La nouvelle de Adila Katia
Mardi, 30 Octobre 2012
À CELLES QUI SOUFFRENT EN SILENCE…
On a beau être au début de l’automne, les journées sont toujours aussi chaudes. Tout comme la saison, les fêtes ne veulent pas finir. Il ne se passe pas une semaine sans qu’un mariage ou une circoncision soient célébrés. Du jamais vu dans la région, les fêtes sont aussi programmées en milieu de semaine.
Personne ne les rate. Certaines fêtes ont été animées par des disc-jockeys, à la joie des plus jeunes. Les vieux préfèrent assister à celles animées par des troubadours. Ils retrouvent avec joie et beaucoup de nostalgie de doux souvenirs liés à leur jeunesse passée.
Ces souvenirs ont un visage qui leur rappelle leur premier amour. Malgré le temps passé, ils n’ont rien oublié. Hadja Taos fait partie des nostalgiques et se rappelle non sans un pincement au cœur, tout en regardant les jeunes se défouler sur la piste aménagée pour l’occasion, avoir fait comme eux. Son défunt ne lui avait jamais rien refusé, il n’avait qu’elle, il l’adorait. Du temps de sa jeunesse, les filles de son âge ont été nombreuses à l’envier et à être jalouse de sa liberté.
Hadja Taos se souvient avoir dansé avec tous les jeunes de son âge. Elle a de nouveau un pincement au cœur. Il ne reste plus beaucoup de cavaliers de sa jeunesse. Certains sont décédés, d’autres sont cloués au lit par la maladie ou par la vieillesse. Même son mari Mokrane l’a quittée, il y a quelques années. Ils n’ont pas eu d’enfants, à leur grand regret. Elle sait qui d’eux a été stérile et malgré sa frustration, elle n’a jamais songé à le quitter. Elle aurait pu pour plusieurs raisons. Elle a toujours eu envie d’avoir des enfants car elle adore leur présence joyeuse et bruyante. Elle aurait pu se remarier, les prétendants n’ont jamais manqué même en la sachant mariée.
Elle a été l’objet de convoitises durant des années. Tous ont tenté leur chance, certains lui ont promis de l’emmener en France, d’autres de faire d’elle une reine et de mettre à sa disposition gouvernante et chauffeur car ils étaient fortunés.
Hadja Taos reconnaît avoir été tentée. Non pas qu’elle n’a plus aimé son mari Mokrane. Il est devenu insupportable pendant quelques mois. Il lui a fait de terribles scènes de jalousie. Au fil du temps, elle a embelli et a continué à susciter l’admiration et le respect de tous ceux qui la connaissaient. Même les femmes d’un âge mûr, la voulaient alors pour belle-fille. L’information était parvenue aux oreilles de son mari qui avait fini par perdre confiance en elle. Il ne pouvait même plus se fier aux femmes. La peur de la voir partir et se remarier l’avait poussé à lui interdire de sortir et même de recevoir de la visite en son absence.
Heureusement pour elle, cet enfer n’aura duré que quelques mois. Elle reconnaît que le malheur des uns fait le bonheur des autres.
Il était arrivé un grave accident de la circulation, en 1964, à quelques kilomètres de leur village. Un camion avait heurté de plein fouet un car transportant des voyageurs. Certains s’en étaient sorti avec des blessures légères, d’autres n’auront pas cette chance. En particulier, une famille. Les parents y laisseront leur vie. Hadja Taos y avait vu un signe du destin en apprenant que les enfants étaient sains et saufs.
L’enquête faite par l’assistante sociale durant les semaines suivantes révèlera qu’ils n’avaient plus de proches parents. Hadja Taos en avait profité pour prier son mari de faire une demande d’adoption. Les enfants en attendant la conclusion de l’enquête, étaient restés avec eux. L’assistante sociale qui leur avait souvent rendu visite, avait noté combien les enfants semblaient s’être remis du tragique accident où ils avaient perdu leurs parents. Ils se portaient à merveille. Comment ne pas en tenir compte quand ce qui importait pour tous était le bonheur des enfants ? Et c’était pourquoi elle n’avait pu qu’être d’accord pour leur confier la garde.
Hadja Taos n’a pas oublié ce jour où elle vit sa famille s’agrandir d’un coup de trois enfants. L’aînée, Hanane, avait alors huit ans et les faux jumeaux, Abdelkrim et Abdenour avaient tout juste quatre ans. Si l’aînée n’avait rien oublié de ses origines, les garçons n’avaient plus aucun souvenir d’avant leur arrivée, dans leur vie. Hanane leur était reconnaissante de les voir adoptés et d’être aux petits soins pour eux. Ils étaient alors enfants, ils ne pouvaient pas savoir que leur présence leur apportait le bonheur mais surtout la paix était revenue dans son foyer. Son mari lui avait fait de nouveau confiance car elle était toute à lui et à leur famille. Dieu lui avait accordé ce qu’elle avait toujours voulu. Comment ne pas en prendre soin ? Elle n’était pas ingrate. Chaque jour, elle lui témoignait sa reconnaissance.
Elle n’avait en fait qu’un seul regret, elle trouvait que le temps passait trop vite.
9 novembre 2012 à 9:22
“Le poids des tabous…” 2e partie
Par : Adila KATIA
Résumé : Hadja Taos se rappelle avec un pincement au cœur sa jeunesse. Belle et ayant un mari aimant, elle aurait pu être la plus heureuse des femmes, mais elle n’avait pas d’enfants. Mais elle finira par en adopter trois. C’est le bonheur pour toute la famille. Elle est reconnaissante envers Dieu. Il lui a accordé ce qu’elle a toujours voulu…
Hadja Taos ne se rappelle pas avoir vu le temps passer. Les enfants avaient trop vite grandi à son goût. Hanane s’est mariée peu de temps après son échec au bac, avec un commerçant originaire de Constantine. Mais elle ne vit pas là-bas. Peu de temps après la naissance de son premier enfant, ils sont allés s’installer dans le sud de la France. A son grand regret, ils ne viennent qu’une fois par an.
Les garçons, de leur côté, n’ont pas fait d’études très poussées. Ils se sont aussi mis dans le commerce. Si Abdelkrim a choisi de vivre à Alger, son frère est resté avec eux. Si Abdenour avait voulu suivre son frère, elle n’aurait rien fait pour le retenir. Elle aurait respecté son choix. Elle aurait souffert de son départ comme elle ressent encore l’absence de Abdelkrim. Lui et Hanane lui manquent terriblement. En ayant Abdenour près d’elle, elle parvient à dépasser et à ne pas sentir le vide qu’ils ont laissé derrière eux. Dans sa vie, en particulier.
Son défunt mari leur a laissé un important héritage. Heureusement – peut-être ? Il a eu l’idée de passer voir un notaire. Le partage de la fortune accumulée au fil des années s’est fait sans querelle. Revenait de droit la villa à celui qui resterait y habiter. Elle est très spacieuse et possède deux entrées, au cas où ils auraient voulu y cohabiter. Le défunt Mokrane avait tout prévu. Le partage se serait fait en toute équité. Mais Abdelkrim a toujours eu l’intention de vivre en ville. Hadja Taos n’hésitera pas à l’aider financièrement lorsqu’il a décidé d’acheter une villa à Baïnem. Au rez-de-chaussée, il avait ouvert un restaurant et une cafétéria. Il habite au premier avec sa famille maintenant. Le temps a si vite passé que la vieille femme a eu l’impression d’avoir rêvé. Ses petits enfants sont grands.
