie au hammam. Tant que ce sera pour se faire belle, en honneur à sa future belle-famille, il acceptera. Elle n’est pas surprise quand sa mère vient lui dire qu’il est d’accord.
    Le lendemain, devant sa mère, elle sort toutes ses affaires de toilette, le sortie de bain, les produits de toilette et tout ce dont elle peut avoir besoin, au point de remplir un sac de voyage. Elle profite d’un court moment où sa mère est sortie de la chambre pour remplacer les serviettes de bain par des vêtements. Elle met au fond du sac ses papiers et l’argent qu’elle avait.
    - Est-ce que tu es prête ? lui crie sa mère depuis l’escalier. Ton père vient de nous envoyer un taxi… Il nous attend !
    - J’arrive !
    Aïda descend avec son sac, soulagée de ne pas avoir à supporter le regard de son père et sa suspicion. Le taxi les dépose au hammam du centre-ville. Karima, pour s’assurer qu’on prendra bien soin de sa fille, entre avec elle et la recommande à la propriétaire. Puis elle repart rapidement, il lui reste à commander des gâteaux et à choisir des tenues qui embelliront sa fille. Si elle n’avait pas craint de se chamailler avec elle, elles auraient effectué des achats ensemble.
    Aïda attend près d’une dizaine de minutes avant de ressortir avec son sac, sous le regard interrogateur de la propriétaire du hammam. Elle l’a vue prendre le téléphone et elle a souri en se rappelant que le leur était en dérangement et que même s’il avait fonctionné personne n’aurait été là pour répondre.
    Elle se rend à l’arrêt de bus et monte dans le premier qui passe. Elle descend au bord de la route nationale, au niveau de la passerelle. Elle sait que les transporteurs long trajet, font un arrêt ici et elle espère que l’un d’eux passera vite. À sa grande surprise et déception, elle en voit plusieurs défiler sans s’arrêter, même si elle leur a fait un signe.
    Elle est là depuis plus d’une demi-heure et elle commence à s’impatienter. Elle craint de se faire coincer par un membre de la famille. Elle ne tient pas à rentrer. Alors, elle prend son sac sur l’épaule et décide de faire de l’autostop. Elle garde le pouce levé, plusieurs voitures freinent en la voyant.
    Aïda hésite et refuse de monter. Elle a vu les regards des conducteurs, brillants pleins d’espoirs. Ils doivent la prendre pour ce qu’elle n’est pas. Elle se voit mal être touchée par l’un d’eux.
    Ils redémarrent un à un. Elle soupire de soulagement. L’un d’eux lui avait fait un bras d’honneur. Elle se demande ce qu’elle aurait pu faire s’il était descendu s’expliquer avec elle. Heureusement pour elle, il est parti.
    Elle attend un peu puis lève de nouveau le pouce. Cette fois, c’est un jeune homme visiblement surpris qui stoppe net, près d’elle.
    - Salam…Vous vous rendez où ?
    - À Alger, répond-elle.
    Il lui ouvre la portière, l’invitant à monter.
    - Vous avez de la chance, c’est aussi ma destination !
    Aïda a pris le temps de le regarder, rien de pervers dans le regard. En plus, il a l’air très sympathique. Elle est vite rassurée. Elle n’est pas mal tombée…
    - je m’appelle Mouloud, dit-il en tendant la main vers elle.
    - Moi… c’est Karima, répond-elle après une brève hésitation, en pensant à la tête que ferait sa mère lorsqu’elle découvrira qu’elle n’est pas au hammam.
    - Enchanté, Karima !
    Ils échangent une poignée de main puis il démarre. Même si son regard est curieux, il ne pose pas de questions. Il a allumé la radio et trouve le moyen de discuter de l’actualité politique et sécuritaire.
    De fil en aiguille, Mouloud lui apprend qu’il est ingénieur dans une entreprise privée et qu’il se rend à un
    séminaire qui
    durera toute une semaine…
    Même si le trajet a duré plusieurs heures et qu’ils arrivent au début de la nuit, Aïda est soulagée d’être bien arrivée. Elle a eu la chance d’être tombée sur quelqu’un de bien. Ce dernier, avant de la déposer devant le quartier où habite son amie Nadia, lui écrit son numéro et celui de l’hôtel où il doit séjourner. Aïda le remercie et lui promet de l’appeler. Elle monte chez son amie et frappe à la porte, se demandant comment sa famille allait l’accueillir…

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  16. Artisans de l'ombre Dit :

    Le serment 14e partie
    Par : Adila KATIA

    - Pour une surprise… ! s’écrie Nadia.
    Les deux amies tombent dans les bras l’une de l’autre, heureuses de se retrouver après tout ce temps.
    - J’ai l’impression qu’on ne s’est pas vues depuis une éternité !
    Nadia introduit son amie au salon où se trouvent ses parents. Ils ne cachent pas leur surprise, ils ne comprennent pas pourquoi elle arrive si tard.
    - Le bus a crevé en route, dit-elle. On a dû attendre d’être dépanné… J’espère que je ne dérange pas ?
    La mère de Nadia la rassure.
    - Tu seras toujours la bienvenue ! Nadia, emmène ton amie dans ta chambre, je vois qu’elle est fatiguée… après, nous dînerons !
    Les deux jeunes filles s’isolent dans la chambre. Aïda, qui n’a jamais eu de secret pour elle, la met au courant. Nadia les yeux écarquillés, n’en revient pas. Elle ne comprend pas ce qui a traversé l’esprit de son amie.
    - Tu n’aurais jamais dû fuguer, lui reproche-t-elle. Tu vas monter tout le monde contre toi ! Ta famille ne te fera plus jamais confiance ! Personne…
    - Il faut que je voie Smaïl ! As-tu des nouvelles de lui ?
    Nadia hoche la tête.
    - Il est parti à Tizi Ouzou, lui apprend-elle. Ses parents lui ont demandé de venir…
    Des lueurs d’espoir passent dans le regard d’Aïda.
    - J’espère qu’ils ont changé de sentiments ! dit-elle. Tu imagines… cela changerait tout ! Figure-toi que mes parents ont décidé de me marier !
    - Aïda, lui reproche son amie, tu aurais dû réfléchir à deux fois avant de fuguer ! Vous êtes trop éloignés pouvoir accorder vos actes ! Reviens sur terre, il faut accepter les choses !
    Jamais ! s’écrie Aïda. Demain je partirai à Tizi Ouzou ! Il faut que je le voie…
    Nadia a beau tenter de la raisonner, elle refuse de l’écouter. Elle est décidée et rien ne l’empêchera de retrouver son bien-aimé. C’était la raison de sa fugue.
    Le lendemain, à la première heure, elle part en taxi à Tizi Ouzou. L’adresse en main, elle se rend chez lui, enfin chez ses parents. Avant de frapper à leur porte, elle pense à se faire passer pour un membre de l’administration locale mais sa mère sait qui elle est. Rachida l’a tout de suite reconnue. Elle s’en prend à elle, la choquant…
    - Dévergondée ! Tu oses le poursuivre jusqu’ici ! Pars tout de suite avant que je n’appelle la police !
    Aïda ne sait pas quoi faire. Elle ne s’attendait pas à être accueillie de la sorte. Elle prend le temps de réfléchir rapidement. Smaïl est censé se trouver ici. Elle ne peut pas repartir sans l’avoir vu.
    - Dites-lui de sortir ! Je ne partirai pas avant ! Je suis venue m’expliquer avec lui… Nous sommes plus que des amis ! S’il ne sort pas, vous pouvez être sûre que je reviendrais avec la police !
    - Tu crois m’impressionner ? Repars d’où tu viens ! lui crie Rachida. Inutile d’ameuter tout le village ! Mon fils n’est pas à toi !
    - J’ai tout ce qu’il faut pour le mettre en prison, menace Aïda. S’il ne m’épouse pas rapidement, il aura affaire à la justice !
    Rachida rit, elle a pris un air mauvais.
    - Mon fils est marié et a quitté la région ! Amène donc la police, on verra qui le regrettera ! Tes parents doivent être fiers de toi !
    Aïda et choquée et se demande s’il n’a pas fini par céder à la pression de sa famille. Mais il aurait pu se confier à Nadia, la mettre au courant. Il n’aurait pas pu la trahir. Le serment, c’était son idée.
    Lorsqu’elle se rappelle l’insistance de son amie à vouloir l’empêcher de se rendre chez lui, elle se demande si celle-ci n’était pas déjà au courant…

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  17. Artisans de l'ombre Dit :