Abdenour n’a pas tardé à fonder une famille. Il s’est marié avec Ourida, une fille du village. Elle lui a donné trois beaux garçons et une fille, belle comme une fleur, à son grand bonheur. La petite fleur, constate Hadja Taos, donne du fil à retorde à ses frères. Ces derniers trouvent qu’elle en fait trop et qu’elle pourrait être un peu plus discrète. Mais comment l’être quand on possède des cheveux roux, des tâches de rousseur et des yeux bleus, si bleus que le ciel doit souvent l’envier, se plaît à dire la grand-mère, très fière
d’elle.
La fleur s’appelle Lynda et elle vient de décrocher le bac. Ses frères y ont échoué et travaillent avec leur père. Quand ils l’ont appris, ils n’ont pas sauté de joie. Ils ne sont pas nombreux au village à avoir réussi. Loin d’être fiers d’elle, ils en sont malades de jalousie. Ils voudraient la garder à la maison, pour que personne ne parle d’elle. En plus d’être belle et intelligente, elle a la bénédiction de leurs parents pour faire ce qu’elle veut. A leur grand désespoir…
Hadja Taos se doute bien qu’ils allaient tenter de tout gâcher, en les voyant venir avec leur visage fermé par la détermination. Ils viennent d’apprendre que leurs parents allaient donner une fête pour l’occasion. Pour marquer l’événement…
- C’est quoi cette fête ? l’interrogent-ils. Ils trouvent que ce n’est pas suffisant que les gens parlent d’elle… Il faut aussi qu’ils lui donnent de l’importance et l’occasion de crâner !
- A vous entendre, je dirais que vous êtes jaloux, répond la grand-mère. Que je sache, votre sœur n’est ni une menteuse ni une voleuse qui fasse honte à sa famille !
- C’est vrai, elle n’a rien fait de tout cela mais en la laissant partir à la fac, il n’adviendra rien de bon ! insiste l’aîné, Tewfik. Tu voudrais qu’elle nous déshonore, dis grand-mère ?
- Jamais ! Mais je connais Lynda… L’éducation qu’elle a reçue nous permet de dormir tranquille, répond Hadja Taos. C’est vrai qu’elle est belle et qu’elle attire l’attention de tous ! Cela ne l’a pas empêchée d’être studieuse et sérieuse, insiste-t-elle. Avez-vous remarqué quelque chose d’anormal dans son attitude ? Si c’est non, pourquoi avoir des doutes ?
Les garçons désespèrent. Ils auraient voulu la convaincre. A leurs yeux, leur sœur trop belle ne peut être qu’une source de problèmes. Tous sont aveugles à part eux…
Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup
9 novembre 2012 à 9:23
“Le poids des tabous…”
Par : Adila KATIA
Si la fête a pu réunir toute la famille et leurs amis dans la joie et la bonne humeur, les seuls à garder une mine renfrognée sont les frères de Lynda. Ils n’apprécient pas le succès de leur sœur à sa juste valeur.
Au lieu d’en être fiers, ils en sont malades comme jamais ils ne l’ont été de toute leur vie. Hadja Taos en est peinée même si toutefois elle ne leur a fait aucune remarque. Elle craint de provoquer une querelle et qu’ils ne se donnent en spectacle devant tous. Non, elle s’efforcera de garder pour plus tard les reproches qu’elle a envie de leur crier. Elle comprend qu’ils aient peur pour elle et de la voir tomber dans les pièges de la vie. Elle est même d’accord, avec eux, sur ce point. Cependant, elle trouve qu’ils en font trop. Ils ne partagent pas la joie de leur sœur. Tous sont venus la féliciter.
Les plus jeunes, tous ceux et celles qui ont été au lycée avec elle, dansent sur des airs à la mode. Lynda rayonne de joie parmi eux.
La grand-mère la trouve belle dans sa robe rouge fendue sur les côtés. De taille moyenne, presque mince, avec des rondeurs juste là où il faut, elle doit en faire rêver plus d’un. Ici, tous, par respect, ne la draguent pas mais qu’en sera-t-il lorsqu’elle sera loin d’eux ? A la fac, ils seront nombreux à lui tourner autour et à tenter leur chance. Si elle ne garde pas la tête froide, elle tombera vite dans le piège. Elle délaissera les études et qui sait comment se passeront les choses. Hadja Taos a décidé de la mettre en garde. Elle prie du fond du cœur pour qu’elle ne les déçoive jamais. Aussi, pendant que tous s’amusent, chantent et dansent, elle en profite pour appeler son fils Abdelkrim et sa belle-fille Fella. A eux aussi, le succès de Lynda ne leur a pas échappé. Ils partagent sa joie.
Ils le trouvent normal. C’est une jeune fille, pleine de vie et qui a tout pour plaire. Hadja Taos ne le sait que trop. Seulement, si elle tient à profiter du bruit pour discuter tranquillement avec eux, c’est pour leur demander une faveur.
- Est-ce que Lynda pourra vivre chez vous au lieu d’être à la cité de jeunes filles ?leur demande-t-elle. Je me ferais moins de soucis en la sachant chez vous, insiste-t-elle. Je ne vous ai jamais rien demandé ces vingt dernières années … Si maintenant je le fais, c’est parce que vous êtes sa famille … Il n’y a que vous qui puissiez prendre soin d’elle !
- Tu te fais du souci pour rien, la rassure son fils. Elles sont nombreuses à vivre à la cité ! Mais si cela peut te tranquilliser, elle est la bienvenue !
- Jure-moi de garder un œil sur elle, insiste-t-elle. L’inquiétude des garçons m’a gagnée, remarque-t-elle tout en regardant vers sa petite-fille. J’espère que je me trompe !
- Vraiment tu te fais du souci pour rien ! lui dit sa belle-fille. Tu ne devrais pas !lui reproche-t-elle. Comme tu viens de le dire, nous sommes sa famille, elle restera chez nous !
Hadja Taos les remercie et les embrasse avant d’aller vers d’autres invités, pour savoir comment ils trouvent la fête.
- On est heureux pour elle ! Elle mérite de réussir, lui dit-on à plusieurs reprises. Elle est unique en tout !
Elle ne le sait que trop. La fête dure jusqu’au milieu de la nuit. Elle a beau être fatiguée et avoir mal à la tête, elle reste, attendant que tous les invités soient partis, pour se retirer dans sa chambre. Comme d’habitude, sa famille l’y rejoint. Lynda ne tient toujours pas en place. Elle apporte les cadeaux qu’on lui a offerts, pour les montrer. Ses frères qui viennent d’entrer échangent un regard, en la trouvant et sortent. Ses fils ne tardent pas. Ils semblent n’avoir rien remarqué. Une fois seule avec sa petite fille, Hadja Taos lui confie ses peurs.
- Tu es jeune et belle … Les compliments des étudiants risquent de te faire tourner la tête ! Je le comprendrais … Seulement, tes frères ne te le pardonneront pas … Il faut que tu te mettes en tête qu’à la moindre erreur, tu payeras le prix fort !
Lynda en rit. Elle ne semble pas avoir pris conscience du danger qu’elle courait si par malheur elle fait le moindre faux pas !
_Ils se sentent diminués, lui répond-elle. Comment pourraient-ils digérer ma réussite alors ils ne me pardonnent pas d’avoir réussi là où ils ont échoué ! Tu comprends, moi, j’ai vu clair en eux ! Dommage pour eux, ils auraient pu s’amuser ! Cela ne leur aurait pas fait de mal de rire un peu !
_ Et moi, je te préviens que tu risques gros si tu fais la moindre erreur, l’avertit-elle. M’as-tu seulement écoutée ?
Lynda hausse une épaule indifférente. Elle met sa grand-mère en colère, ne semblant pas comprendre pourquoi ces avertissements, maintenant. Où est le danger ?
Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup
9 novembre 2012 à 9:23
Dimanche, 04 Novembre 2012 09:50
“Le poids des tabous…” 4e partie
Par : Adila KATIA
Durant les quelques semaines qui restent avant le départ de sa petite fille à Baïnem, Hadja Taos en profite pour discuter avec elle. Elle tient à la mettre en garde.
Lynda l’écoute parfois sans faire un seul commentaire. Et il lui arrivera de s’emporter à deux reprises. Elle ne supporte pas qu’on ne lui fasse pas confiance.
Elle a bien senti que sa grand-mère se fait du souci pour elle. Pourtant, elle n’a jamais connu d’histoire d’amour, même si les soupirants n’ont jamais manqué. Elle ne comprend pas l’inquiétude de sa grand-mère. Celle-ci sait qu’elle a mis la pression sur Lynda mais elle ne peut pas s’empêcher de lui dire ce qu’elle a sur le cœur. Quand son fils Abdelkrim vient la chercher, au risque de se répéter, elle lui demande de garder un œil sur elle.
_ Elle est jeune ! Je ne voudrais pas qu’il lui arrive malheur ! Je ne le supporterai pas…
_ Ne t’en fais pas maman, répond-il. Il ne lui arrivera rien de mon vivant … Elle va vivre sous ma protection !
- Je ne doute pas de toi, mon fils. Mais il faudra que tu sois sévère avec elle, lui recommande-t-elle. Elle a l’habitude de n’en faire qu’à sa tête … Ici, personne n’a osé l’approcher. Personne ne pouvait abuser d’elle. Elle est jeune et naïve. Et surtout inconsciente. Elle va continuer à faire confiance aux autres et à ne leur attribuer que de bonnes intentions. C’est ce qui la perdra s’il n’y a pas quelqu’un pour la protéger, insiste la grand-mère qui ne se souvient pas avoir autant craint l’avenir depuis longtemps.
_ Je te comprends, la rassure Abdelkrim. Je la surveillerai et je te promets d’en prendre soin !
_ Mon fils chéri, ma bénédiction t’accompagne …
Elle le serre très fort dans ses bras. Elle a des larmes aux yeux et se détourne vite, pour qu’il ne les voie pas. Elle va dans la chambre de Lynda. Celle-ci finit de se préparer. Elle n’arrive pas à se décider.
- Le vert ou le bleu, lui demande-t-elle en lui montrant les fards à paupières. C’est la première fois que j’en mets … Je ne sais pas quelle couleur choisir !
- Tu es plus belle naturelle, lui dit Hadja Taos. Tu n’as pas besoin de maquillage pour l’être …
Mais Lynda ne prête pas attention à ce qu’elle vient de lui dire. Elle choisit le bleu et applique soigneusement le fard, sous le regard déçu de sa grand-mère. Cette dernière secoue la tête et soupire profondément. Le soupir ne lui échappe pas. Comme la fois précédente, elle s’énerve. Elle ne supporte plus que ses paroles ou ses gestes soient critiqués.
_ Tu as pris le parti des garçons, lâche-t-elle. Je n’aurais jamais cru que tu puisses ne plus m’aimer !
_ Tu te trompes, tu es toujours ma favorite … Personne ne peut prendre ta place dans mon cœur … Même quand tu seras à Alger, je ne cesserai de penser à toi … Il est vrai, reconnaît Hadja Taos, que j’en ai peut être trop dit … Seulement, c’est par amour. J’ai tellement peur pour toi que je vois le mal partout … Si je pouvais encore marcher et rester debout longtemps, je te jure que je ne te laisserais pas seule là-bas, je t’aurais accompagnée moi-même aux cours ! N’en déplaise à tes profs !
_ Heureusement que le rhumatisme ne te permet plus d’en faire qu’à ta tête … Il me rend un grand service. Il m’évite d’être ridiculisée par les peurs de ma grand-mère ! Essaie d’imaginer la scène. Je suis en cours, toi assise un peu plus loin … avec ta canne à portée de main, pour frapper les audacieux !
_ Dis plutôt les vicieux, rectifie Hadja Taos. A chaque fois que j’aurais brandi ma canne, ç’aura été pour te protéger des coups durs de la vie !
_ Tu m’en as tellement parlé que j’en suis malade d’inquiétude, lui avoue la jeune fille. A t’écouter, il ne faut faire confiance à personne !
- Dieu merci, elle n’a pas tout oublié ! s’écrie Hadja Taos en la prenant dans ses bras, pour la serrer contre son cœur. Comme tu vas me manquer !
_ Tu n’auras plus personne à crier après du matin au soir , mais je viendrais les week-ends. On aura tant de choses à se confier, grand-mère … Les week-ends ne seront pas suffisants !
_ Jure-moi que tu te confieras toujours à moi !
_ C’est juré, promet la jeune fille. Grand-mère, il m’appelle, il faut que j’y aille !
_ Bon voyage, ma fille … N’oublie pas ce que je t’ai dit, la prie-t-elle en l’accompagnant jusqu’à la voiture.
Toute la famille les attend. Tous sauf ses petits-fils. Lynda se passe de leur bénédiction pour partir. Elle a le cœur léger. La discussion qu’elle a eue avec sa grand-mère lui a fait beaucoup de bien. Elle n’aurait pas supporté de la quitter froidement. Elles se sont toujours bien entendues. Elle prie pour qu’il en soit toujours ainsi.
Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup
9 novembre 2012 à 9:24
“Le poids des tabous…” 5e partie
Par : Adila KATIA
- Ta chambre te plaît ? demande Fella, l’épouse de son oncle, alors qu’elle regarde bien autour d’elle, ayant l’impression de rêver. Si quelque chose ne te plaît pas et qui peut être changé, n’hésite pas à nous le dire ! la prie-t-elle. On se fera un plaisir de le changer !
Mais Lynda trouve la chambre à son goût. Le lit est dans le coin et le bureau placé sous la fenêtre. à cet instant-là, la lumière du soleil est éclatante. Elle ne manquera pas de chaleur aussi. Elle sait qu’il y a encore d’autres chambres inoccupées. Seulement celle-ci est ensoleillée jusqu’à la tombée de la nuit.
- Non, elle est parfaite… La garde-robe est grande, je pourrais y mettre toutes mes affaires ! Non, tout est bien… Mon linge sale, je le laverais où ? veut elle savoir.
- Tu n’auras pas à le laver, lui répond Fella. J’ai une machine à laver dont tu pourras te servir quand tu en auras besoin !
- Maman a tout sauf une machine à laver ! remarque Lynda. Dommage !
- Tu devrais dire à ton père de lui en offrir une ! Ta mère commence à être fatiguée… Tes frères sont en âge de se marier, l’un deux pourrait se mettre la corde au cou !