    Le serment 15e partie
    Par : Katia Adila

    Ce n’est pas possible…
    Aïda est si absorbée dans ses pensées qu’elle ne voit pas le père de Smaïl s’approcher d’elle et l’attraper par le col de la chemise. Elle doit se débattre pour lui échapper. Il la chasse tout en insultant de tous les noms, en kabyle et en arabe.
    Pars d’ici ! Si tu remets les pieds ici, je te lapide ! la menace-t-il.
    La jeune fille a envie d’entrer sous terre, jamais elle n’a été humiliée de la sorte. Une vieille est sortie d’une petite maison et le prie de se calmer tout en lui barrant la route. Elle retient le père de Smaïl, voulant mettre de la distance entre eux.
    C’est dans un état second que Aïda arrête un taxi et paye le prix qu’il veut pour qu’il l’emmène loin d’ici. Elle a honte et pleure de déception. L’idée qu’il ait pu la trahir avait fini par faire son chemin. Quand elle arrive chez Nadia, elle tombe dans ses bras et pleure comme une enfant.
    Qu’est-ce que je vais faire maintenant ?
    Jamais elle n’y aurait cru. Un autre que lui l’aurait fait, cela ne l’aurait pas surprise, mais lui… N’avait-il pas prêté serment ? C’était même son idée ! Pourquoi tous ces malheurs lui arrivaient-ils ?
    Calme-toi, la prie son amie. Je t’en prie Aïda, arrête de pleurer ! Tu aurais dû y réfléchir avant de t’y rendre !
    Qu’est-ce que tu en penses Nadia ? Tu crois qu’il aurait osé le faire ?
    Jamais il ne prendra pour femme sa cousine ! Celle qu’il aime, c’est toi ! la rassure-t-elle. Je suis sûr qu’il est encore Alger… Même s’il a un projet de partir, ce ne sera jamais sans t’avoir vue !
    Il faut que je le voie et que je connaisse la vérité ! soupire Aïda. Je me sens seule et perdue…
    Je suis sûre que sa mère a menti, dit Nadia. Smaïl est quelqu’un de formidable, je le connais assez pour savoir qu’il ne te fera pas un coup pareil !
    Mais où peut-il se trouver ? Tu disais hier soir qu’il était rentré chez lui, rappelle la jeune fille, retrouvant peu à peu son calme. Je dois savoir… Je ne peux plus vivre dans l’incertitude !
    Et si on allait à son boulot ? propose Nadia. Peut-être qu’il est là-bas ? Tu veux qu’on y aille ?
    Pour lui, j’irai au bout du monde !
    Mais avant, la prie son amie, arrange-toi un petit peu, si tu ne peux pas voir Smaïl partir en courant ! Tu n’es pas belle à voir !
    Aïda jette un coup d’œil à la glace de l’armoire. Elle reconnaît que son amie a raison. Elle se rend dans la salle de bains et en profite pour se refaire une beauté. Mais même après la toilette et le maquillage, elle se trouve bien laide.
    Un petit sourire Aïda, sinon je ne sors pas avec toi !
    Elle veut bien faire un effort et tente de sourire. Quand elles sortent, elle fait de son mieux pour paraître gaie. Elles se rendent en taxi à Alger centre, puis terminent à pied jusqu’à l’atelier de réparation où travaillait Smaïl après ses cours.
    Aïda est bien déçue de ne pas le trouver. Elle ressort de l’atelier sans avoir posé de questions aux autres réparateurs.
    Mais qu’est-ce qui te prend ? Pourquoi ne les as-tu pas interrogés ? On ne peut pas repartir d’ici sans savoir s’il est encore à Alger !
    Nadia la prend par le bras et l’entraîne avec elle à l’intérieur de l’atelier. Elle se présente aux réparateurs comme étant une amie du jeune homme. Elle découvre qu’ils étaient en très bons termes et qu’ils savent beaucoup de choses sur lui.
    Alors comme ça, il n’est pas parti d’Alger ?
    Même s’il en avait l’intention, il ne pourra pas le faire avant plusieurs mois, répond l’un d’eux. Cela fait une semaine depuis qu’il a rejoint les appelés !
    Aïda ne comprend pas, elle ne peut s’empêcher de l’interrompre. Elle sent son cœur se serrer d’angoisse, elle pressent une mauvaise nouvelle même si elle est rassurée de le savoir ici.
    Quels appelés ? Que va-t-il faire ?
    Il ne pourra pas y échapper ! Cette fois ils lui ont refusé le sursis… Il est sous les drapeaux !
    J’avais complètement oublié… Savez-vous où ils l’ont envoyé ?
    A Oran… Si vous êtes aussi proche que vous le dites, dit le jeune homme. Vous devriez attendre l’arrivée du patron. Smaïl a laissé des affaires personnelles…

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  18. Artisans de l'ombre Dit :

    Le serment 16e partie
    Par : Katia Adila

    - Je te l’avais dit, jamais il ne t’aurait abandonnée, dit Nadia. Même si cela ne changera rien à ta situation… Que vas-tu faire ?
    Aïda a les épaules qui s’affaissent comme sous la chute d’un poids.
    - Je n’en sais rien… Le temps est contre moi, tout en fait…
    Un vieux vient d’arriver et les salue. Il inspecte le travail effectué durant son absence.
    - El-hadj, ce sont des parentes à Smaïl…
    - Ah bon… Soyez les bienvenues ! Je croyais que vous attendiez qu’il finisse la réparation du téléviseur ! s’excuse-t-il. Vous êtes de sa famille ?
    Aïda préfère dire la vérité.
    - Je suis sa fiancée, dit-elle. Il a laissé des affaires personnelles que je suis venue récupérer !
    Elle paraissait calme alors qu’intérieurement elle bouillait d’impatience. Elle craignait qu’il refuse de les lui donner sans l’accord au préalable de Smaïl.
    - Au téléphone, ajoute-t-elle, il m’a dit que vous lui deviez un mois de salaire…
    - En effet, reconnaît le vieux. Je lui dois bien un mois de salaire. Je vais vous remettre le tout… C’était un garçon qui travaillait consciencieusement… Passez-lui mon bonjour et dites-lui de venir me voir dès sa première permission !
    La jeune fille est si heureuse quand il lui remet un grand sac et une enveloppe pleine de billets. Elle ne compte pas. Le fait de tenir dans ses bras un sac plein d’effets personnels de son bien-aimé lui mettait du baume au cœur. Elle le remercie chaleureusement avant de prendre congé d’eux. Elle sentait de nouvelles larmes lui brûler les paupières mais en voyant le regard de son amie, elle tente de se ressaisir en souriant.
    Ainsi, il ne l’avait pas trahie. Il n’était pas parti avec une autre. Il devait faire son service national comme tant d’autres. Elle est heureuse de le savoir à Oran. Oran n’est pas si loin. Dans moins de deux ans, ils pourront se retrouver. Malgré le dur combat qui l’attend, elle est prête à tout pour lui. Elle l’attendrait jusqu’au jour où il aura fini d’accomplir son devoir. Le serment qu’ils avaient prêté, n’est pas fait pour être brisé. Aïda entend respecter son engagement, coûte que coûte…
    Elles rentrent à la maison. Les parents de Nadia ne sont pas rentrés. Nadia soupire de soulagement. Elle n’aurait pas supporté d’avoir à répondre à leurs questions. Aïda va poser le sac de Smaïl dans la chambre et revient auprès de son amie.
    - Nadia, il faut que je trouve une solution… Mes parents doivent être fous de rage et il faut que je retourne là-bas… Qu’est-ce que je pourrais leur dire ?
    - Tu devrais les appeler pour les rassurer ! Ils doivent être morts d’inquiétude, dit l’amie.
    - Le téléphone est en dérangement, regrette Aïda. Mais je dois savoir ce que je pourrais leur dire… Comment expliquer ma fugue ? Comment me faire pardonner ? Papa va m’en vouloir à mort ! Je l’ai déshonoré, humilié… Il va me tuer ! Ça n’est jamais arrivé dans ma région !
    - Il fallait y penser avant…
    - Oui, je sais. D’un côté, il y a du positif, dit Aïda en souriant. Mon prétendant ne voudra plus de moi… Il me faut quelque chose, une excuse valable, pour qu’ils s’attendrissent et me pardonnent !
    - À moins de leur apprendre que tu as une terrible maladie, je ne vois pas ce qui pourrait faire tomber leur colère d’un coup ! suggère Nadia sans réfléchir. Il n’y a qu’une maladie incurable qui te permettra de gagner du temps !
    - Nadia ! Tu es un génie ! Mais comment obtenir des papiers qui le prouvent ?
    - Écoute, j’ai dit ça comme ça… Il faut trouver autre chose !
    Mais elles ont beau réfléchir à la question, il n’y a pas d’autre solution. Aïda n’a pas le choix. Elle ne peut qu’invoquer la maladie.
    - Tu n’as personne dans ta famille ou proche connaissance de tes parents qui soit oncologue ou cardiologue ?
    - Non.
    Mais en s’attardant sur la question, Nadia a une autre idée…

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  19. Artisans de l'ombre Dit :