- Ils feront tout sauf se marier, rétorque Lynda dont le visage s’est vite fermé. Ils sont insupportables. Dis Fella, est-ce que tes fils sont aussi comme eux ?
- Dieu merci, non ! Sinon, je serais à l’asile depuis longtemps… Je dois reconnaître qu’ils n’en font qu’à leur tête, mais ils ne dépassent jamais les limites ! J’ai remarqué qu’entre toi et tes frères, le courant ne passe pas ! Pourquoi ?
- Ils sont tout simplement jaloux de mes succès… En plus d’être intelligente, je suis belle… Ils ne supportent pas que les gens ne parlent pas d’eux ! Voilà pourquoi, lui apprend la jeune fille.
Est-ce que tes fils sont aussi bêtes qu’eux ? Je ne voudrais pas avoir des problèmes !
- Je ne pense pas… Azzedine et Amine sont pris par leur travail, et d’après ce que je sais, ils savent apprécier les bonnes choses à leur juste valeur !
- Tu me rassures ! soupire Lynda qui craint vraiment que leurs relations soient tendues. Je vais les rencontrer quand ?
- Ils ne devraient pas tarder à rentrer… Viens, allons préparer le goûter !
Lynda suit sa tante Fella à la cuisine et l’aide à préparer le goûter. En un tour de main, Fella a fait des crêpes légères au chocolat. Elle invite Lynda à y goûter. Celle-ci ne refuse pas et elle ne fait pas que goûter, elle en mange deux. Lorsque deux jeunes hommes entrent sans s’annoncer, elle manque de s’étrangler, avec la dernière bouchée, surprise. Le visage cramoisi, elle garde la tête tournée pendant un moment. Elle les entend chuchoter et rire. Elle se demande bien pourquoi. Le silence qui suit l’inquiète. Curieuse, elle regarde les intrus. Ils s’efforcent à ne pas rire. Elle se tourne vers sa tante et se rend compte que celle-ci lui tend une serviette en papier, depuis un moment.
- Tu as du chocolat au menton et même sur le nez, dit l’un d’eux avant de se mettre à rire. Une gamine de deux ans aurait mangé sans se salir ! Et ça s’appelle bachelière !
- Laissez-la tranquille… Le chocolat a fondu dans les crêpes chaudes… Elle n’a pas pu s’en rendre compte, l’excuse-t-elle. Et puis, vous aussi, vous salissez vos chemises à table !
Lynda va à la salle de bains et se mord la lèvre quand elle constate qu’elle a du chocolat partout. Ils n’ont pas eu tort, une enfant aurait fait mieux qu’elle.
Elle hésite à sortir de la salle de bains. Elle ne veut pas affronter leur regard tout de suite. Il y a longtemps qu’elle ne les a pas vus, et au moment où elle ne s’y attend pas, les voilà qui entrent sans s’annoncer. Ils auraient pu frapper avant d’entrer. Elle aurait fait attention à sa propre personne. Elle n’aurait pas cédé à l’envie de goûter aux crêpes. Elle ne se serait pas ridiculisée de la sorte.
- Lynda ! Il y a un coup de fil pour toi ! lui crie sa tante depuis la cuisine. Fais vite !
La jeune fille pense tout de suite à son père. Elle ne tarde pas à sortir de la salle de bains. Ses cousins Azzedine et Amine sont en train de déguster les succulentes crêpes. Ils ont un sourire entendu entre eux. Sa tante Fella la prie de s’asseoir.
- Je croyais qu’il y avait un coup de fil, dit Lynda.
- Je m’excuse, répond la tante. Je voulais seulement que tu sortes de la salle de bains ! Les garçons tiennent à te demander pardon de t’avoir mise dans l’embarras (comme ceux-ci tardent à le faire), n’est-ce pas ? les presse-t-elle en les regardant sévèrement. Qu’est-ce que vous attendez ? Le déluge…
Les jeunes hommes se taisent, toujours souriants. Lynda comprend qu’ils ne regrettent pas. Leurs excuses sonnent faux à ses oreilles. Mais elle fait l’effort de sourire à son tour, pour ne pas inquiéter sa tante. Elle les accepte même si au fond de son cœur, elle n’est pas près de leur pardonner.
Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup
9 novembre 2012 à 9:25
“Le poids des tabous…” 6e partie
Par : Adila KATIA
Sans laisser le temps à Yacine de placer un mot, Nassim poursuit :
-Elle était si heureuse avec moi… Elle voulait divorcer et partir avec moi loin d’ici. C’est pour elle que je suis venu pardi… Tu ne l’as donc pas compris ? Je suis venu pour elle Yacine. Et elle n’est plus là !
Yacine, déjà abattu par le décès de sa femme, ne comprenait absolument rien aux remontrances de son ami. Il savait que le chagrin pouvait parfois engendrer des situations inattendues, mais à ce point il n’en revenait toujours pas.
Nassim avait raccroché. Il avait sangloté et crié à pleins poumons.
Yacine, hébété, avait gardé le combiné du téléphone dans sa main. Son ami lui avait révélé qu’il était l’amant de sa femme. Est-ce qu’il avait bien saisi ? Ou est-ce son imagination qui lui jouait des tours à un moment où ses facultés mentales s’étaient figées ?
Sara était enceinte. Elle le savait et l’avait annoncé à Nassim, plutôt qu’à lui. Est-ce possible ? Nassim disait-il la vérité ou est-ce juste un moment de détresse ? Que représentait donc Sara pour lui pour qu’il soit aussi affligé ?
Yacine se prend la tête entre les mains : cette affaire lui paraissait de plus en plus louche. Il ferait mieux de se rendre dans l’immédiat à l’hôpital pour avoir des clarifications sur les circonstances du décès de Sara. Peut-être en saura-t-il davantage sur elle.
Et si c’était la vérité ? Si ce que venait de révéler Nassim était juste ? Ils étaient amants ? Et lui ? Et lui dans toute cette affaire ?
Touché dans son amour-propre, Yacine s’habille hâtivement et se rend à l’hôpital. On avait prévenu le médecin de son arrivée, et ce dernier vint lui confirmer la nouvelle d’un air désolé :
- Nous avons tenté tout ce qui était en notre pouvoir mon ami, hélas, la médecine ne peut rien devant les coups du destin.
Yacine hoche la tête d’un air résigné :
- Oui… oui, je comprends. J’aimerais juste connaître certains détails. De quoi est-elle donc morte ?
- Justement, je voulais vous en parler. Je croyais qu’on s’était trompé dans les analyses sanguines. Je ne pouvais vous mettre au courant des résultats avant d’en savoir davantage et d’en être sûr…
Yacine lève la main d’un air suppliant :
- Docteur, je vous remercie pour votre sollicitude… Mais ma femme est décédée, et plus rien ne pourra m’affliger davantage. Alors, je suis prêt à entendre votre sentence.
-Oui. Je ne sais comment vous l’annoncer… Mais je vais vous apprendre quelque chose qui va vous surprendre : votre femme était atteinte du sida !
Yacine demeure interdit un moment, et le médecin lui tapote l’épaule :
- Désolé de vous l’annoncer ainsi… Mais je dois vous dire que c’est sa grossesse qui a précipité les choses… Votre femme était en parfaite santé, et aucun signe ne dénotait son atteinte par le VIH. Son système immunitaire s’affaiblissait de jour en jour, ce qui explique l’hémorragie et notre obligation de procéder à un avortement… Hélas ! Nous n’avons pas pu la sauver.
Le sida !
Le mot résonnait dans les oreilles de Yacine, tels des coups de marteau. Il avait l’impression que son crâne allait exploser.
Il porte la main à son front et titube. Le médecin le retient, et l’aide à s’installer sur une chaise :
-Je sais que le choc est trop violent pour vous… Mais je ne pouvais vous cacher cette vérité. Nous allons devoir vous garder vous aussi en observation afin de procéder à des analyses.
-Non… Vous ne garderez personne d’autre que moi !
La voix venait de les interrompre… Nassim tout débraillé et en sueur venait d’arriver et se dirigeait vers eux. Il avait entendu la dernière phrase du médecin et s’était empressé de s’interposer.
Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup
9 novembre 2012 à 9:26
“Le poids des tabous…” 7e partie
Par : Adila KATIA
- Je refuse à ce qu’il y ait une tension entre vous, dit Fella. Vous êtes une seule et même famille, est-ce clair ?
- Aucun problème, répondent-ils en même temps.
- Vraiment, ma tante, il ne faut pas te faire de soucis. Tout se passera bien, poursuit la jeune fille qui ne veut pas l’inquiéter.
Elle ne tient pas aussi à ce que la relation se dégrade plus. Elle retrouve dans le comportement de ses cousins des traits de caractère qui possèdent ses frères. Azzedine et Amine sont rarement venus au bled. Et pourtant ils se ressemblent. Elle n’en revient pas …
Par chance, ses cousins travaillent et ils n’ont pas à se voir toute la journée. Ils se voient au dîner, et Lynda s’efforce de ne pas gaffer devant eux. Elle n’ouvre même pas la bouche. Elle ne répond que par oui ou par non.
- Tu n’as pas d’avis à donner ? lui demande son oncle, un peu surpris par son silence et sa façon de se tenir à l’écart.
- Non.
- Et qu’as-tu fait de ta journée ? veut-il savoir.
- Je me suis inscrite… J’ai encore des papiers administratifs à remettre, répond-elle tout en remarquant l’oreille tendue de son cousin Azzedine. Comme tant de bachelières, il me reste beaucoup de choses à apprendre. Je me suis fait des copines, ajoute-t-elle. Il y a une fille du quartier avec qui j’ai l’intention d’être amie… Elle s’appelle Djamila H. Elle est en deuxième année. Elle étudie l’allemand.
- Et toi, l’anglais, se rappelle son oncle. Tu as l’intention d’être interprète ?
- Oui… Mais qui sait, peut-être que je me lancerais dans le journalisme, dit-elle. Beaucoup plus pour meubler la conversation que pour provoquer ses cousins qui se tournent d’un coup vers elle.
- Journaliste, reprend Azzedine, on n’a pas besoin d’une fille qui court après les informations durant toute la journée à travers Alger ou ailleurs. Ce n’est pas une profession pour une fille de bonne famille, poursuit-il, sans se douter qu’il allait la pousser à s’inscrire en journalisme. Tu devrais faire une licence en anglais et l’enseigner au bled ! Les profs d’anglais doivent manquer au bled !
- Je veux bien te croire, répond-elle, toute souriante. Mais des journalistes aussi ! Je pourrais toujours être correspondante ! Je parlerais dans mes articles de l’évolution des mentalités en zone rurale et en zone urbaine… Des soi-disant intellectuels qui…
Fella intervient, sentant que l’échange est devenu personnel.
Depuis l’arrivée de la jeune fille, ses fils ont changé. Eux d’ordinaire si ouverts et si tolérants l’ont surprise et maintes fois inquiétée. Ils critiquent souvent Lynda. S’il est en leur pouvoir de la renvoyer à la maison, ils n’hésiteront pas à le faire. Elle le sait. Ils le lui ont dit. Elle ne les comprend pas. Ce n’est pas dans leurs habitudes d’être désagréables et de critiquer à tout bout de champ leur cousine. Ils ne se sont pas connus avant, et pourtant ils se comportent comme s’ils ont des comptes à régler. Sinon pourquoi cette méchanceté gratuite ?
- Ça suffit, dit la mère, très peinée d’avoir à la défendre. Je ne veux plus qu’on parle à table ! Est-ce un problème d’être en bon termes avec tout le monde ? demande-t-elle.
- Aucun problème, la rassure Lynda.
- J’espère que c’est la dernière fois que j’aurais à vous le demander, insiste Fella en s’adressant à ses fils cette fois.
- On l’espère aussi !
Lynda ne tarde pas à table. Comme sa tante refuse qu’elle l’aide à laver la vaisselle, elle va dans sa chambre et prend un roman avant d’aller au salon. Elle attend un coup de fil et n’hésite pas à décrocher quand il sonne. Azzedine la rejoint vite au salon. Lui aussi attend un appel. Lynda raccroche. Ce n’est pas son amie. Encore une occasion de se quereller. Elle n’en a même pas conscience. Quand il lui barre le chemin, elle perd son calme. Elle s’est sentie agressée. Il n’a pas le droit de l’effrayer…
Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup
22 novembre 2012 à 1:40
“Le poids des tabous…” 8e partie
Par : Adila KATIA
Lynda s’adapte vite à sa nouvelle vie. Elle est heureuse et soulagée de ne plus avoir ses cousins pour l’embêter. Il est vrai que les commodités manquent. Elle partage la chambre avec cinq étudiantes. Il n’y a jamais assez d’eau pour se doucher même une fois par semaine. Elle n’a aucune intimité mais elle a la paix. C’est cela de gagné. Il n’y a personne pour l’embêter. Elle ne regrette pas d’être partie de chez son oncle, ses cousins ont été odieux avec elle. Quand elle appelle chez son oncle et qu’elle tombe sur l’un deux, elle raccroche. Elle ne veut plus leur parler. A sa grand-mère, elle n’a pas caché la cause de son départ. Elle craint qu’elle ne la tienne pour responsable.
Celle-ci a été très gentille et prévenante. Pourtant, sa grand-mère s’est renfrognée en l’écoutant. Elle n’y croit pas.
- Tu penses vraiment que mes petits-fils sont si mal élevés ? lui demande Hadja Taos. Moi, je les connais et je peux t’affirmer que Fella leur a certainement forcé la main pour qu’ils soient aussi désagréables avec toi ! Elle devait craindre que tu sympathises avec eux ! Tu es si sociale, si douce que je suis surprise que l’un d’eux ne soit pas amoureux de toi ! remarque la vieille femme. Ou peut-être que l’un deux lui a parlé de toi ? C’est fort possible !
- Grand-mère, j’ignorais que tu avais l’esprit aussi mal tourné, rétorque la jeune fille. Pourquoi en doutes-tu ? Pourquoi t’es-t-il plus facile de l’accuser que de reconnaître que tes petits-fils sont tout simplement méchants et insupportables à vivre ?
- Non ! Non… Ils sont parfaits et ils ont tant de qualités qu’il m’est impossible d’imaginer qu’ils aient pu être aussi odieux. En tout cas, puisque tu es bien à la cité, ne t’avise pas à t’attirer d’autres problèmes ! lui recommande sa grand-mère. Tu n’as personne pour te protéger… ni même pour te rappeler à l’ordre, ajoute-t-elle d’un air de regret. Promets-moi de faire attention à toi !