    Le serment 17e partie
    Par : Katia Adila

    - Ecoute, j’ai peut-être une idée, dit Nadia, légèrement hésitante. Au laboratoire où je travaille, je vais tenter de t’obtenir un bilan…
    - Tu feras ça pour moi ?
    - Oui. Même si mes parents connaissent des spécialistes, je ne peux pas leur demander ce service, répond Nadia. Puisque je travaille dans un labo, on va en profiter…
    - Oh merci !
    - Tu sais que si je me fais coincer, je le payerais cher, lui rappelle l’amie, très grave.
    - J’ignore comment je vais m’y prendre mais je le ferai !
    Aïda lui sera reconnaissante toute sa vie. Elle prie pour qu’elle puisse l’aider.
    - Il n’y a que cette solution pour me faire pardonner cette fugue ! S’ils sont convaincus que je suis gravement malade, ils ne parleront plus de me marier… Sans ça, c’est un combat perdu d’avance !
    Nadia en a aussi conscience et elle n’a pas le cœur à l’abandonner maintenant. Si elle parvient à l’aider, elle aura la paix pendant longtemps. Le temps qu’il finisse son service militaire et la retrouve.
    Le lendemain, elle se rend à l’hôpital où elle travaille et, pendant trois jours, elle s’évertuera à copier le bilan d’une patiente atteinte d’une tumeur bénigne au sein.
    Celle-ci est traitée depuis six mois. Nadia a pu trouver une mammographie qui trainait dans le casier d’un bureau d’un collègue, au service radiologie. On voit bien une petite masse.
    Elle la glisse dans une chemise et retourne à son bureau. Elle y collera le nom et prénom de son amie. Pour se donner bonne conscience, elle se dit qu’elle ne nuit à personne et surtout pas à l’état. Personne n’allait abuser de la générosité d’autrui, et comme elle n’allait pas être soignée, l’état ne perdrait rien. Les documents médicaux allaient juste servir à excuser son amie et lui permettre de freiner les projets de sa famille.
    Elle se débrouille une carte de rendez-vous et, le cœur serré, elle y a écrit trois dates. La deuxième est celle de la veille et la troisième du prochain rendez-vous.
    Quand elle rentre du travail, elle trouve Aïda et sa mère en train de discuter.
    - Aaslama…
    Nadia va les embrasser et serre sa mère dans ses bras. Elle espère que sa mère sera toujours là pour elle. Quand elle pense à la mère de Aïda qui doit se ronger les sangs depuis son départ, elle est pressée de régler le problème.
    - Assieds-toi ! Tu tombes au bon moment, le café est prêt !
    Elle se débarrasse de sa veste et de son cartable et revient s’asseoir auprès d’elles. Aïda se charge de les servir. Elle a aidé Ghania à préparer des gâteaux. Nadia les regarde avant d’en prendre un.
    - Finalement, ton séjour aura été bénéfique… Tu auras appris quelque chose !
    - Je voudrais me servir de tout ce que j’ai appris à la fac, regrette Aïda. Je crois que je ne trouverai jamais de travail…
    - En attendant, tu pourrais enseigner ou donner des cours particuliers ?
    - C’est une bonne idée, reconnaît la jeune fille. Cela me permettra de ne pas dépendre de mes parents, de pouvoir sortir sans aucune contrainte… J’aurais dû y penser plus tôt… Je focalisais tout mon attention sur le poste de biologiste, alors que j’aurais pu essayer de trouver autre chose !
    - Ce n’est pas trop tard… Tu as toute la vie devant toi !
    Dès qu’elles ont fini de goûter, Nadia et Aïda débarrassent la table avant d’aller s’isoler dans la chambre. Elles prennent le soin de fermer la porte.
    Nadia sort de son cartable les analyses et les radios.
    - J’ai tout un dossier, lui dit-elle. J’ai mis un rendez-vous dans six mois, peut-être que d’ici là tu auras des nouvelles de Smaïl et que vous pourrez vous voir lors de ce soi-disant rendez-vous !
    - Merci Nadia, jamais je n’aurais cru que cela pouvait se faire !
    Elle pleure, tant elle est émue. Dire qu’elle commençait à désespérer. Elle ne voyait plus l’issue de ce problème ni la solution. Toute sa vie, elle lui sera reconnaissante. Il lui restait maintenant à rentrer apprendre la nouvelle à ses parents. La nouvelle de sa grave maladie allait leur faire oublier leur colère et l’humiliation passées et leur ouvrir les yeux sur l’essentiel. Ils risquaient de la perdre et elle espère qu’ils sauront la ménager…
    Même si elle a mal au cœur et des scrupules, ils ne lui laissaient pas le choix. C’était l’unique solution pour contourner le piège tendu par la malchance…

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  20. Artisans de l'ombre Dit :

    Le serment 18e partie
    Par : Katia Adila

    - Où diable étais-tu partie ? s’écrie Ali dès qu’il découvre sa fille sur le seuil de la porte. Comment oses-tu revenir après ce que la famille a subi à cause de toi ? Tu nous as déshonorés ! Pourquoi es-tu revenue ? On commençait à ne plus parler de toi, ici ! Ton prénom me fait horreur ! Je préférerais te savoir morte !
    - Du calme monsieur ! Inutile de faire un scandale pour rien !
    Ce n’est qu’à cet instant qu’il s’aperçoit de la présence de Nadia. Celle-ci pousse Aïda pour entrer dans la maison et en profite pour lui reprocher son accueil glacial. Elle a pris le bras de son amie et sa défense.
    - Elle n’a rien fait de mal… Pourquoi la culpabiliser et l’accuser d’avoir déshonoré la famille alors qu’elle était venue à Alger pour des soins !
    - C’est encore quoi ces histoires ? crie Ali, attirant l’attention de sa femme qui est dans la cuisine.
    Celle-ci en sort et reste figée dans le hall quelques secondes en voyant sa fille, le teint pâle, les yeux larmoyants, l’air bien malheureuse.
    - Dieu merci, tu es vivante ! lâche-t-elle en réalisant qu’elle ne rêvait pas. Viens ma chérie…
    - Va te reposer Aïda, dit Nadia en la poussant vers sa mère. Je vais expliquer à ton père, les raisons qui t’ont poussée à partir… Ne t’en fais pas, il reviendra à de meilleurs sentiments !
    - Oui, dit Ali, disparais de ma vue !
    Karima emmène sa fille, en haut, heureuse de la retrouver malgré l’humiliation qu’elle leur a fait subir depuis des jours.
    Dès qu’elle est seule avec Ali, Nadia lui tient tête.
    - Elle n’a pas besoin de vos éclats de colère ! Elle est malade, gravement malade, insiste-t-elle. La maladie finira par avoir raison d’elle…
    L’effet est immédiat. Ali secoue la tête, il n’en revient pas.
    A-t-il bien entendu ?
    - Comment ça que la maladie aura raison d’elle ? Qu’est-ce qu’elle a ? Pourquoi ne nous a-t-elle rien dit ?
    - Elle n’a pas eu le courage de vous le dire… Peut-être voulait-elle vous éviter de souffrir ? émet Nadia. Je lui ai reproché d’être partie sans vous prévenir… Elle vous a mis dans la gêne, j’en ai conscience et je sais qu’elle le regrette !
    - Le mal est fait…
    - Oui… Écoutez… votre fille a un cancer du sein… On l’a découvert, dit Nadia, il y a six mois…
    - Un cancer ? reprend Ali. Ce n’est pas possible ! Elle est si jeune !
    - C’est une maladie qui n’épargne personne, dit Nadia.
    Même s’il est déjà troublé par la nouvelle, elle décide de porter le dernier coup, en sortant de son sac à main, le dossier médical. Ali en est devenu blême.
    Il s’assoie.
    - Pourquoi ne nous a-t-elle rien dit ?
    - Je l’ignore mais quand elle est rentrée, vous parliez déjà de la marier, lui rappelle-t-elle. Elle n’a pas eu le courage de vous le dire… Il lui est difficile d’accepter sa maladie alors comment l’annoncer aux autres, ceux qui comptent le plus pour elle ? alors qu’elle ne se projette plus dans l’avenir à cause de sa maladie…
    - Elle est vraiment condamnée ?
    - Pour l’instant, il disent dans tous les résultats que c’est une tumeur bénigne… Mais son état reste alarmant, insiste Nadia. Elle aura d’autres examens à effectuer au Centre Pierre et Marie Curie… Si tout rentre dans l’ordre, elle n’aura que des contrôles !
    - Inch Allah, ma pauvre petite… Mais si son état s’aggrave ?
    Nadia hausse l’épaule.
    - La fin est évidente, hélas, murmure-t-elle, regrettant d’avoir à mentir et d’être la cause de leurs souffrances. Pardonnez-moi, le prie-t-elle en posant la main sur son épaule. J’aurais voulu avoir de bonnes nouvelles…
    - Il le fallait…je vous remercie de l’avoir soutenue !
    - C’est mon devoir, on est des amies depuis si longtemps, dit-elle avant de s’excuser. Je vais rejoindre Aïda…
    - La deuxième chambre, à droite !
    Nadia monte à l’étage et quand elle pousse la porte, elle trouve la mère d’Aïda en pleurs. Elle en déduit qu’elle l’a mise au courant…

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  21. Artisans de l'ombre Dit :