- C’est promis ! jure Lynda.
Comme les fois précédant son départ sur Alger, Hadja Taos lui recommande de ne pas fréquenter les garçons ni d’écouter les beaux parleurs.
- Ils t’affirmeront que tu es unique, que sans toi la vie n’a aucun attrait… Ils se serviront de mots doux qui font tourner la tête !
- Et si je tombe amoureuse ? demande Lynda, un peu inquiète, je le fuis ?
- Je ne te demande pas de le fuir, juste de rester sur tes gardes, insiste la grand-mère. Si c’est le vrai amour, il te suivra ici ! Si c’est uniquement pour abuser de toi, il ne te parlera jamais de mariage, il ne voudra jamais connaître tes frères… Ces derniers, d’ailleurs, ne feront qu’une bouchée de lui s’ils doutent de ses mauvaises intentions !
- Je veux bien te croire, dit Lynda. Mais je ne risque pas de les leur présenter avant d’être sûre et certaine qu’il s’agit du bon numéro !
- Bon ou mauvais, fait très attention à toi !
Comment être prudente quand le cœur s’emballe ? Lynda sait qu’une fois amoureuse, la vision des choses change. Saura-t-elle être prudente et rester sur ses gardes ? Elle l’ignore. Sa grand-mère est pleine de bonnes intentions. Elle la comprend. Dans sa façon d’insister, elle veut la protéger des coups durs de la vie.
Quand elle retourne à Alger, Djamila, une étudiante qui réside à Baïnem, l’invite chez elle. Elle l’apprécie beaucoup et tient à la présenter à sa famille et à ses amis. Lynda qui a l’habitude d’être le pôle d’intérêt n’est pas intimidée. Elle est à l’aise et va d’un ami à un autre. Elle fait attention auprès des garçons de son âge. Les amies sont devenues glaciales. Elle ne semble pas l’avoir remarqué. Elle est en bonne compagnie. Djamila ne la lâche pas. Les admirateurs aussi …
- Dommage que Lyès n’ait pas pu se libérer… J’aurais aimé que tu fasses sa connaissance. Il est tout le temps pris par son travail, ajoute Djamila avec un air de regret. On ne le voit qu’au dîner… C’est un phénomène !
Lynda ne pense pas avoir raté quelque chose d’important, en l’absence de son frère. Elle se dit qu’elle en aura certainement l’occasion une autre fois. Ce n’est pas la dernière fois qu’elle vient ici. Elle et Djamila s’entendent trop bien. Et puis, quand Lynda voit un beau jeune homme entrer, elle devine tout de suite qu’il s’agit de Lyès. Djamila n’a pas exagéré. Il est un phénomène à sa “façon”.
Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup
22 novembre 2012 à 1:42
“Le poids des tabous…” 9e partie
Par : Adila KATIA
Il est vraiment unique en son genre. Lynda sait que Lyès est architecte et travaille dans un bureau. Il ne s’est pas encore fait un nom mais son métier le passionne. Un jour, se dit la jeune fille, il y arrivera. Elle en est persuadée dès qu’elle l’a vu la première fois. Il est entré vers la fin de la fête, la serviette remplie de livres et de rouleaux de papier calque sous les bras. Il ne porte pas un costume, plutôt une tenue décontractée. Etant très jeune, il aurait pu passer pour un étudiant avec son jean délavé et sa chemise à rayures bleues.
Lynda ne sait pas pourquoi, mais plus elle le regarde, plus elle le trouve différent des autres. Les cousins et amis de Djamila n’existent plus. Elle ne voit que lui, et son sourire charmeur réussit à l’émouvoir. Elle rougit et serra fort son verre à deux mains pour ne pas trembler.
- Eh, Lyès ! Viens donc que je te présente à Lynda !
Djamila débarrassa son amie de son verre et l’entraîne vers lui. Ce dernier continue à sourire. Il est comme émerveillé.
- Lyès voici Lynda, l’amie dont je t’ai parlée !
- Si j’avais su qu’elle était aussi belle, répond-il, je me serais arrangé pour quitter plus tôt ! Enchanté belle Lynda ! dit-il en tendant la main vers elle.
- Enchantée, murmure-t-elle.
Lynda ne s’est jamais sentie aussi timide, aussi embarrassée de toute sa vie. Si elle a pu tenir tête à ses frères et affronter ses cousins, elle ne peut soutenir l’intensité du regard de Lyès.
- Alors, comme ça tu étudie l’anglais ! Tu aimes ?
- Oui.
Quelques amis s’approchent pour leur dire au revoir. Djamila, par politesse, les raccompagne à leur voiture. Elle les laisse seuls. Car tous partent presque en même temps. Certains profitent de ceux qui sont véhiculés pour rentrer chez eux.
Pendant ce temps, Lyès et Lynda font un peu mieux connaissance.
- Tu vis à la cité ?
- Oui.
- J’ignore pourquoi, mais il me semble t’avoir aperçue dans le quartier, dit-il. Est-ce la première fois que tu viens ici ?
- Non, pendant quelques semaines, j’ai résidé dans le quartier, lui apprend-elle, heureuse qu’il l’ait remarquée avant ce jour.
- Alors, je connais tes cousins Azzedine et Amine ! Seulement, on ne s’entend plus… Dommage ! dit Lyès. Enfin, pour toi, je ferai l’effort de me réconcilier avec eux.
- Tu as toute la vie devant toi, répond-elle, heureuse et soulagée qu’ils ne soient pas en bons termes. Il faut que j’y aille.
Lynda prend sa veste et son sac. Quand Djamila en a fini avec les invités, elle est prête à partir.
- Comment ça, tu vas rentrer à la cité ? Pourquoi ne passes-tu pas la nuit ici ? l’invite-t-elle. On aura le temps de discuter et de ranger le salon et la cuisine. Tu ne vas pas me laisser seule alors que j’ai besoin de toi !
- Une autre fois Djamila, la prie Lynda. Je t’en prie, ne me retiens pas !
- Tu sembles apeurée ! remarque l’amie en riant. Aurais-tu peur de nettoyer ?
- Cesse de blaguer ! Si… si je n’étais pas…
- Hum… Je crois avoir deviné, l’interrompt Djamila. Ton cœur fait boum boum devant mon frère ! Reconnais que c’est un charmeur de première ! Dis, où est-il ?
- Il est allé se changer, répond Lynda. J’en profite pour partir !
- Jamais ! Il est presque sept heures, lui rappelle son amie, en lui barrant le chemin. Tu ne trouveras pas de taxi. Ou serais-tu tentée de te faire agresser ? Après cette fête…
- Mais non, je ne veux pas rester… Ton frère…
Djamila fait mine d’avoir deviné.
- Tu veux qu’il te raccompagne ?
- Non ! Qu’est-ce que tu vas imaginer encore ? rétorque Lynda, gênée d’avoir à dormir chez eux.
- Je n’imagine rien. C’est une simple déduction. Si tu ne restes pas, Lyès sera forcé de t’accompagner, par mesure de sécurité… Peut-être que vous le voulez ?
Lynda posa son sac, lasse. Elle restera passer la nuit.
Elle l’aide à ranger la cuisine et le salon. Elle évite Lyès, suivant Djamila comme son ombre. Elle ne craint pas Lyès, mais uniquement les sentiments qu’il lui inspire.
Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup
22 novembre 2012 à 1:43
“Le poids des tabous…” 10e partie
Par : Adila KATIA
Lynda n’est pas près d’oublier la nuit qu’elle a passée chez son amie Djamila. Elle a beau avoir suivi Djamila à travers la maison, Lyès en a fait autant. Chaque minute passée en sa compagnie est un moment de bonheur. Comme elle n’en a jamais connu. Plus rien ne sera comme avant. Elle en a conscience et elle a peur de ce qui pourrait arriver.
Elle sent bien que Lyès est sous l’admiration. Même si elle a deviné que le sentiment est profond, elle aurait voulu être sourde à l’émoi de son cœur. Est-ce vraiment le vrai amour, celui unique de toute une vie ? Comment savoir ? Se rappelant les recommandations de sa grand-mère, elle décide de voir Djamila uniquement à l’extérieur. Elle ne veut pas prendre le risque de revoir Lyès. Elle le connaît à peine et son cœur s’emballe rien qu’en pensant à lui. En sa présence, elle devient gauche et tout ce qu’elle dit lui paraît idiot.
C’est étrange, mais depuis qu’elle connaît Lyès, elle a perdu son assurance.
Elle se surprend parfois à penser à lui, durant les cours. Son amie Djamila profite de chaque rencontre pour lui parler de son frère.
- Il demande toujours après toi, lui dit-elle. Tu lui en as mis plein les yeux !
- Non, je ne vois pas comment, répond Lynda. Je n’ai rien fait pour attirer son attention.
Ça s’est fait comme ça. Nos yeux se sont rencontrés et… il y a eu une étincelle. Le courant est vite passé.
- C’est ce qu’il affirme aussi, lui assure Djamila. D’après lui, aucune fille n’a réussi à entrer dans son cœur aussi vite ! Il pense que tu es la femme de sa vie !
- Rien ne le réprouve ! On s’est juste vus une fois. Et puis, poursuit Lynda pour se convaincre, nous avons une différence d’âge de dix ans ou plus… Moi, je suis encore jeune, je suis en première année.
- Il le sait déjà, rétorque l’amie. Pour toi, il serait prêt à attendre dix autres années ! Il t’a dans la peau, tu sais !
Chaque jour que Dieu fait, elle lui parle de lui et lui propose de le voir, après les cours.
Lynda refuse même si elle pense souvent à lui.
Djamila l’invite toujours à passer les week-ends. Lynda ne cède pas. Aussi, pour ne pas se laisser tenter, elle part voir sa famille. Elle est heureuse d’être à l’abri. En étant loin de Lyès, elle se sent forte et en paix. Malgré la sérénité qu’elle affiche, sa grand-mère Hadja Taos n’est pas dupe. Elle a deviné qu’il y a eu un fait nouveau dans sa vie. Elle connaît trop bien sa petite-fille.
- Comment est-il, l’interroge-t-elle.
- De quoi parles-tu ? rétorque Lynda, sans lever le nez de son livre.
- Celui qui te tourmente, comment est-il ? Est-il digne de toi ? demande-t-elle. Il veut que tu sois amie ou bien plus ?
- Comment pourrais-je le savoir ? réplique la jeune fille. J’ai refusé de le revoir.
C’est le frère d’une amie.
- Ah ! oui. Et elle, elle est emballée par votre histoire, veut-elle savoir.
- Je crois que oui. Elle ne cesse pas de me parler de lui, lui confie Lynda. Elle meurt d’envie que j’accepte.
- Pourquoi refuses-tu ?
- Tu m’as mise tellement de fois en garde que j’ai peur, avoue la jeune fille. J’ignore comme tu disais, s’il sera le bon et ça me fait peur ! Plus que tu ne peux l’imaginer…
- Il ne te plaît pas ?
- Si, mais… Je ne veux pas m’aventurer dans une relation où mon cœur serait brisé à jamais, soupire Lynda. Est-ce que tu comprends ?
- Oui, mais s’il te plaît, accepte de le rencontrer ! Si au bout de deux ou trois visites, il ne te parle pas de mariage, mets fin à la relation ! Mais donnez-vous une chance !
Comme toujours, Lynda suit les conseils de sa grand-mère. Elle avait soudain moins peur, comme si sa bénédiction avait chassé ses craintes.
Elle ne refuse pas de voir Lyès, à la grande joie de Djamila. Lyès commençait à désespérer.
Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup
22 novembre 2012 à 1:45
“Le poids des tabous…” 11e partie
Par : Adila KATIA
Lynda et Lyès ne s’arrêtent pas à un rendez-vous. Ils se voient chaque jour. Il vient souvent l’emmener déjeuner, sachant que la nourriture du restaurant est souvent infecte.
C’est l’occasion pour rester un long moment avec elle, pour mieux la connaître. Elle lui plaît de plus en plus.
Lynda est aussi sous le charme. Elle boit toutes ses paroles. Si, au début, elle n’a pas pu soutenir son regard, maintenant, tout ce qu’elle veut, ce sont ses yeux, pleins d’amour et de tendresse. Elle pense qu’elle ne pourra plus jamais se passer de lui.
Quand il lui parle de fiançailles, elle croit rêver. Aussi, pour en être certaine, elle lui pose des questions. Celles qui lui traversent l’esprit.
- Quand ? demande-t-elle.
- Dans les prochaines semaines. Pourquoi es-tu inquiète ?
Il y a un problème ?
- Tes parents. Tu parles de fiançailles alors que tu ignores si ta famille sera d’accord, dit-elle. Et la mienne ? As-tu pensé à la réaction de ma famille ? Crois-tu qu’il te sera facile d’arracher leur bénédiction ?
- Pourquoi feraient-ils les difficiles ? Je ne veux que ton bonheur, répond Lyès. Enfin, mon bonheur. Ils ne vont pas demander autre chose.
- Que sais-je ? Mes frères et moi, on ne se parle presque plus depuis ma réussite au bac. Le fait de me savoir à la cité au lieu de chez mon oncle n’est pas pour arranger les choses, lui confie-t-elle Quand ils sauront que je fréquente quelqu’un…
- Mais je suis sérieux avec toi ! Je te veux pour femme. Quant tu auras terminé tes études, on se mariera ! Si je tiens à ce qu’on se fiance, c’est pour ne pas avoir à se cacher, pour que les gens ne jasent pas sur toi, sur nous, lui dit Lyès.
Je ne veux pas que tu aies à souffrir de notre amour ! Tes parents seront compréhensifs, j’en suis sûr !
Lyès ne se trompe pas. Les parents de Lynda et sa grand-mère l’accueillent chaleureusement. Djamila l’a accompagnée et elle ne regrette pas d’avoir connu Lynda. Elle assiste à une belle histoire d’amour qui va se conclure par de belles fiançailles.
Les frères de Lynda sont grondés par Hadja Taos qui n’a pas supporté leur froideur. Ils ont été présents lors de la visite de Lyès, mais ils n’ont pas ouvert la bouche. Aucun mot gentil, aucune remarque, aucune question. Hadja Taos s’est voulue rassurante au départ de Lyès et de Djamila. Ils tiennent à partir avec un rendez-vous pour ramener leurs parents.
Ils feront la demande en mariage officiellement en la présence de leurs proches. Si Lyès a tenu à venir sans ses parents, c’est pour mieux préparer le terrain.