    Le serment 19e partie
    Par : Katia Adila

    - Khalti, je voudrais vous parler…
    Karima s’est levée et l’a emmenée dans sa chambre. Elle la prend dans ses bras et la serre très fort.
    - Merci d’avoir été là, pour elle ! Que serait-elle devenue sans toi ? Ma pauvre petite…
    Nadia la rassure.
    - Elle est presque une sœur pour moi, répond-elle.
    Elles s’assoient sur le bord du lit. Karima essuie ses larmes et tente de se ressaisir.
    - Je voulais vous parler seule à seule, commence-t-elle, afin de vous demander d’être forte pour elle… elle a besoin d’être soutenue… Je sais que ce ne sera pas facile pour vous et elle mais elle a besoin de tranquillité, d’être entourée de personnes joyeuses. Évitez de parler de sa maladie ! Essayez de la lui faire oublier…
    - Si seulement j’avais su…
    - Maintenant que vous savez, est-ce que je peux compter sur vous pour la soutenir dans cette épreuve ?
    Karima le lui promet.
    - Je serais-là, pour elle ! Je ferai tout pour la soulager…
    Nadia sourit et pose la main sur son bras, se voulant réconfortante.
    - Inch Allah tout se passera bien ! Khalti, je ne peux pas tarder ! Le train repart sur Alger, dans moins d’une heure. Est-ce que votre mari peut me raccompagner à la gare ? Je travaille demain et j’ai promis à mes parents de rentrer !
    Si vite… Pourquoi ne pas les appeler et les prévenir que vous partirez demain ?
    Hélas, je travaille demain, dit Nadia en se levant. Je vous promets de revenir…
    Elles ne tardent pas à descendre au premier. Même Ali tente de la retenir mais elle refuse de rester. Elle promet de revenir à chaque fois qu’Aïda se déplacera sur Alger pour ses soins. Avant de se séparer, elles s’étreignent longtemps. Aîda lui est reconnaissante de l’avoir aidée jusqu’au bout. Elle a conscience d’avoir mis son amie dans la gêne. Sans l’amitié qui les lit, Nadia n’aurait rien fait. Son idée géniale allait résoudre bien des problèmes.
    Une fois seules, sa mère demande à voir le sein opéré. Aïda qui avait tout prévu, portait un pansement. Karima ne peut s’empêcher de lui reprocher son silence.
    Tu aurais dû m’en parler ! Je comprends mieux maintenant pourquoi tu ne voulais pas rentrer… Tu as subi une opération sans la présence de ta famille, sans notre soutien ! Auras-tu besoin de changer le pansement ?
    Non, dit Aïda. Si je suis repartie, c’était pour qu’ils retirent les fils… Normalement, je n’aurais pas besoin de soins, ses jours-ci !
    Elle s’allonge, semblant épuisée. Ses sœurs, que sa mère avait mises au courant, viennent la voir. Elles n’en reviennent pas qu’elle ait pu leur cacher sa maladie.
    - la prochaine fois, nous t’accompagnerons Alger ! Tu ne seras plus seule pour affronter la maladie ! Tu peux compter sur nous…
    - Oubliez-ça, leur dit-elle avant d’ironiser. Comme si le fait de partir à plusieurs pouvait me sauver !
    - Alors, que voudrais-tu qu’on fasse ?
    - Me laisser en paix ! réplique Aïda. Je voudrais oublier ma maladie et ne plus me morfondre !
    - Je comprends, dit Maria. Pardonnez-nous nos questions mais on t’aime ! On voudrait en savoir plus, on voudrait être là pour toi… Mets-toi en tête que ce n’est pas facile pour nous !
    - Facilitez-moi la vie en m’aidant à oublier !
    La jeune fille a plongé sa famille dans la tourmente. Pendant quelques jours, elle ne quitte pas sa chambre. Elle refuse parfois de voir ses sœurs et ses neveux. Ses parents pensent qu’elle déprime. Ali se met à lui chercher du travail, persuadé que si elle s’occupe, elle parviendra à oublier sa maladie. La chance leur sourit. Un poste de biologiste s’était libéré à l’hôpital. Il dépose le CV de sa fille et espère qu’ils l’appelleront rapidement.
    Le téléphone était rétabli depuis peu. Aïda profitait de l’absence de son père pour joindre Nadia. Elle espérait que Smaïl l’ait contactée entre temps mais celle-ci était désolée de lui apprendre être sans nouvelles de lui.
    Cela plongeait Aïda dans une tristesse indescriptible. Ses parents et ses sœurs l’attribuaient à sa maladie. Leur entourage n’avait pas été mis dans la confidence. Pourtant, Aïda tenait à ce que son prétendant sache qu’elle avait eu un cancer. Elle espérait qu’il retirereait sa demande.
    Quelques semaines plus tard, les parents de Boualem viennent leur rendre visite. D’où elle se tenait, elle pouvait entendre sa mère leur parler de sa maladie. Ces derniers étaient très touchés et compatissaient.
    - Boualem saura quoi faire, dit sa mère.
    Aïda n’en revient pas. Elle retourne au lit, déçue au plus haut point. Elle a conscience que même s’il connaissait la gravité de son cas, ils tenaient toujours à les marier. Elle se demande pourquoi…`

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  22. Artisans de l'ombre Dit :

    Le serment 20e partie
    Par : Katia Adila

    - Ma fille, je suis très touchée par ce qui t’arrive… Sache que nous ne revenons pas sur notre projet d’alliance, précise Fatima, la mère de Boualem. Mon fils se dit prêt à tout partager avec toi… Même si vous ne vous connaissez pas, il tient à toi !
    Aïda n’en revient pas. Elle soupire d’agacement. Il ne suffit pas d’avoir une maladie grave pour se débarrasser de lui. Elle se laisse aller contre son coussin, épuisée. Des larmes coulent de ses yeux fermés.
    - Je ne pense pas à me marier, répond-elle sans oser la regarder. Tant qu’il y aura un risque…
    - Non, ne t’en fais pas, la rassure Fatima. Mon fils est médecin, lui rappelle-t-elle. Il saura prendre soin de toi…
    La jeune fille se demande comment il peut tenir à ce mariage arrangé, alors qu’il est passé par la faculté. Il devrait être ouvert et vouloir la connaître avant de se marier avec elle. Comment peut-il savoir qu’elle est la femme de sa vie sans même l’avoir approchée et avoir discuté avec elle ?
    - C’est nous qui lui avons parlé de toi, dit Fatima comme si elle lisait en elle. Il a eu deux ou trois relations, et cela a mal fini à chaque fois…
    Je crois qu’il ne veut pas renouveler l’expérience et tient à vous découvrir après le mariage…
    - Maman…
    - Boualem voudrait ton dossier médical afin de contacter le professeur qui te suit ! Ses connaissances en médecine lui permettront de te soigner au mieux, poursuit Fatima. Ce n’est pas une petite maladie qui le fera renoncer à toi…
    - Une tumeur bénigne peut vite devenir maligne, rectifie Aïda en se redressant. Pourquoi faire sa vie avec une femme qui est déjà condamnée ?
    - Incha Allah que tous ces soucis de santé font partie du passé, insiste Fatima avant de s’adresser à Karima : Fais entendre raison à ta fille !
    Mon fils ne l’abandonnera jamais ! Nous avons conscience de tout ce qui peut arriver ! Mais Incha Allah, ikoun gheir el kheir…
    - Incha Allah ! Retournons au salon, l’invite Karima. Le thé doit être froid…
    Elles redescendent, laissant la jeune fille furieuse. Elle se demande jusqu’à quand ils s’accrocheront à elle comme si elle était l’unique femme sur terre.
    Elle quitte son lit et va à la fenêtre respirer profondément l’air frais. Elle scrute l’horizon que les bruits de la ville ne parviennent pas à troubler. Elle voudrait retrouver son calme et elle le puise dans le ciel bleu où les oiseaux volent.
    Elle aurait voulu être comme eux, libre de partir, de s’envoler sous d’autres cieux.
    Elle voudrait rejoindre Smaïl, mais là où il est, à la caserne, il n’y a pas de place pour elle.
    Aïda attend le départ des parents de Boualem pour sortir de sa chambre. Le téléphone a sonné et, espérant un coup de fil de Nadia, elle se rend au salon. Sa mère a déjà décroché. Elle la voit dire des “oui, oui…” puis pousser un cri de joie après avoir raccroché.
    - Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce qui peut te réjouir ?
    Karima se tourne vers elle, la joie illumine son visage.
    - Ils viennent d’appeler de l’hôpital et tu commences demain !
    - C’est vrai ?
    - Et comment !
    La jeune fille retrouve son sourire et soupire avant de se laisser choir dans un fauteuil.
    - Enfin, une bonne nouvelle ! dit-elle avant de lui confier. Je croyais qu’ils ne partiraient plus… Pourquoi vous vous acharnez ? Pourquoi vouloir me marier quand vous savez tous que mon avenir est incertain ?
    Karima s’est assise près d’elle et tente de la réconforter.
    - Comment ça incertain ? La chance est de ton côté hamdoullah, lui dit-elle. Tu es guérie, et en plus d’avoir un médecin comme futur mari, tu viens de te trouver du travail ! N’est-ce pas merveilleux ?
    Aïda pleure et ne se cache pas. Elle ne partage pas son avis et sa joie.
    Que faire pour se faire entendre et la convaincre que tout est faussé et fichu d’avance ?