Il a craint que les frères de Lynda posent des problèmes dès qu’ils auront su le but de sa visite. Il a été surpris par leur mutisme. Doit-il craindre leur silence ou s’en réjouir ?
Lynda qui ne les connaît que trop sait que leur silence ne laisse présager rien de bon. Lyès et Djamila à peine partis, ils annoncent la couleur.
Leur grand-mère manque d’avoir une crise cardiaque. Pareils à deux policiers en train d’interroger un criminel.
- Depuis quand tu “le” fréquentes ?
- Je ne le fréquente pas, ment-elle. C’est sa sœur qui tient à ce que je me marie avec son frère…
Si c’est un bon parti, j’aurais toute la vie pour le connaître !
- C’est un bon parti, intervient Hadja Taos. Aux prochaines vacances, ils se fianceront et se marieront au moins à la mairie ! Ainsi, vous êtes rassurés, il ne pourra pas la “plaquer” sans avoir un procès !
- Nous, ce qui nous gêne, dit l’aîné, c’est qu’ils pourront se voir quand ils veulent !
Plus que jamais, Lynda a conscience que son bonheur est le dernier des soucis de ses frères et qu’ils feront tout pour qu’elle ne le vive pas. Baisser les bras n’est pas de sa nature. Depuis toujours, pour des futilités, elle leur a tenu tête alors maintenant qu’il s’agit de son bonheur, elle ne se laissera pas faire.
Sans cri, sans larme, elle atteindra son but. Ils ne semblent pas avoir conscience, mais elle est remontée contre ses frères. Plus que jamais…
Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup
22 novembre 2012 à 1:46
“Le poids des tabous…” 12e partie
Par : Adila KATIA
Lyès et Lynda ne se voient pas durant les vacances d’hiver.
Lynda trouve le temps long, et Lyès lui a terriblement manqué à tel point qu’elle a perdu l’appétit.
Tous l’ont remarqué.
Ses frères étant tout le temps grognons, Hadja Taos en a profité pour tenter de les culpabiliser.
Leur mère se tait, et quand elle ouvre la bouche c’est pour prendre le parti des garçons.
Ils n’ont pas besoin d’être défendus mais son appui n’est pas pour arranger les choses.
- A défaut de prendre le parti de Lynda, tu devrais te taire, lui dit Hadja Taos. Elle ne mange plus, elle est très mal…
Tout ça à cause d’eux. Ils lui cherchent toujours la petite bête. Tu devrais intervenir plus souvent en faveur de ta fille !
- Si elle a maigri, c’est parce qu’elle est amoureuse !
Elle doit avoir hâte de retourner à Alger, répond Ourida.
Si seulement elle résidait encore chez son oncle !
Je ne vous cacherais pas, El-Hadja, que je comprends l’inquiétude des garçons. Elle fréquente ce garçon, il est peut-être un fils de bonne famille et à vouloir se marier avec elle, ils vont trouver le temps long !
Elle a quatre années d’études à faire ! Lyès est déjà un homme, il a terminé ses études, il travaille.
Il ne lui manque qu’une compagne.
J’ai peur qu’il ne sache pas être patient !
- Tu te fais des soucis pour rien, la rassure Hadja Taos. Il m’a paru très
calme.
- Il n’allait pas te montrer son impatience…
Imagine son comportement quand ils seront seuls, insiste Ourida. Ils ont notre bénédiction, il n’y aura personne pour les surveiller.
La cité de jeunes filles ouvre jusqu’à une heure tardive…
Personne ne pourra nous dire si elle rentre ou pas !
- Tu exagères ! Comment peux-tu dire une chose pareille.
Sa famille ne va pas fermer les yeux s’ils dépassent les limites, lui rappelle la belle-mère qui a très confiance en eux.
S’ils en font trop, on le saura tôt ou tard !
- Oui mais si c’est trop tard ? réplique Ourida.
- Pourquoi penser au pire alors qu’ils sont seulement amoureux ? Peut-être qu’ils n’ont eu encore aucune idée de ce genre ? rétorque Hadja Taos, déçue par la tournure de la conversation.
On s’inquiète pour rien…
Vraiment pour rien ! On peut leur faire confiance !
La vieille grand-mère est plus que jamais inquiète. Aussi, comme chaque fois, elle décide de discuter avec Lynda. Elles ont toujours eu l’habitude de discuter à bâtons rompus.
C’est sans difficulté qu’elle aborde la question qui préoccupe sa mère. Et elle aussi, maintenant …
- Lynda, ma petite fille adorée, je me fais du souci pour toi !
- Je ne vois pas pourquoi ?
- Il faudra être très prudente. Toi et Lyès devrez vous tenir tranquilles, même après vos fiançailles !
Il faudra attendre d’être mariés pour passer à l’acte, dit Hadja Taos.
L’honneur de la famille est entre tes mains.
- Si je te comprends bien, je ne dois pas faire confiance à Lyès ? l’interroge Lynda quelque peu peinée par le manque de confiance qu’a sa grand-mère envers elle et Lyès.
- Non, en la vie, répond la vieille grand-mère.
On ne sait pas de quoi sera fait demain, alors dans trois ou quatre ans ?
La vie m’a enseigné à être prudente et patiente !
Prends exemple sur moi et tu auras tout ce que tu veux dans la vie.
Promets-moi de ne pas dépasser les limites !
- Promis.
Hadja Taos la remercie tout en la serrant contre son cœur.
Elle sait que Lynda n’oubliera pas ses conseils et sa promesse.
Cependant, elle ne peut s’empêcher de s’inquiéter quand Lynda repart sur Alger. Comme le lui a dit Ourida, ils seront libres de se voir quand ils veulent. Personne ne sera là pour lui rappeler qu’elle doit tenir sa promesse.
Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup
22 novembre 2012 à 1:46
“Le poids des tabous…” 13e partie
Par : Adila KATIA
-Tu m’as manqué mon amour.
Lynda est heureuse de découvrir Lyès à la gare routière. Il est venu l’y attendre. De joie, elle ne se retient pas d’aller se blottir dans ses bras quand il les tend à elle. Il lui a manqué plus qu’elle n’aurait cru cela possible. Jamais elle n’a pensé qu’on peut aimer aussi fort et que cela puisse lui arriver.
- Comment vas-tu, lui demande-t-elle.
- Le temps m’a semblé si long, sans toi. À chaque coin de rue, au restaurant où nous avons l’habitude de nous voir, j’espérais te voir surgir, lui dit-il, seule la nuit apaisait ma douleur. J’ai rêvé de toi, chaque nuit !
- Moi, j’avais perdu l’appétit et le sommeil, au point que cela a inquiété ma famille ! Maintenant c’est du passé !
- J’ai une surprise pour toi ! Ferme les yeux, lui dit-il en la guidant vers la sortie de la gare.
- Une surprise ? Djamila t’a accompagné ?
- C’est mieux qu’une belle-sœur ! réplique Lyès. Elle est plus serviable !
- Ne me demande pas de deviner. Je peux ouvrir les yeux ?
- Attends que je te le dise !
Lynda entend un bruit de clefs qu’on brandit. Lyès joue avec.
- Tu peux !
Lorsqu’elle ouvre les yeux, elle ne comprend pas.
- Où est la surprise ?
- Devant toi !répond Lyès en s’