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  23. Artisans de l'ombre Dit :

    Le serment 21e partie
    Par : Katia Adila

    - Au dernier contrôle, le professeur avait dit que tout était rentré dans l’ordre… Ne crois-tu pas que c’est un bon signe ? émet sa mère. Ton prochain rendez-vous est dans quelques mois ! Si Dieu le veut, tout ira pour le mieux ! Pourquoi croire à une fin quand tout prouve que tu vas mieux ?
    - Je ne veux pas me marier maman ! Si cela devait arriver un jour, je voudrais que cela soit avec Smaïl ! Durant toute ma vie, je vivrais malheureuse… On a fait un serment, je ne le briserai pas !
    - Pourquoi ne veux-tu pas m’écouter ? Soit raisonnable ! s’écrie Karima. Oublie ce garçon ! S’il tenait vraiment à toi, pourquoi n’est-il pas venu te demander en mariage ?
    - Il passe son service national, il en a encore pour quelques mois, répond la jeune fille. Si je suis encore en vie, nous nous marierons ! Si je tiens le coup maman, en me battant contre la maladie, c’est dans l’espoir de le revoir ! Je t’en prie, parle à papa ! Qu’on me laisse en paix !
    - Je ne pense pas qu’il accepte ! Mais je te promets d’essayer…
    Le lendemain, Aïda se rend à l’hôpital et fait connaissance avec les collègues du laboratoire. On lui laisse le temps de se familiariser avec les lieux. Les collègues très sympathiques ne lui confient pas grand-chose à faire. Elle se demande si on ne leur a pas recommandé de la ménager. Les deux premiers jours, elle n’ose pas se plaindre, se contentant d’observer et d’apprendre. Au troisième jour, elle prend les devants et se met au travail. Elle ne veut pas être au secrétariat, à accueillir les malades, à constituer les dossiers et à s’occuper de la facturation. Elle veut prouver ses compétences derrière un microscope. Tout ce qu’elle a étudié et a appris à la fac, elle veut l’utiliser.
    Elle surprend agréablement le chef de service lorsqu’elle procède au prélèvement de sang de malades. Elle attache une grande attention à l’étiquetage et à l’identification du prélèvement pour éviter toute erreur et confusion. Elle ne voulait pas faire d’erreur et être ramenée à exercer à l’accueil du laboratoire.
    Le chef de service la laisse analyser les prélèvements. Il ne lui fait aucune remarque. Il a vu qu’elle avait vite appris et se débrouillait comme si elle avait toujours exercé ici.
    Un soir, alors qu’elle aide sa mère à préparer le dîner, celle-ci lui apprend que la mère de Boualem a appelé.
    - Qu’est-ce qu’elle veut encore ? demande Aïda.
    - Boualem t’a aperçue à l’hôpital, répond Karima. D’après sa mère, il a été subjugué par ta beauté ! Il connaît certains de tes collègues, et d’après eux, ils lui ont dit que tu étais la gentillesse même ! Ce garçon t’aime déjà ! Ma fille, je suis sûre qu’il fera ton bonheur ! Tu pourrais faire un effort, je suis certaine que vous êtes faits pour vous entendre…
    - Je refuse même l’idée ! Je préférerais me laisser mourir…
    Pour troubler la conscience de sa mère, elle saute le dîner. Elle s’enferme dans sa chambre, même lorsque ses sœurs viennent prendre de ses nouvelles. Elle continue à se rendre à son travail, sans prendre de petit-déjeuner. Elle voit bien le regard inquiet de ses parents, mais cela ne la touche pas. Elle a maigri et elle est devenue nerveuse. Une seule remarque et la voilà qui se met à crier ou à pleurer.
    Un jour, elle reçoit l’appel de Nadia afin de lui rappeler son rendez-vous.
    Karima la surprend en lui disant :
    - Boualem voudrait t’accompagner et connaître le professeur qui te suit…
    - Si je pars avec lui, saches que je me jetterai de la voiture ! Je partirai seule et je resterai chez Nadia, lui dit-elle. J’en profiterai pour renouveler ma garde-robe…
    - Il faudra en parler à ton père ! lui rappelle Karima.
    Ce dernier ne voit aucun inconvénient à ce qu’elle se rende à Alger. Il l’accompagne à la gare ferroviaire et la regarde partir. Quelques heures après, elle retrouve son amie Nadia. Elles vont à la maison. Aïda a apporté des cadeaux à ses parents. Cela leur fait plaisir. Ils la remercient chaleureusement.
    - Il ne fallait pas…
    - C’est un plaisir pour moi ! Je tenais à vous offrir des souvenirs, dit-elle avant de rejoindre Nadia dans sa chambre.
    Celle-ci sort un paquet de son cartable et le lui remet. Aïda pleure de joie. Malgré tout, il ne l’a pas oubliée. Il tient toujours autant à elle…

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  24. Artisans de l'ombre Dit :

    Le serment 22e partie
    Par : Katia Adila

    - Je ne suis pas la seule à penser aux autres, remarque-t-elle en essuyant les larmes qui mouillent ses joues. Il est toujours aussi attentionné…
    Nadia sourit et la presse d’ouvrir, curieuse de connaître le contenu du paquet. Son amie s’exécute, les mains tremblantes. Le paquet contient une robe de velours, brodée de fil d’or. Il y a aussi un petit coffret qu’elle ouvre lentement, elle en sort une chaîne en or avec une pierre bleue pour pendentif.
    - Que c’est joli, dit Nadia. J’ignorais qu’il avait aussi bon goût !
    - Je l’adore…
    Elle la porte son cou, appuyant le pendentif sur son cœur. Nadia a déplié la robe d’où tombe une enveloppe où est écrit ‘omri’. Aïda la saisit et l’ouvre, impatiente de retrouver les mots, l’écho de sa voix et sa chaleur qui lui manquaient tant.
    Les larmes se mettent à couler dès les premiers mots. C’est une lettre d’amour, douloureuse à en pleurer. Il souffrait autant qu’elle et lui demandait de l’attendre. Il lui fait la promesse de venir la chercher dès qu’il aura terminé son service national. Ses parents n’ayant pas changé d’avis, il était décidé à se passer d’eux pour la demander en mariage. Si ses parents le refusaient, il proposait de partir sous d’autres cieux. Ils se marieront sans eux. Mais elle devait être patiente et l’attendre. Il était à elle et elle à lui. Seule la mort pourra les séparer…
    - Ne t’inquiète pas mon amour, murmure-t-elle, comme s’il pouvait l’entendre. Je t’attendrai…
    Nadia tente de réconforter son amie, elle sera là pour les soutenir. Durant les deux jours où Aïda est à Alger, celle-ci oublie ses parents et son prétendant. Le retour à Chlef est dur à vivre. Dès qu’elle arrive à la maison, sa famille se met à l’interroger.
    - Comment s’est passé ton rendez-vous ?
    - Qu’a dit le professeur ?
    - T’a-t-il donné un autre traitement ?
    - Es-tu complètement guérie ? À quand ton prochain rendez-vous ?
    Aïda s’efforce de répondre calmement à toutes les questions. Lorsque son père veut voir son carnet de visite, elle lui tend. Nadia a eu l’idée d’inscrire un autre rendez-vous fictif.
    - Comment se fait-il qu’il ne t’ait pas donné d’ordonnance ?
    - Je n’ai rien à prendre ces prochains mois, répond-elle. Pourquoi ?
    - Boualem aurait voulu t’accompagner. Il tient à parler au professeur qui te suit, insiste Ali.
    Aïda soupire tout en fouillant son sac à main. Elle sort son agenda et lui écrit le numéro du poste de Nadia. Elles s’étaient entendues que si on demandait après le professeur Youssef, qu’elle répondrait qu’il était en congé. Il n’existait aucun professeur de ce nom au sein de l’établissement. Aïda a comme un sourire tout en remettant le papier à son père. Elle est soulagée que leur plan fonctionne à merveille, mais elle a conscience que si sa famille découvrait le pot aux roses, elle allait le lui faire payer.
    - Je suis fatiguée, dit-elle en portant la main à la tête. Durant tout le voyage, un bébé n’a pas cessé de pleurer… J’en ai encore mal à la tête !
    - Tout ce qui compte, dit Karima, c’est que tu ailles mieux ! Cela fait des mois que tu as été opérée, et si Dieu le veut, le pire est passé ! Maintenant la vie te sourit ! Tu vas pouvoir faire tout ce que tu veux ! Tout ce que nous voulons, c’est ton bonheur !
    - Oui, je sais maman… mais je ne suis pas à l’abri…
    Son père l’interrompt d’un geste de la main.
    - Inch Allah, c’est de l’histoire ancienne, dit-il. Comme l’a si bien dit ta mère, l’avenir te sourit… Prochainement, ta future belle-famille viendra…
    Aïda sent que la situation lui échappe. Ses parents espèrent pouvoir la marier maintenant qu’elle était guérie de sa prétendue tumeur.
    - Je vais aller me reposer dans ma chambre…
    Elle prend son sac à main et tourne la tête, baissant le regard devant son père.
    - Elle a honte, remarque-t-il.
    Karima et ses filles échangent un regard. Elles savent pourquoi elle ne veut pas de ce mariage. Aïda pense à aller voir Boualem et à lui dire qu’elle ne veut pas de lui. S’il a un peu d’amour-propre, il ne pensera plus à se marier avec elle. Elle est décidée à ne pas baisser les bras et à se battre jusqu’au bout de ses rêves. Leur serment doit devenir réalité un jour. Et à tout jamais…

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  25. Artisans de l'ombre Dit :

    Le serment 23e partie
    Par : Adila KATIA

    Aïda voudrait voir Boualem, mais son cabinet est à l’autre bout de la ville. Le matin, c’est son père qui l’accompagne à l’hôpital. À midi, il vient l’emmener déjeuner. C’est aussi lui qui la ramène à la maison. En chemin, il lui propose de s’arrêter pour faire les boutiques, mais ensemble. Alors elle y renonce.
    Quand elle demande à sa mère son numéro de téléphone, celle-ci lui répond qu’elle a celui de ses parents.
    - A part leur dire que je ne veux pas d’eux dans ma vie, je n’ai rien d’autre à leur dire !
    - Ma pauvre petite, tu ne veux pas grandir, soupire Karima. Ce sont des gens très bien, peut-être même que tu ne le mérites pas !
    - Tu connais mes sentiments, dit la jeune fille, désespérée. Pourquoi tu ne m’écoutes pas ? Pourquoi tu n’en parles pas à papa ?
    - J’aurais voulu faire quelque chose pour toi, lui affirme Karima. Mais ton père ne veut rien entendre, il a donné sa parole et tu le connais, il ne reviendra jamais là-dessus ! D’ailleurs, Boualem viendra avec ses parents après-demain ! Tu auras l’occasion de voir de toi-même que c’est quelqu’un de bien !
    Aïda comprend par l’attitude ferme de sa mère qu’elle perd son temps à discuter. Ses parents allaient la mettre devant le fait accompli. Elle n’avait pas d’échappatoire ni de solution à son problème.
    Vu l’insistance de Boualem à la vouloir pour femme, elle devait lui avoir fait grande impression.
    - J’aurais aimé le voir avant, dit-elle à sa mère. Pour faire un peu mieux connaissance. Pour voir si on a les mêmes goûts…
    Elle voit sa mère sourire, comme si elle devinait ce que se tramait dans sa petite tête.
    - Il ne viendra pas avant, lui répond-elle. Je sais qu’il est très occupé et qu’il ne se libère pas avant 18h… Je voulais aussi te prévenir que demain tu ne travailleras pas ! Ton père a avisé le chef de service et il t’a accordé deux jours de repos !
    Aïda éclate d’un rire sans joie.
    - Je viens à peine de commencer à travailler que papa tente de tout contrôler… Je me serais bien passée de sa sollicitude ! Ainsi, il veut me garder enfermée jusqu’à la visite de ce charmant prétendant ! Il veut me rendre folle ou quoi ? Tu sais que je ne veux pas de lui alors… Pourquoi me torturer ?
    - Tu sais que c’est ton père qui décide… Pourquoi me faire des reproches ? Je n’y suis pour rien ! D’ailleurs, je crois qu’il fait bien en voulant te garder à la maison ! Je suis sûre que tu penses à fuguer !
    - Si Smaïl n’était pas à l’armée, tu peux être sûre que j’aurais déjà plié bagage !
    Aïda est malheureuse, elle est si peinée qu’elle s’enferme dans sa chambre. Elle ne touche plus à la nourriture et évite les regards. Elle ne veut pas discuter avec eux, même avec ses sœurs, car ce sont des discussions stériles. Karima a fini par parler à son mari du refus de leur fille de se marier. Elle ne lui a pas parlé de sa relation amoureuse, ne voulant pas le rendre suspicieux.
    S’il savait pour Smaïl, il est évident qu’il la marierait sur-le-champ de crainte d’être déshonoré.
    - Il saura la rendre heureuse… Elle finira par se rendre compte qu’elle n’aurait pu trouver meilleur mari !
    - Elle a peur de retomber malade, dit Karima. Il faut la comprendre…
    Mais Ali ne partageait pas son avis. La maladie n’aurait pas raison d’elle. Sa fille est jeune et c’est une battante. Impossible d’imaginer une fille aussi belle être emportée par la maladie. Les anges mêmes en seraient peinés.
    Une heure avant l’arrivée de la future belle-famille, il monte la voir. Il ne lui tient pas un long discours. Il lui dit juste ce qu’il attend d’elle d’une voix ferme et sans appel.
    - Ne nous fais pas honte ! Ce sont des gens très bien. Un jour, tu me remercieras de te l’avoir imposé ! Ne nous déçois pas !
    - Comme si j’avais le choix, murmure-t-elle sans le regarder. Je voudrais me préparer…
    Ali sort de la chambre et la laisse avec sa mère et ses sœurs. Même si elle n’en a pas le cœur, Aïda était contrainte de se faire belle. Karima avait loué les services d’une coiffeuse. Celle-ci l’avait coiffée et maquillée. Pour l’occasion, elle porte une robe rose en soie qui lui va à ravir. Sa mère a sorti de sa mallette plusieurs parures en or. Aïda refuse de les porter. La seule qu’elle garda à son cou est celle offerte par Smaïl. Des larmes coulent et gâchent son maquillage, exaspérant sa mère qui demande à la coiffeuse de vite lui refaire son maquillage. Aïda pense au serment fait sous un arbre, loin d’ici. Le cœur brisé, elle réalise qu’elle allait le rompre. Tout était mis en œuvre pour les séparer. Son père avait décidé du cours de son destin. Quoi qu’elle puisse faire, rien ne changera…

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  26. Artisans de l'ombre Dit :

    Le serment 24e partie
    Par : Adila KATIA

    Aïda s’approche de la fenêtre dès qu’elle entend des voitures s’arrêter devant leur villa. Elle se tient un peu en retrait, pour qu’on ne la voie pas. Apparemment, Boualem était venu avec toute sa famille. En plus de ses parents, il y avait ses frères et ses sœurs, des hommes âgés, certainement ses oncles. C’était un grand jour pour lui, elle comprend.
    Si elle n’avait pas été amoureuse de Smaïl, elle aurait certainement accepté sa demande en mariage avec joie. Elle reconnaît qu’il est beau et qu’il inspire la sympathie et la confiance. Il a un regard franc et chaleureux, et elle comprend pourquoi son père est tombé sous son charme. Pourquoi il était si sûr que Boualem ferait son bonheur…
    Ils disparaissent de sa vue. Même si la porte de sa chambre était fermée, des cris de joie, des éclats de rire et des échanges chaleureux lui parviennent. Sa sœur Maria entre en trombe et s’assure que son maquillage n’a pas coulé. Elle remet une mèche en place puis lui pince la joue, un sourire affectueux aux lèvres.
    - Il est magnifique ! Toutes les filles vont te l’envier, lui dit-elle. Tu as de la chance, tu sais !
    Aïda ne répond pas mais elle soupire tout en secouant la tête. Leur mère arrive, légèrement essoufflée.
    - Ma fille, on te demande de descendre !
    - Déjà, soupire-t-elle, alors qu’une jeune fille entre lentement dans la pièce.
    - Lila, voici ta future belle-sœur ! la présente Karima alors qu’elles s’embrassent.
    Lila la prend par le bras et elles descendent au salon. Des youyous les accueillent. Aïda grimace beaucoup plus qu’elle ne sourit. Elle se prête au rituel des embrassades avant d’aller s’asseoir. On prend de ses nouvelles.
    La sœur de Boualem se charge de faire les présentations. Aïda se contente d’hocher la tête. Quand elle croise le regard de Boualem, elle sent un froid gagner petit à petit son corps. Elle avait froid malgré cette journée d’août. Personne ne semble remarquer son léger malaise. Sauf Boualem qui se lève spontanément, pour lui demander :
    - Vous vous sentez bien ?
    - C’est… ce n’est rien, murmure-t-elle en détournant le regard, ne supportant pas celui de son père, plein de reproches et de menaces.
    - Vous en êtes sûre ?
    - Oui, dit-elle en secouant la tête.
    Avant de se rasseoir, il demande à ce qu’on lui apporte un verre d’eau et un éventail.
    - Mettez le climatiseur à fond ou ouvrez les fenêtres, leur dit-il. Elle a besoin de respirer un peu…
    Aïda se dit que cela lui passera mais elle se trompe. Elle voudrait bien remonter dans sa chambre juste pour un moment, mais au regard que lui lance son père, elle se ravise et se laisse aller dans son fauteuil. Elle est peinée de constater que sa famille ne lui fait pas confiance et que son léger malaise ne soit pas pris au sérieux. A part Boualem qui jetait des coups d’œil vers elle, parfois…
    Jamais elle ne s’est sentie aussi mal. Elle n’aspire qu’à s’étendre, à fermer les yeux. Même à dormir, rien que quelques minutes. Si elle ne craignait pas la colère de ses parents et en particulier celle de son père, elle quitterait déjà le salon et ces gens qui discutent de tout et de rien.
    Elle est contrainte de rester. Alors, elle ferme les yeux et retrouve dans sa tête le doux souvenir de son bien-aimé. C’est l’unique solution pour ne pas sentir cette sensation d’étouffement qui persiste encore. Smaïl est près d’elle, joue contre joue, main dans la main, plein de rêves dans les yeux, plein d’amour. Cet amour si fort qui les unit depuis des années. Et ce serment formulé sous cet arbre à Ben Aknoun.
    - Aïda ?
    Elle tente d’ouvrir les yeux mais elle n’y parvient pas. Elle se sent vide de toute force et elle a l’impression d’être aspirée dans un gouffre ténébreux. Ses mains s’accrochent aux bras du fauteuil. Elle a si peur qu’elle voudrait crier mais aucun son ne sort. Elle étouffe et personne ne le voit…

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  27. Artisans de l'ombre Dit :

    Le serment 25e partie
    Par : Adila KATIA

    Des youyous s’élèvent autour d’elle au point de l’assourdir. Ils l’arrachent de son malaise. Tout en battant des paupières, elle sent son cœur se serrer. Elle se rend compte que le cauchemar a duré un moment. Personne ne l’avait remarqué, tous étaient occupés à s’embrasser et se féliciter sur leur alliance. Elle ne l’avait pas rêvé puisqu’elle était éveillée.
    Elle regarde autour d’elle et assiste aux rituels des embrassades entre les beaux-parents.
    - Félicitations Aïda ! Boualem, on vous souhaite que du bonheur !
    La jeune fille fronce les sourcils en découvrant qu’elle avait arraché la chaîne offerte par Smaïl. Elle est horrifiée par ce qu’elle avait fait involontairement. Elle ne comprend pas comment cela est arrivé.
    Son air perdu n’inquiète personne. Ils sont tous occupés à choisir une date pour le mariage. Une date qui les arrange tous…
    Elle comprend qu’il n’y aura pas de fiançailles et que, dans moins d’un mois, elle se retrouvera mariée à Boualem. La sensation d’étouffement la reprend. Heureusement, la famille de ce dernier se lève pour partir.
    Aïda a le sentiment d’avoir été trahie lorsque ses parents lui disent :
    - Tu as tout juste deux semaines pour te préparer au mariage ! Pas besoin de choisir une couturière, tu te rendras dans les boutiques spécialisées dans les robes de fête et tu choisiras tout ce qu’il te plaît !
    - Et mon travail ?
    Ali secoue la tête, faisant la moue avant de répondre.
    - Ne songe surtout pas à reprendre ! Il y a beaucoup à faire et tu dois te reposer…
    - Je comptais me rendre à Alger pour effectuer des achats… Nadia voulait m’emmener dans deux boutiques qui font des merveilles ! Est-ce que…
    - Même ici les couturières font des merveilles, dit son père. Pas besoin d’aller jusqu’à Alger !
    Aïda est bien malheureuse. Elle ne se rend plus au laboratoire. Sa mère et ses sœurs préparent la maison. La jeune fille les regarde faire. Même si elle ne les aide pas, tout est prêt pour le grand jour. Aux rares sorties en ville, elle est escortée de sa mère et de sa sœur. Elle voudrait parler à Nadia mais elle n’est jamais seule. Sa mère l’a appelée pour l’inviter ainsi que sa famille. Nadia n’était pas sûre de pouvoir se libérer ce jour-là.
    Aïda en est peinée. Ainsi, le jour où elle se mariera, elle sera seule, portant du blanc alors que son âme est en deuil, à tout jamais.
    La jeune fille trouve le repos dans le sommeil et dans ses rêves éveillés. Là, elle peut rejoindre Smaïl. Ce sont les seuls moments où elle peut être en paix avec elle-même. Il fait partie d’elle. Jamais elle ne pourra vivre sans lui. Elle ne cesse de se poser des questions. Que fait-il à cet instant ? Pense-t-il à elle ? Que va-t-il croire lorsqu’il saura qu’elle va se marier ? Peut-il s’imaginer qu’elle n’est plus maîtresse de la situation ? Que d’ici demain, elle sera la femme d’un autre ?
    Elle rêve éveillée et s’attribue un pouvoir. Elle remplace Boualem par Smaïl, et alors elle retrouve le sourire. La vie est plus belle maintenant qu’ils ont un avenir commun.
    - Aïda ! Qu’est-ce que tu fais ? demande sa sœur Maria en entrant sans frapper. Toujours au lit ! Assez, cesse de rêver et rejoins-nous en bas !
    - Je ne viendrai pas…
    Aïda se retourne dans son lit, alors que sa sœur quitte la pièce en claquant la porte. Elle venait interrompre son rêve. A-t-elle seulement conscience que la vie est plus supportable lorsqu’elle s’imagine avec son bien-aimé ? Si c’était lui avec qui elle devait partager sa vie, elle ne verrait pas le jour de son mariage comme un gouffre ténébreux où elle allait se perdre.
    La porte s’ouvre à nouveau, et cette fois c’est sa mère qui était montée.
    - Si tu ne te prépares pas, j’ignore ce que fera ton père ! C’est ta fête, ne la gâche pas !

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  28. Artisans de l'ombre Dit :

    Le serment 26e partie
    Par : Adila KATIA

    Très tôt, une coiffeuse vient s’occuper de ses cheveux. Après plus d’une heure, Aïda se retrouve avec un chignon fleuri sur la tête. C’est aussi la coiffeuse qui la maquille. Elle l’aide à mettre la robe blanche vaporeuse que ses sœurs ont portée à leur mariage.
    Karima est toute émue en la voyant.
    - Tu es magnifique… Tu es si belle dans cette robe…
    Aïda ne répond pas. Elle n’a aucun sourire, pas une seule fois. Sa mère pleure et quitte la chambre. Sa sœur Maria lui reproche son silence.
    - Jusqu’à quand tu vas bouder ?
    La jeune fille hausse les épaules.
    - Arrête de rêver !
    - Ce jour-là, ce sera la fin…
    - Grandis ! La vie n’est pas un feuilleton à l’eau de rose, insiste Maria. Tu as la chance d’avoir une vie de rêve… Pourquoi vouloir tout voir en noir ?
    - Si tu ne me laisses pas tranquille, je vais…
    Aïda ne finit pas sa phrase, laissant planer une menace dans l’air. Sa sœur sort, exaspérée. On la laisse tranquille pendant un moment. Vers 11h, un joyeux cortège arrive, accompagné d’une troupe de zornadjia et de tbabla, tous installés à l’arrière d’une camionnette d’où ils descendent dès qu’ils arrivent devant la maison. Les femmes lancent des youyous si aigus que Aïda a l’impression qu’ils transpercent ses tympans.
    Elle a l’impression d’être spectatrice, elle se voit toute triste, alors qu’ils sont tous heureux. Boualem, lui, est tout sourire et il est bien beau dans un beau costume noir, un burnous sur les épaules. Des jeunes dansent, heureux de l’ambiance mise par la troupe de zornadjia. Boualem accepte de danser avec eux, puis sa sœur le tire par le bras, lui rappelant qu’il était attendu.
    Toute la famille le suit à l’intérieur. Boualem et sa mère montent au premier. Ils entrent dans la chambre où Maria ajustait le voile sur le visage de sa sœur. Boualem attend qu’elle ait fini, pour prendre Aïda par le bras puis ils descendent les escaliers. Sa main est chaude et son regard affectueux.
    - Tu te fais des soucis pour rien, lui dit-il à l’oreille. Je te promets de tout faire pour te rendre heureuse !
    La jeune fille baisse la tête et laisse couler des larmes. Les invités sont émus. Tous attribuent sa tristesse et ses larmes au fait qu’elle quitte sa famille. La troupe de zornadjia continuait à jouer des rythmes entraînants. Aïda était assourdie. Elle n’entend rien de ce qui se disait.
    Déjà, on l’aidait à s’installer à l’arrière de la voiture, joliment décorée d’un cœur fleuri sur le capot, et de dentelles blanches aux poignées des portières. Boualem prend place près d’elle. Il voit les larmes qui se rejoignent sous son menton. Le marié sort un mouchoir de sa poche et le lui tend. Il aurait voulu essuyer ses larmes mais elle avait eu un geste de recul, comme si elle avait deviné.
    - Cesse de pleurer, la prie-t-il. Je vais finir par croire que je suis un monstre…
    - Non, murmure-t-elle sans le regarder. C’est que…
    Ce qu’elle n’osait pas lui dire, c’est qu’elle allait partager sa vie alors que tout son cœur aspirait à être avec Smaïl.
    Aïda ferme les yeux et se rappelle ces quatre années de bonheur qui avaient vite filé à son goût. Elle se rappelle la douceur de ses baisers, les grains de beauté qu’il avait sur le cou et le torse. Elle pourrait les situer, les yeux fermés.
    Elle a dans le cœur de si doux souvenirs qu’elle sourit tout en serrant dans sa main le pendentif qu’il lui avait offert. En cet instant, elle est avec lui. Ils se marient aujourd’hui. Ils sont dans la voiture et iront dans leur maison, celle qu’ils avaient construite ensemble. C’était elle qui avait aménagé le jardin où ils resteraient, les nuits d’été, à respirer les douces senteurs des fleurs qu’ils auraient plantées. C’était dans ce jardin que leurs enfants joueraient et courraient, riant à en pleurer tant ils sont heureux. C’est dans ce lieu paradisiaque qu’ils recevront leurs familles et les amis pour de longs moments de détente.
    Aïda imagine qu’ils ont installé une grande balançoire où il la pousserait comme une enfant. Le bonheur réside dans le fait d’être ensemble.
    La voiture démarre, la troupe de zornadjia les suit de près. Elle ne veut pas ouvrir les yeux et quitter Smaïl. Elle est si heureuse qu’elle se laisse aller contre son épaule.
    Boualem pense qu’elle se repose sur son épaule et il en est heureux. Pendant un bon moment, ils sont ainsi, Aïda appuyée à lui et lui n’osant pas bouger, heureux de ce subit rapprochement.
    - On arrive, lui dit-il en voyant qu’ils arrivent bientôt à destination. 
    Mais Aïda ne bouge pas.
    - Fini la pause, plaisante-t-il en lui touchant la joue et il est surpris qu’elle ne bouge toujours pas. Il lui soulève le menton, et quand il voit ses yeux éteints et le sourire sur ses lèvres, il s’écrie : Oh non…
    Il vient de se rendre compte qu’elle ne respire plus…

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  29. Artisans de l'ombre Dit :

    Mercredi, 19 Septembre 2012 09:50
    Le serment 27e partie
    Par : Adila KATIA

    - Khali, qu’est-ce qui se passe ?
    Boualem avait crié, il n’en revenait pas. Il l’avait cru en train de se reposer sur son épaule, alors qu’elle était peut-être victime d’un nouveau malaise. Qu’est-ce qu’il lui avait pris de prendre son rêve pour une réalité ? Il se fait un tas de reproches…
    Il demande au chauffeur de prendre la direction de l’hôpital. Il doit l’emmener aux urgences, sans perdre de temps. Tout en gardant Aïda contre lui, il baisse la vitre et fait signe à ses parents de les suivre. Ces derniers tout comme les parents de Aïda ne comprennent pas ce qui se passe. Ils pensent que les mariés veulent faire un tour en ville, prennent une autre destination.
    Mais la voiture des mariés filait trop vite, prenant le risque de dépasser d’autres voitures comme s’il y avait une urgence. Ali doit accélérer pour le rattraper. Karima commence à se poser des questions. Depuis un moment, elle a un pressentiment qui n’annonce rien de bon.
    - C’est Aïda… Quelque chose lui est arrivé ! s’écrie-t-elle. Vite !
    - Non, tu te fais des idées ! Elle allait bien ce matin, répond Ali. Peut-être qu’il vient de céder à son premier caprice ?
    - Elle ne le ferait pas maintenant ! dit Karima, le cœur serré d’angoisse. Dépêche-toi…
    Elle ne peut s’empêcher de crier lorsqu’elle voit la voiture des mariés se diriger vers l’hôpital. Son cœur ne s’est pas trompé, il est arrivé quelque chose à sa fille. Ils ne tardent pas à arriver derrière eux, aux urgences. Elle descend de la voiture qui ne s’est pas encore arrêté. Elle court vers Boualem, ce dernier est encore sous le choc. Il ne comprend toujours pas comment cela a pu arriver en sa présence. Il a effectué les premiers gestes qui devaient la sauver, il l’avait étendue à l’arrière et il lui avait fait un massage cardiaque et le bouche à bouche, refusant de baisser les bras, jusqu’à leur arrivée aux urgences…
    - Elle avait posé la tête sur mon épaule… Je croyais qu’elle se reposait ! Imbécile que je suis ! Je ne me suis même pas rendu compte qu’elle ne bougeait plus…
    - Ma pauvre petite !
    - Est-ce qu’elle a déjà eu ce genre de malaise ? demande Boualem alors qu’il se dirige vers le bloc des urgences où un infirmier les empêche d’entrer.
    - Je ne sais pas, sanglote Karima.
    Ils sont ensuite rejoints par la famille et les amis. Le hall ne les contient pas tous. Des agents de sécurité leur demandent de sortir, de permettre l’accès aux urgences. Ils comprennent leur inquiétude et compatissent à leur douleur, en un si beau jour. Un jour qui aurait dû être le plus beau de leur vie…
    Des agents de sécurité laissent les familles des mariés attendre. Un médecin ne tarde pas sortir du bloc. A son regard fuyant, Boualem devine qu’ils n’ont rien pu faire, que c’était trop tard.
    Karima va vers lui, devançant les autres.
    - Comment va ma fille ?
    Le médecin secoue la tête, désolé. Il a un geste d’impuissance.
    - C’était trop tard, dit-il en la prenant par le bras. Nous avons tout fait… Allah ghaleb…
    - Non, ce n’est pas possible, elle ne peut pas mourir ! Elle n’est pas morte ! Essayez encore de la réanimer !
    - Je suis désolé…
    Il s’efface pour la laisser passer et voir d’elle-même. Il s’éloigne un peu, pour ne pas entendre ces cris de douleur et de peine. De proches parents et amis viennent lui demander ce qu’elle avait.
    - Elle est morte d’une crise cardiaque… Mes sincères condoléances…
    Tous ceux qui sont présents sont sous le choc. La nouvelle se répand comme une traînée de poudre. On n’y croit pas tout de suite. Mourir le jour de son mariage est dramatique pour la famille de la défunte, comment vont-ils vivre après cette terrible perte ?
    Après avoir réglé les formalités administratives, la famille récupère le corps de la défunte mariée. La veillée funèbre réunira tous les habitants de la ville, très touchés par sa mort.
    Ils se rappellent son sourire, sa beauté angélique et sa gentillesse. Il leur était difficile de croire que la mort ait choisi le jour de son mariage pour l’emporter, privant ainsi tous ceux qui l’aimaient de sa présence.
    Karima appelle son amie Nadia, et lorsqu’elle lui annonce sa mort, celle-ci n’y croit pas.
    Elle pense avoir mal entendu…

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  30. Artisans de l'ombre Dit :

    Le serment 28e partie et fin
    Par : Adila KATIA

    Pourtant, c’est la vérité. Aïda est bel et bien décédée. Nadia et ses parents arrivent à l’aube. Ils trouvent la maison illuminée, de nombreuses voitures étaient garées et des gens assistaient à la veillée funèbre. Un magnétophone diffusait des chants religieux.
    La famille de Aïda les accueille les yeux rouges à force d’avoir pleuré. Nadia n’arrive toujours pas à s’y faire. Mais quand elle voit son amie dans le linceul blanc, au milieu du salon, entourée de toute la famille et amies qui la pleuraient, elle manque de s’évanouir. Soutenue par sa mère, elle va près d’elle et la pleure.
    - Prie pour elle, pour qu’elle repose au Paradis… Regarde la… On dirait qu’elle dort paisiblement…
    En effet, tous et toutes sont surpris par sa beauté rayonnante et le sourire qui détend son visage depuis la veille. Aïda semble heureuse dans son sommeil éternel.
    Karima les rejoint, prenant la main de Nadia, l’amie intime de sa fille.
    - Elle était dans la voiture quand c’est arrivé, lui raconte-t-elle. Quand on les a rejoints à l’hôpital, c’était déjà trop tard… Elle nous a quittés le jour de son mariage…
    - Mektoub Rebbi, dit Ghania, la mère de Nadia. Nous la rejoindrons tous un jour… Nul ne peut échapper à la volonté divine !
    - Oui mais elle est si jeune… J’ai si mal au cœur que je crois que rien ne pourra apaiser ma douleur, se lamente Karima. On ne l’écoutait plus…
    - Prie pour son repos ! Son heure était arrivée, dit Ghania.
    - Je pense qu’on est responsable de…
    - Non, non, insiste Ghania. N’oublie pas que Dieu donne et reprend ce qu’Il lui appartient… Nous Lui retournerons tous ! Garde la foi ! Mektoub Rebbi ya Karima…
    Celle-ci ouvre la main et leur montre la chaîne en or avec un pendentif.
    - Khalti, où l’avez-vous trouvé ? demande-t-elle en la prenant dans ses mains.
    Nadia a reconnu le cadeau offert par Smaïl. Elle pense à la peine qu’il aura en apprenant la disparition de sa bien-aimée.
    - Elle la tenait dans sa main, murmure Karima avant de lui demander. C’était lui… n’est-ce pas ?
    Nadia hoche la tête et pleure à chaudes larmes. La mort était venue délivrer son amie qui ne voulait pas briser son serment. Elle est morte bien avant de parvenir à sa nouvelle demeure, bien avant d’appartenir à un autre que Smaïl. Depuis toujours, ils avaient dit que seule la mort pourra les séparer et c’est ce qui est arrivé.
    Nadia et ses parents ne tardent pas à Chlef. Après l’enterrement, ils rentrent à Alger. Nadia est inconsolable. Elle n’arrive toujours pas à se remettre de la perte de son amie.
    Un jour, elle reçoit un appel de Smaïl. Il est en permission et se trouve à Alger. Il voudrait la voir et elle lui fixe rendez-vous non loin de son lieu de travail, à midi.
    Après avoir raccroché, elle se demande ce qu’elle lui dira, comment elle lui apprendra la mort de sa dulcinée.
    Le lendemain, ils se retrouvent et vont dans une pizzéria. Il est heureux de la voir.
    - Comment vas-tu ?
    - Hamdoullah et toi ?
    - Merci, je vais bien…
    Un serveur vient prendre leurs commandes mais elle ne veut rien. Smaïl est déçu. Il remarque que Nadia ne le regarde pas dans les yeux. Elle sait qu’il ne touchera pas à sa pizza quand il saura. Elle n’ose pas lui apprendre la nouvelle. Elle attend qu’il lui demande des nouvelles de Aïda mais même ainsi, elle n’a pas le courage de lui dire.
    - Qu’as-tu Nadia ? Qu’est-ce que tu me caches ? Pourquoi ce silence ? S’est-elle mariée ?
    - C’est presque arrivé, répond-elle lentement. Ils l’ont forcée mais elle est… partie…
    Smaïl est soulagé. Il pense déjà la rejoindre.
    - Où est-elle allée ? Où se trouve-t-elle maintenant ?
    - Sache… qu’elle est en paix, lui dit-elle. Sa famille ne peut plus la forcer… Smaïl, il faut que tu saches qu’elle t’a aimé jusqu’à son dernier souffle…
    Le jeune homme sursaute comme si elle l’avait giflé.
    - Tu dis… Non, ce n’est pas possible…
    Nadia pleure. Elle sort de son sac le cadeau qu’il lui avait offert et le lui remet. Il pleure lui aussi et il sort de la pizzéria où il étouffe.
    Nadia le rejoint et tente de le réconforter.
    - Elle n’a pas rompu son serment, elle t’aimait…
    - Moi aussi, je ne le briserai pas, même si elle n’est plus de ce monde !
    Nadia se demande s’il allait tenir parole ou tout oublier avec le temps. Mais le jeune homme avait juré et il allait tenir parole. Il s’est engagé dans l’armée et ne s’est jamais réconcilié avec sa famille.
    Quinze années ont passé depuis. Il est toujours fidèle aux doux souvenirs de sa défunte bien-aimée. Des souvenirs qu’il chérit au fond de son cœur en attendant de la rejoindre…

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